MOSCOU. -
AOUT
1812.
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donna des ordres pour accélérer Jeu1• arrin\e.
La division polonaise Dombrowski, déiachée du
corps de Poniatowski, el placée
a
Mohilew pour
licr
la
grande arméc avcc Je corps aust.i:o-saxon
1
re~ut
unebrigade de cavalerie légcre, afin qu'elle
put étendrc sa surveillance plusau Join, et mieux
veiller sur notre nouvelle base d'opération. 11
écrivit aux maréchaux Saint-Cyr et Macdonald
qui gardaient Ja Dwina, au prince de Schwar–
zenberg qui gardait le has Dniéper, les avertit
les uns et les nutres qu'il allait se porter enavant
pour lil'l'er une bataille décisivc, etJcur rccom–
monda de bien protéger les flanes de la graudc
armée pendant qu'il cssayerait <le frapper un
coup mortelsur l'cnncmi.
11
mandaenfin a11 duc
de Dellune de se préparcr
a
''cnir 11
Wilnn,
parce que, cJ·cce point central, le 9• corps scrait
Ja ressource de celui de nos généraux qui se
serait laissé baltre sur !'une
011
!'nutre de nos
ailcs.
Ayant cxpédié sa garue Je matin mcme du 21.,
et ordonné
a
Ncy qui suivait Davoust, de se scr–
rcr sur Ja tete de l'armée,au princc Eugcnc qui
avait cheminé sur la gnuchc par Donkhowlchina.
de.sediriger sur Dorogobougc, il partil le soir
de sa personne, et marcha toute Januit du 24. au
25 aout pour arriver Je 21í avec le solcil lcvant,
et livrer peut-étrc
In
balaille, objet de ses désirs
les plus ardents.
Maisen arrivant Je25, il trouva les apparences
de eette bataille, entrevucs d'abord avcc tant de
joic,
a
peu pres évanouics, du moins pour le mo–
ment. En cffct, aprcs un premicr examen de
la
posilion, le princc Bagration qui en occupait la
parlie diflicile
a
eléfendre, puisqu'il élaiL au point
mcmc ou J'Ouja pouvait clre franchic, et ou la
gauchc des Russcs courait le risque el'étre lour–
néc, le princc llagration I'avait jugée détcsta–
ble, et avait traité d'une maniere offensanle Je
coloncl Toll, qui s'attachait
a
la justificr auprcs
de lui. Des lors la bataille avait été cncore ajour–
née par Ja volonté méme de celui qui Jadcman-
1
C'cstl'uncdes <¡ueslions l1istoriqncs qu'on s'csl lcplus
sOu\·cnt adressécs, c¡ueccllc de savoirpourquoi N;ipoléon ne
s'étaitpasot·rCtélt Smolcnsk,ct u':miilpascmployé Je reste
de 1a saison
a
ors:aniscr1aPolog
11
e, el ll p:·éparcrson poiuLJ
1~
départpourunsccond mou\•cmcntoffcnsif,qu'ílauraitcxécu1C
en
1813;
en un mot, pourquoi
il
ne s'élail pas
1·C.~igné
1t
fairc
cettcgucrrecn dcuxcampngncs,au lieudcvo11loirla foirccu
une sculc. Cctlc(jUCSlion toujours poséc 11'u jarnaís été bicn
résoluc, pa1·cequ'onn·::ivaitpas chcrché dans la co1·1·cspon·
dance Je Napoléon,dcmcttl'éc incon11uc
1
les
mo1ifs ~ui
1
jour
1iarjour, Pnn1ienlcntrainédc
Wilnaa
Witcbsk
1
de
Wilcbslc
a Srnolcnsk,
de
Smolenska DorogoLougc,dc
Dorogobou~c
11.
Moscou. Lalectureattentivc dcceltccorl'espondancc, cu1·icuse
rlait avec leplusd'ardeur. Cela éiant, Darclay de
Tolly avait pris le parti de décampcr, el. de tra–
vcrscr rapidemcnl Dorogohougc pourse rendre
a
Wiasma, Oll l'on disait que se trouvait une po–
sition bcnucoupplns ::i.vantageusc.
C'csl ainsi que l'armée russe qu'on avait crue
si elisposée 1 combaltrc, s'était lout 1 coup dé–
robée, de maniere
a
persuadcr qu'ellc n'y 'avait
jamais songé. Mais le tact de Napoléon était si
sur, le maréchal Davoustavait tant d'cxpéi-ience,
qu'il lcur était impossiblc de s'y mé¡ll'endrc, et
qu'ils rcconnurcnt parfaitcmcnt dans ces halles
suivies de'retrailes subitcs, non pas les irrésolu–
tions, mais les tittonucmcnls d'unc armée qui,
détcrminéc
a
combaltrc, chcrchait seulement le
tcrrain oii clic pourrait le fairc a1•ec le plus
d'avantagc. 11était évident qu'cn Jasuivant deux
ou trois jours encare, on Ja trouvcrait enfin dis–
poséc
a
lenir fermc, et
a
recevoir la bataille
qu'on lui avait tant de fois offcrle. Dans un tel
éiat de choscs,s'arrélcr pour eleux ou trois mar–
ches qui reslaicnt
a
fairc, ne scmblait pas une
résolution suflisammcnt motivéc, et Napoléon
ayant cléji1 franchi les trois étaprs qui séparaient
Smolcnskde Dorogobougc,n'hésita point
a
fran–
chir les trois qui séparaient Dorogobouge ele
Wiasma,oú il était probable qu'on joindrait en–
fin l'arméc russc. Seulcmcnt, eommc il n'élait
pas hommc
a
SC
trOlllJlCI'
SU!'
les COnséquences de
ses actions, il ne douta plus de ce qui allait ar–
river, c'cst-a-dirc de l'cnchaincmcnt de choscs
qui dcvail le comluire jusqu'a Mosco11
1 •
A
Wiasma il ne scrait pas cncorc
a
la moitié du
ehemin deSmolensk a Moscou, mais
il
enappro–
chcrait; il l'aurait dépasséc
a
Ghjat, el ce ne sc–
rait pos le cas, si l'on gagnait unegrandebalaillc
a
quclqucs journécs ele Moscou, de s'arréter, et
de rcnonccr
a
l'immcnsc éclat ele l'enlrée des
Fran~ais
dans ccltc vicille capitalc des czars.
Parli de Smolcnsk sans cLrc encare fixé, il se
décida définitivcmcnt
n
Dorogohougc, et le 26
il donna ses ordrcs commc il convcnait de les