Table of Contents Table of Contents
Previous Page  299 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 299 / 570 Next Page
Page Background

MOSCOU. -

AílUT

1812.

28~

Je role qu'on lui avait rcpréscnté commc plus

approprié

a

sa dignité, commc plus ulilc

a

la

défcnsc de l'crnpirc, cclui d'cnthousiasmcr et de

soulcver les populations russes conlrc les Fran–

~ais.

Arrivé

a

Moscou, il

y

avait convoqué le

corpsde la noblcssc et cclui des nrnrchands, nfin

de lcur dcnrnnclcr des prcu1•cs clTicaccs de lcur

clévoucmcnt au princc et

ii

la patrie. C'cst le

golll'crncur Hoslopr.hin qui avail été chargé de

ces convocations, et il n'avait pas cu de peine

a

cnílammcr les esprits, que la préscncc de l'cn–

ncmi sur la routc de Ja capitalc rcmplissait d'unc

sortc de furcur patriotiquc. AInvuc d'Alcxandrc

vcnant réclnmer l'appui de la nation conlrc un

envahisscur étrangcr, des sanglots, des rris d'a–

mour avaicnt éclaté. Ln noblcssc avait voté la

lcvéc d'un hommc sur dix dnns ses !erres ; le

commcrcoavait rolé des subsides considérablcs,

el avccccs hommes ctccLnrgcnLonclc\

1

ail formcr

une mil ice qui,dans legouvernement de Moscou,

scrail, <lisait-on,

de

quntrc-vingl mil/e

hommcs.

Ces levées, indépendantes de ccllcs que l'empc–

reur allait ordonner dans les domaincs de la

rouronnc' clcvaicnt clre imitécs dans tous les

gouvernements que l'cnncmi n'occupait point.

Aprcs avoir reeucilli ces témoignages d'un pa–

triotisme ardcnt et sincere, Alcxandrc s'était

rcndu

h

Saint-Pétcrsbourg, pour y prcscrirc

tnutcs les mesures qu'cxigcail cellc espi:cc de

lcvée en masse, et pour présider

a

la direetion

généralc des opérations militaires. La noblcsse

rCsidanl en ce momcnt tlans la capitalc se com–

posaiL de vicux Russes que lcur :ige

for~ait

;'1

vivrc éloignés des cmnps; elle était charméc

cl":woirramené Alcxandrc nu centre ele J'cmpirc,

et de le ten ir en quclqucsortc sous sa main, loin

des fortes imprcssions d11 eharnp de bataillc, loi11

surtout des sérluetions de Napoléon, car on m1i–

gnait loujours qu'une enlrcvueaux avanl-posles

lesoir d'unc bataillc perdue, ne le fil tombcr de

nouvcau dans les licns de la politiquc de Tilsit.

MM. Araktchejcf, Armfeld , Stcin, lous les con–

scillcrs russcs ou allcmands, qui dcpuis le départ

de Wilna étaicnt allés atlcndre Alcxandrc i1

Saint-Pétcrshourg, l'cntouraicnt, le lcnaient pour

ninsi tlirc nssiégé, et n':mraicnt pas pcrmis une

résolution qui ne fiil pas conforme

n

leurs pas–

sions. lis avaicnt trouvé un rcnfort d'influcncc

dans la préscnec de lord Cathcart, legénéral

<JUÍ

avait commandé l'arméc britanniquc dcvant Co–

pcnhaguc, et qui venait rcpréscnlcr l'Anglclcl'l'c

a

Saint-Pétcrsbourg, dcpuis la paix 1lc eellr. p11is·

sanee avec la cour de Hussie.

corrsuu.r.

4.

Cctlc paixs'était conclue enun inslant. imrné–

dinlcment nprCs l'ouvcrturc des hostililés, mnis

point nvnnt, ainsi qu

1

Alcxandrc l':niait promis

:1

M. de Lauriston. Ellcs'élait négociéc entre M. dü

Suchtelen, rcprésenlantdclallussie,ct

~l.

Thnl'll–

ton, ogcnt nnglais cnvoyé en

SuCclc,

el

clic

nvnil

stipulé le eoncours de toulcs les forces des dc11'

empires pour le succcs de la nouvelle gucr1·r.

Lord Cathearl était nrrivé aussitót la paix signfr.

Le langage de eet arnbnssadeur et des conscillcrs

allemands, appuyé par le princc royal de Sucde,

consistait

a

dirc que dnns cctte gucrrc on ne

triomphcrnit que par la pcrsévérance; que sans

doule on pcrdrait des bataillcs, une, dcux, lrois

pcut-Ctrc, mais

qu

1

il

suffirail

d'cn

gngncr une

pour que les

Fran~ais

fussent détruils, avancés

comrne ils l'étaient dans l'intérieur de l'cmpirc.

Alcxandrc, qui était blessé au fond du emurdc In

maniere hautainc dont Napoléon l'avait traité

dcpuis deux nnnécs, de l'inscnsibilité visilJle

avee laqucllc ses ouvcrtures de paix avaicnt élé

aeeueillics, était déeidé, maintenant que laguerrc

élait engagéc,

h

ne pas céder, et

a

résislcr jus–

qu'h la dernii:re cxlrémité. ll avait coníianec

dans le systcmc de retraite eonlinuc, il en avnil

cornpris la po1·téc, et

il

le voulait s11ivrc, snns

tomher dans la triste inconséquencc dont ses

compatriotcs donuaicnt actucllcrnent l'cxcmplc.

En cffct, landis qu'ils se prévalaicnt tous les

j11urs rlc l'nvantagc qu'il

y

aurait pour cux

a

se

rrtirer dans les profondcurs de l'cmpire, el

h

)'

altirer les

F1·an~ais,

ils ne savnient pns foire eu

altcndnnt tous les sacrificcs que comporlait ce

gcnre de gucrrc. 11 fallait effcctivement se ré–

signcr

li

une

sortc d'humilintion passagCrc, ccllc

de rélrogrndcr sans cessc, etde plus;\ des pc1·trs

cruellcs, car ce n'étaienl pns les 111alhcu1•cuscs

villes de Srnolcnsk, de Wiasma, de Ghjat, qui

payaienl sculcs ccttc tactiquc ruinruse, e'é1aic111.

aussi les seigncnrs propriétn.ircs de ch:Hc:mx

rL

de

villngcs situés sur la routceles

Frnn~ais,

d:rns

une zone de douzc

:'1

quinzc licues de largcur.

Daus toutc cclle région, il ne rcstait que des

cendres, c:ir ce que les Frnngnis snuvaicnl de

l'inccJlllic,

ils

le

briilnicnt cnsuitc

cux·mCmes

par négligcnce; et, pnr une contrndiction

sin–

guliCrc, tandis

qu'on

:wrait

d1'1

comprcndrc In

néccssité de ces sacrifices, et approuvcr les

gé11éraux c¡ui

hnllaicnt

en

rctraitc endétruisanl.

tout sur leur chemin, on les appclait des hiehcs

ou tlcs Lr:liLrcs

f(Ui

n'osnicnt pns rcg:wder lrs

Fr:rngnis en facc, rt qui nimaicnt micux lcur

opposer des 1•1Jines quedu saug

!