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MOSCOU. -

SEl'HllDHE

1812.

280

Ccpcndant, pOLll' se portcr

1t

droilc de la Ko–

Jocza, il s'oífrait un p1·emicr obstacle, eclui d'une

redoutc plus avaneéc que les nutres, eonstruitc

sur un mamclon, el rcrs laquellc s'était repliéc

J'nrricre-garde russc. Napoléon pcnsn qu'il fallait

l'cnlcvcr sur-lc-champ, afio de poul'oir s'établir

1t

son aise dans ccttc parlic de la plainc, el

y

fairc

ses disposilions pout• la grande bataillc.

JI

avait

sous la main la ca1•alcric de Mural et la bcllc

division d'infantcric Compans, détachéc

1110-

mcntanémcnl du corps dn maréchal Davoust

pour servir¡, l'avant-gardc. Napoléon

fiL

appelcr

Mural et Cornpans, et lcur ordonna d'cmportcr

immédiatcmcnt ccttc 1·cdontc, qu'on appcla la

rcdoutc de Schwardino, parce qu'cllc s'élcvait

prCs du villagc de ce nom. Murat nvcc sa cava–

lcric, Comp:rns avcc son infantcric, avaicnL déjh.

passé la Kolocza, et se lrournicnt 1 droilc de la

plainc. On approchait de la fin du jour. Les cs–

cadrons de Mural forcercnt la cavalcric ru se

a

- se rcplicr, et 11ctloycrcnt ainsi le tcrrain sur les

pas de notrc infa nteric.

11

cxistait un pctit mon–

ticulc en facc de la rcdoutc qu'on allait attaqucr.

Le général Compans y

pla~a

les picccs de 12, et

quelqucs liruilleurs choisis pour démontcr l'ar–

tilleric cnncmic en abattant ses eanonnic1·s.

Apres une canonnadc asscz vive, legénéral Com–

pans déploya les 57' et 61° de lignc

iJ

droite, les

25° el l

·J

f'

;i

gauchc.

JI

fallait dcscendrc d'ahord

dans un pctit ravin , puis rcmo11tcr la cótc op–

poséc, sur laqucllc la rcdoulc était construitc,

et non·sculemcnt cnlcver cctte redoule, mais

culbutcr J'infantcl'ic russe qui était rangéc en

bataillc de J'un et de l'aut1·c cóté. Le général

Compaos dirigcant lui·mérnc les 57• et G

1°,

con–

fiant au général Dupcllin les 2:í

0

et o/11°, donna

l'ordrc de francl1ir le 1·avi11. Nos troupes s'avan–

ccrcnt avcc promptituelc et aplomb, sous un feu

des plus vifs. Couvcrtcs duns le foud du ravin,

clics ccssaicnt de J'élrc

CO

s'é)cvant

SUI'

Ja cote

que eouronnait la redoute. Parvcnucs sur le

sommct ele cctlc cótc, clics éebangcrcnt avce l'in–

fautcrie russc, pendani quclqucs instanIs et

a

trcs-pctitc portéc, un fcu de mousquetcric cxlrc–

mcment mcurtricr. Le général Compans, qui

pcnsait avce raiso11 qu'unc altuc¡ue

a

la ba'ion–

netlc scrait moins

sanglanlc,

donna le signal de

la eharge; mais au milicu du bruit et ele la

fu–

méc, son ordrc ful mal saisi. Se portanL alors

au jjalop vcrs le 57° qui élait le plus pres ele la

rcdoutc, el le conduisant lui-mcmc,

il

le mena

ba'ionncllc baisséc sui: les grcnadicrs ele Woron–

zoff et du princc de nlccklcnbourg. Le 57° lancé

au pns de chargc rcnvcrsa Ja ligue cnncmic qui

lui était opposéc. Son cxcmplc fut suivi

Jl"''

le

Ülº

qui

élaiL

i1

ses cótés, et

i1

11otrc

gauchc, les

25• et

·l

11° en ayant fait autant, la rcdoutc se

lrourn débordéc pa1· ce doublc mouvc111c111, ce

qui la

fil

tombcr 011 notrc pouvoi1'. t es canon–

niers russes furcnt presquc tous tués sur lcurs

picccs.

Mais vcrs lagauchc le

1

l l•s'élanL ll'Op avancé,

fut chargé tout

!i

coup pa1· les cuirassie1·s de

Douka, et mis un momcnt en pél'il.

JI

se forma

sur-lc-champ en c:Jrré, et arrCla par une grClc

de baile les vaillants cavalicrs qui l'nvaicnt :is·

sailli. Un 1·égimcnl cspagnol d'infantcrie (le régi–

men! Joscph-Napoléon), qui apparlcnail

!i

la di–

vision Compans, accourut bravcmcnt nu sccours

de son camaradc, rnais il n'eut aucun eífort

a

fairc, le 1

H '

ayanl suffi

a

lui tout seul pour se

dégagcr. Le

·H

1• cut ccpcndanl un cbagrin, ce

ful de pcrdrc son artillcrie régimcntairc, com–

poséc de deux pctilcs picccs de canon, qu'cn se

rcpliant pour se rcformcr en carré il u'cut pas

le tcmps el'emmencr. C'élait une nouvcllc preuvc

eles vices de ccttc institution, laqucllc abso1·bail

pal' régimcnt une ccntainc d'hommcs, qui cus–

scnt été bcaucoup plus utilcs dans les rangs de

l'infanlcric qu'atlacliés

a

des picccs dont ils se

servaient mal, et qu'ils ne savaient ni porlcr en

avant., ni rctircr

¡,

propos. Napoléon ne s'était

obstiné:\ .cctlc institution, mnlgré ses inconvé–

nicnts évidents, que parce qu'il rcgill'Clait l'arlil–

lcric commc le moycn le moins coütcux de elé–

truirc l'infanLcricrusse.

Ce combat court cL glorieux, dans lcqucl '•

millc hommcs succombci·cnt de notrc cóté, et

7

a

8 millc du cóté ele l'cnncmi, nous ayant rcn–

dus maitrcs ilc toulc la plainc

a

la droite ele la

Kolocza, Napoléons'cmprcssa d'yétabli1•l'arrnéc.

On ne désigna

JlOUJ'

rcstcr

a

la gauchc rlc la

Koloeza que les troupes qui 11'étaicnt pas cnco1·c

arrivécs. L'attitudc des f\usscs, en position clc–

puis elcux jours sur les hautcurs ele Horodino, les

ouvragcs dont ils s'étaicnt couvcrls

1

les rapporls

eles prisonnicrs, tout donnait la ccrtitudc qu'on

allait avoir cnfin In bataillc, désiréc

a

la fois par

les

Fran~ais

qui cspéraicnt en tircr un résultat

clécisif,

0

ct par les Husscs qui élaicnt honlcux de

se rctircr toujours, et fatigués de ruincr lcur

pays en l'inccndiant. Napoléon, ne pouvanl plus

doulcr de ccttc bat.aillc, crut devoir se donncr

toutc une journée de rcpos, soit pour '"dlic1· ce

<1u'il avaitd'hommcs enaiTiCrc, soitpour rccon–

nailrc 111Urcmcut le

~crrain.

11

annon~:a

sou in