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MO

cou. -

AOUT

·1812.

277

leurs caracteres. La bravoure éclalanlc mais i11-

considéréc de Murat , prodigua11t follcme11t sa

cavalcrie daus les 1·cco11naissanccs, mais elans les

combals la jclant sur l'cnncmi avcc un mcrveil–

lcux i1-propos, et nrnlheu1·euscmcnl ne saclrnnt

pas Ja ménagcr de maniere

a

Ja faire dLll'CI', élail

anlipalhir¡uc i1 la solide et froiele raison elu ma–

réclrnl Davoust, qui ne dépcnsait inulilcmcnt 11i

lavicni les forces deses hommcs,

nvan~ait

moins

l'iler1ue d'aulrcs, et c11 1·eva11che ne rcculailja–

mais. Quand Murat, cngagé al'ce lémérilé, de–

mandait l'infanlcrie du maréchal, celui-ci l'amc–

nait sans se faire allcndrc, tirnil d'embarras le

brillant roi de Naplcs, suns jamais vouloir lou–

lcl'ois lui conficr eles soldals ele la vie dcsquels il

élnil ava1·e.

JI

n'yavaicquequclqucs jours <¡u'ils

nm·chaicnl unscmble, et drjil il s'était élcvé cnt1·e

eux de vives allcrcalions, dans lcsqucllcs la vi–

vacilé du clicf couronné de nolrc cavalcric était

vcnue se briscr conlre la ténacilé du chef de

nolre infanlcric. A11ssi se conlredisaicnt-ils sans

ccsse daus leurs rapporls

u

l'Empereur.

J,'ennemi, dont le général Barclay de Tolly

dirigeait la rclraile, se rclirait avec ordreet fc1'–

melé, ayanl

it

sou nrriCrc-garclc une c¡uanlité

rcslreinle, mais suffisanle el bien choisie, cl'i1J–

fanlcrie légcre, d'arlillcrie et de cavalel'ie. 11

rélrogradail par échclons,

pla~ant

sur loulc po–

sition ou il pouvail arrclcr nos caYalicrsquclques

picces de ea11on attclécs el des liraillcui·s, et la

cléfcndant avcc ces rnoyens jusqu'au momcnt oú

nolre infanlericarrivait. Alors sculcmcnt il s'cn

allait en loule h:ile, se repliait dc1·ricred'aul1·cs

échclons aussi bien postés, et ne

lan~ait

enfin sa

cavaleric que dans les licux découverls, <1uand

clic avait chance de ramencr la nólrc. Rien dans

ccllc maniere d'agir

11'annon~ait

elu trouble ou

du découragemcnl, et loul rél'élail aucontraire

unerésistance qui de,

1

nit granel ir successivcmcnt,

jusqu'a devenir une bataille générale lorsque

l'cnncmi jugcrait convcnable d'en livrcr une.

Mural, n'obscrvant que trcs-supcrliciellcment ce

qui se passait dc1•anL lui, ne lcnant comptc que

de cet abandon succcssif des positions occupécs

par l'enncmi, prélenelait que les Husscs étaic11L

elémoralisés, et que, des <¡u'on pounait lcs join–

clre, on n'aurait qu'a les abordcr pour les acca–

blcr; qu'il suffisait clone de marcher vilc pour

lrouvcr sur son cbcmin l'occasion d'un ucau

lriomphc. Le maréchal Dal'ousl soulenait fortc–

ment lecontrairc, et aflirmaitqu'il n'nvnitjamais

vu une 1·ctraile micux concluitc, cL dont il fUt

moins facilc de triomphcr en galopanl su1· les

t1·accsdel'cnncmi. 11 pensait que, saus s'épuiscr

~1

couri1· ap1·Cs les Russcs, c1u'on ne réussi1·ait

pasa dcvancc1', on les rcncontrcrait bicnlól elans

une posilion ele leur cl1oix, ou ilssedéfcndruicnt

a

outrancc, el elcvanl laquclle on fcrail bien, si

011 voulait liHcr balaillc, el'arril'era\'cc dcsrorccs

sngcmcnt ménngécs. 11 Cl'oyait clone i1 une ba·

taillc prochainc, maissanglantc, et l'uncdes plus

terribles du sicclc.

JI

écrivait en ce scns

¡,

Napo–

léon plus d'unc fois par jour, et conlrcdisait

par consér1ucnt lous les rappo1·ts de Mt11•at.

Pourlant ces elcux chefs de nolrc avant-garde

élaicnt el'accorel su1· un point, c'cst r1u'on lrou–

l'Crail hic11tól une balaillesur son chcmin, faeilc

suivant !'un, diOicile suivant l'aulrc, cerlainc

suivant lous les dcux.

En approclwnt de Dol'Ogobougc, on

apcr~ut

les Husses rangés en bataillc dcrricrc une pctit.c

ril'icrc qu'on appclle rouja, et qui, aprcs avoir

t1·avc1

1

des

tc1Tai11s

plus

ou moi11s

accidcuté::,

allail se jetcr l'e1·s nolre gauclieclans le Dniépcr,

i1un licu nommé Ouswiat (\•oir la ca1'lc 11

11

55).

A lcu1·aUituclc,

a

ICUl' nombre, il leu1· vasle dé–

ploicmcnt, on elcl'ait croirc

a

une aITaire géné–

ralc. La pelilc rivicrc qu'il fallait francl1ir pour

les allcind!'c u'élait pas un obstaclc biensérieux,

mais elle avait des bords fangcux et cl'un acccs

diOicilc. Toulcfois, en remontan! un pcu sur

not.re

droilc, on a1'nit l'cspfrancc de lournc1· les

Busscs, et, si l'on a&issait de ce coté avcc eles

forces suffisantcs, il élait probable qu'on par–

Yicnelrait

n

les rcfoulc1• dans l'angle que l'Ouja

fol'mc arce le D11iépcr.

11

y al'ait done en cct

cndl'oit chance d'unc grande et décisivc rcn–

conlre, et Slll'-lc-ehamp Davoust et Mural le

rnandcrcnt i1 Napoléon, se lrouYni1t ccllc fois

sculcmcnt du mcmc avis dans le rapport qu'ils

lui acl1·cssercnt. L'arméc polonaisc, qui ma1·ehait

il

<lcux licues su1· notrc droitc, alla pl'cndl'Cpo–

sition Ycrs les sources de l'Ouja, point par lcqucl

on cspérail toul'ner l'c1rncmi. C'cst le 25 au soir

que not1·c avanl·garelc, particdeSmolcnsk le

20,

enroyace rappo1·t a Napoléon.

Ce qu'cllc avnit Cl'U apc!'cevoi!' était la véi·ité

méme. Le judicieux et intrépiclc llnrclnydeTolly,

apl'CS avoir bravé coul'agcuscmcnt les pl'opos

injurieuxdont il était l'objct, senlait sa fc1·mclé

sévanouir, surtout elcpuis la l'C[l'aitc de Smo–

lcnsk, qu'il lui av:lil fallu ordonner malgré lous

les

géné1·aux.

russcs,

cL

enpnrllculic1·malgré le

pl'inec Bagration. Le cléchaincmcnt conlre lui

était univcrscl. Les générauxcommc les l1on1111cs

politiqucs ont bcsoin de couragc civil, et doivcnt