284
Ll\1111'
QUillli\NTl'-QUATlllEME.
J11i fournit un cheval, el Je
fit
placer entre lui
et M. Lclorgnc d'ldcville, interprete allaché nu
r¡uarlicr général. Le Cosaquc, ignoran!
la
corn–
pngnic dans Jaquellc il se trouvait, car Ja sirn•
plicité de Napoléon n'nvait ricn qui pút révélcr
¡,
une imaginalion oricnlalc la présencc d'un
souvcrain, s'cntrctint avcc JapluscxtrCmc fomi·
Jiaritédes affoires de la gucrre aclucllc. JIraconta
tout ce qu'on disnil dans \"arméc russc des divi·
sions des généraux, prélcndit que Plntow lui·
mcme a1•ait cessé d'ctrc ami de llnrclay de Tolly,
vauta les services des Cosaques, sans lcsqucls les
Russcs, affirmnil·il, auraicnt été déjh vaincus,
assura que, sous pcu de jours , on aurait une
grande balaillc; que si elle avait licu avant lrois
jours, les
Fran~ais
la g:lgncraicnt, nrnis que si
clic étail livréc plus Lard, Dicu scul savait ce
qu'il en arriverait.
JI
njoula que les
Fran~ais
étaient eommandés,
¡,
ce qu'on rapporlait, par
un général du nom de llonaparte, qui avail
l'habitudc de batlre lous ses cnncmis, rnais qu'on
allait reccvoir d'immcnscs renforls pour lui lenii·
tele, et que eellc fois pcut·clrc il scrail rnoins
heurcux, ele... Celle convcrsalion, dans Jaquclle
se reflétaicnl de la maniere la plus nalurellc et
la plus originalc loules les idécs qui circulaient
dans rarmée russe, inléressa bcaucoup, el fil
sourire i1 plusicurs rcprises le puissanl inlerlo–
culcur du jeunc Cosaquc. Voulanl cssayer J"cfTel.
de sa préscnce sur ccl cnfnnl du Don, i'íapoléon
<lit i1 M. Lclorgncd"ldcvillc de Jui apprcndrc que
ce général Bonaparle était juslcmcnl Je pcrson·
nage aupres duque) il chcminait. Apeine l'inlcr–
prctc de Napoléon avait·il parlé,que le Cosaquc,
snisid"irnc sortc d'cbahisscmcnl
1
ne proféra plus
une pnrole, et marchn les ycux conslarnmcnt al.·
lachés sur ce eonquéranl, donl le nom al'ait pé–
nétré jusq11'i1Jui,
a
lravers les slcppcsde J'Oricnl.
Toutc snloqnacitcs'étailsubitcmcnlarrclée, pour
foirc place
:1
un scntimcnt d'admiration nn"i\'c
cL
silcncicusc. Nnpoléon, nprCs l'avoir récompcnsé,
lui
ÍIL
donncr InlilJcrté, commc
i1
un oiscauqu'on
l'Cn<I
aux champs qui J'ont vu nailre '.
1
J.'éloignf'mcnt c¡ucj'é¡woure poul'lout ccc¡ui n'c,;t
p:1s la
Yérilé rigourcusccn hisloirc, m':'.lUrail cmpCchédc r:ippo1·1c1·
cc1tc¡wécic11scanccJotc, malg1·é l'n\':tlll:lf;Cf!U'c\lc adcpcindrc
:l\'CC justcssc l'él:1lmo1·al
dcs m:isscsc1ucno11s
avionsi1com·
LrnHrc,si je n'(n•:iis l:téccl'lain 1le sonauthcnticité. Elle m'a
l!lé
racontée
il
y
n
hic11
des
a1u1Ccs pat·
íll.
I.clorgnc1l'hlc\'ille
J11i-mémc,:1\•cc lc.,. 1lél:iils r¡11cjc1!011nc, CI ccso1n•cnir, 1¡ui a
1ltlj;\
vingta11s.lcd111c,11':111..:1ilpcut-Ct1·c passuffi 1,oui·mctlé–
ridcl'i:t la 1·:ippo1·1rr, si jc ne l'riv:iis rrou\'éc 1·rpro1\ui1c tout
r11tiCrc,ctnvcc. les pluss1·Rnlles p:lrticul:i1·i1tis, da11slucor1·es–
po1HIR11Cc iutime tic M. Lclor¡:;uc1l'hh:1'illc o.1·cc
~I.
de l.lass:rno.
