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282

LIVRE QUAllANTE-QUATRIEME. •

débordcr l'ennemi, et recucillait eles informa–

tions, que la languc parléc par les Polonnis et la

moindrc clispnrition des hnbitnnts sur les routcs

lntéralcs, lui pcrmcttaicnt de se procurcr plus

fncilcrncnt.

J,c

princc Eugcnc occupait une scm–

blnblc position sur la gnuche, et marchait

a

clcux

ou trois licues de la grande routc, toujours un

pcuen avant rlu gros de l'arméc, nfinde déborrlcr

les Husscs.

11

était précédé par In ca\'nlcric du

général Grouchy.

Le quarticr générnl suivait nvec les pares d':1r–

tillcric et du génic, nvcc millc voitures d'éqni–

pagcs chargécs de vivrcs. Ces vincs

étaicnt

cJcs–

tinés

a

nourrir la gardc, que Napoléon ne voulait

pas habitucr

a

la nrnraudc, et

ii

fournir Insub–

sistancc de l'arméc clle-mcmclcjouro[1 il faudrait

se conecntrcr pour livrcr bataillc. Sauí le corps

de Davoust qui avait huit jours de rivrcs sur le

dos des soldats, et une réscrrc de trois ou quntrc

sur voiturcs, les autrcs corps dcvaicnt se nourrir

dans le pnys. On s'étnit

apcr~u,

en cfTct, que les

villngcs étaicnt moins dépourvus qu·on ne l'avait

supposé d'abord, et que sur les routcs lntérales

notammcnL ,

oU

les Husscs n'av:licnL pas cu le

tcmpsdc loutdélruirc, il rcstnit uuc asscz grande

massc de subsistanccs. C'était la rcssourcc réser–

véc au princc EugCnc sur la gauchc, au princc

Poniatowski sur la droilc.

L'ar111éc élait done débarrasséc d'unc partic

de ses eharrois. Elle ne portait en quantitc con–

sidérable que des munitions d'artilleric, et en

foil d'équi¡rnges de pont clic sélait restreintcaux

fcrs et aux outils nécessnircs pour jclcr des ponls

de chevnlcls. Sur ce platcau centl'al,

~ui

séparc

la llaltiquc de la 111cr Noirc, les ri1iercs, prcsquc

tout.cs

it

lcur nniss;rncc, étnicnt lentes et pcu

prorondcs,

d

pour les franchir,

011 11

1

avnit pas

besoin de lrainer des baleaux avcc soi. Sous le

rapport de la qunlité des hommcs, l'armcc étnit

rnmenéc

ii

ce <¡u'cllc avail complé de meillcur

dans ses rnngs. Elle avait pcrdu dcpuis Witebsk

c1wiron

'15

millc hornmes en divers comhats.

not¡¡mmcnt ¡, Smolensk et;, Valoutina; clic en

arnit bien perdu 10 millc par la marche. Elle

nvait laissé une division de la garde

a

Smolcnsk,

une division ilalicnnc, et la carnlc1·ic légCrc du

général Pajo! en obscrvation sur la routc de Wi–

tcbsk, et par loulcs ces causes elle étaiL réduilc

de

·J

75 mi lle hommcs

a

cnviron 11.5 mille. 11 est

vrai qu'on ne pouvait ricn voir de plus bcau.

Le tcmps élait d'unc ¡rnríaitc sérénilé : on rnar–

chait sur une largc et bellc route, bordéc de

plusieurs rangées de bouleaux,

u

trnvcrsderc1·1cs

plnincs, et, quoique !'esprit <les généraux rut

assombri, les soldals se laissaient guidcr super–

stilicusemcnt par l'étoilc de lcur chef. Le bruit

s'était déjit répandu qu'on allait

a

Moscou. - A

Moseou

!

eriaicnt les soldats,

a

Moscou !... et ils

suivnient Napoléon eommc aulrcíois les soldats

macédoniens suivaicut Alexandrc

ii

llabylone.

Le 28, on arriva

a

Wiasma, jolic ville asscz

pcupléc, travcrséc par une rivicrc dont les ponIs

éraient détruits. (Voir la carie n°55.)N'épargnant

pas plus les cités que les hameaux, les Husses

arnicnt mis le fcu

a

ccllc pauvrcvillcdcWiasma;

m:iis, suivnnt lcur coutume, ils l'avaicnt mis

a

1:-i

hntc et au dcrnicr momcnt. Aussi nos soldnls

parvinrcnt-ils

a

l'étcindre, et

11

sauverune partie

des maisons et des vivrcs. lis s'cmprcssCrcnt

égalcmcnt de rétablir les ponts. Les habitants

avaient lous pris la fuite, et l'on n'était rctcnu

ni pnr les égards de l'humanité, ni par ceux de

la poliliquc, dans la maniere de jouir du pays

conquis.On

s'étal.ilissait done d:ms ce qu'on avait

arraché nu fcu, comme dans un bien

a

soi, et

l'on en vivnit sans réscrvc, mCmc sans économic,

dcvnnt partir le lcn<lemain. Malhcurcuscment, si

on élllit prompt

a

se jcler au milicu des ílammes

pour arrCtcr lcur rnvngc, on parYcnait difficilc–

mcnt

h

s'cn 1·cndrc maitrc

a

cause

du

bois,

qui

est en llussic Ja maticrc de la plupart des con–

structions;

et

puis, c¡uand on avait réussi, les

soldats en roulant cuirc du pain dans les fours

1¡uc

chaquc nrnison rcnfcrmait, mcllaicnt par

1u'5ligcncc le fcu que les Husscs avaicnt mis par

c:ilcul, etqu'onaniit élcinl

par

besoin.Pourtnnt,

q11oiq11c avce peine et ¡, travcrs rnillc lrnsards,on

virail,

car !'industrie du soldat

fran~ais

égalail

soncourngc.

D'aprcs les b1·1<its recucillis 1 l'avant- gardc,

bruils vrais d'aillcurs

1

nous aurions dú rcncon–

lre1· les llusses 11 Wiasma, prcts

a

rcccvoir ecttc

terrible bataillc

a

laqucllc ils nvnicnt fini parsc

résoudf'c, et qu'ils élaient décidés

a

oeccptcr des

que le trrrain leu<' paf'ailrail farorablc, Mais les

Husscs, n·ayant pas

jug:é

cclui

de

Wiasma con–

vc1111ble, avaient reporté lcurs vucs sur cclui de

Czarcwo -Zaimitché, situé

!t

dcux journécs au

dcl11, lequcl derait opposer

a

l'assnillant de trr.s–

grnndcs diílicultés. 11 semblait que dcµuis que le

général Barelay de Tolly avait eoncédé aux pas–

sions deson armée la bataillc tant demandéc, on

íut moins impaticnt de Inlivrcr, et plus diílicilc

sur le choix du terrain, Ln multitudc, dans les

camps comme sur la place publique, est toujours

la mcmc : lni aceorder ce qu'ellc désire, est