C'rst parM. do llrissnnor¡ur M. l.cto1·gnc
1l'lilcl'illl' :w:1il élé
L'nvanl-gnrdcs'était portée pcndant cclle jour–
née jusqu'; GhjnL, pclilc villc qui étail assczbien
pour\'UC
de rcssourccs,
surloul
en grains, cL
r¡u'on cut le lcrnps d'arrachcr aux flammcs. J,e
lcndcmnin
·l"
srplcmbrc, Jequarlicr général alla
s'y éloblir. Une pluie suhilc avait convcrli Ja
pous~iCrc
des cnmpngncs moscovitcs en une fange
épaisse, dans Jaqncllc on
cnfon~ail
profondé–
rncnt. Napoléon, épouvnnlé des perles d'hommcs
cL
de
chcvnux qu'on faisait
en
avnn~nnt,
réso–
lul de s'arrclcr 11 Ghjal deux ou trois jours. Son
inlcnlion étant désormais de suivre les Husscs
jusqu'i1Moscou, il étaiL ccrlain de les reneoulrcr,
fút-cc aux portes mémcs de ccllc capilalc, délcr–
rninés 11 Ja défcndre
a
oütrancc.
11
n'y nvait done
aucun motif de courir
¡,
perle d'hnlcinc pour les
<lcvnnccr, et il rnlnit bien micux nrrivcr plus
nombreux el moins fatigués sur le lcrrain dn
combal. En conséqucncc il prcscrivil
a
lous les
chefs de rallicr lcurs hommcs rcslés en nrricrc,
de conslalcr par des appcls rigourcux Je nombre
de cornbattanls qu'on ponrraiL mcllrc
Cll"
lignc,
de faire la rcvuc eles ai·mcs el le complc des
munilions,
de
se
pourvoir,
par le rnoycn or<li–
naire de la maraudc, de dcux
011
lrois jours de
vivrcs, de disposcr cnfin le corps el l'time des
soldats 1 la grande lullc qui se préparait. Au
surplus, cesbravcs soldatss'y allcndaicnl,d'a¡ircs
lous les rapporls des aYant·poslcs, et il n'éLail
pas bcsoin de bcaucoup d'efTorls pou1· les
y
<lis·
poscr, car ils la désiraient ardcmmcnt, el Ja con–
sidéraicnt commc dcvant Clrc le lcrmc de lcurs
fatigues, el ]'une des plus grondcs joul'llécs de
lcur gloricuse vic.
J,c rnomcnt de ccllc balaille élail nrrivé en
cfTct, el les Russcs étaicnl résolus
i1
la Jivrcr.
lls l'nuraicnt mCme livréc
ii
Czarewo-Znimilché,
si
un
nouvcnu chnngcment snrvenu
dnns
lcur
nrméc n'nvniL cnlrniné
cncorc un
relnrd
de
quel–
c¡ucs
jours.Cechnngcment nvnitsu enuse
h
Sainl.–
Pétcrsbourg, nn
sein
mCmc de In
COUl'
ele
nussic.
Alcxandrc, expulsé en quclquc sorlc de J'ar–
mée, s'élail transporté
a
Moscou pour y rcmplir
11acé commc sccrélnirc intcrprClc nuprCs
de
l'Empc1·cui·
1
el
1ouslcssoi1·s il
1•:'.lyaitsa
dc11c e11\·rrs
M.dcBassnno, t•n lui
raC'o111nnt cc <1ui s·é1aitpassC 1lans l:t journéc
1
surtoul rel:i1i–
''cmr11l
t1
lapcrsonnc1lci'fapolfon.
~l.
Lcloq;ncd'ldcrillca1•ai1
longlrmps vécu cu l·iUssic, connaissail ¡rnl'faitcmcnt ln languc
1111 pays, et pcntl:int cct1emarcl1csurMosco11 il íutconst:un–
mcnttl rhcrn\;'1 rOléllc l'Empcrc11r. 1\ussi ét:1it-il un 1lcs 1é–
moins tes plus i11tl•rcssunlsi1cnlcn<lresur ccllc campaRnC, el
~a
ron·l'spo111l:111cc ru cst-ellc un 1lcs plus
pt·éeicux
restes.
A1lrcssCc iiWilrrn, rllcncp11r1;1geapoi11tlcso1·11lcs p11picrs1lc
i"\apoléon, qui
fu1·en1
lm\lés ou
dét1·ui1s nu
11a~s11gc
de Ja
nr1·ézinn.