MOSCOU. -
SEl'HllDHE
1812.
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Ccpcndant, pOLll' se portcr
1t
droilc de la Ko–
Jocza, il s'oífrait un p1·emicr obstacle, eclui d'une
redoutc plus avaneéc que les nutres, eonstruitc
sur un mamclon, el rcrs laquellc s'était repliéc
J'nrricre-garde russc. Napoléon pcnsn qu'il fallait
l'cnlcvcr sur-lc-champ, afio de poul'oir s'établir
1t
son aise dans ccttc parlic de la plainc, el
y
fairc
ses disposilions pout• la grande bataillc.
JI
avait
sous la main la ca1•alcric de Mural et la bcllc
division d'infantcric Compans, détachéc
1110-
mcntanémcnl du corps dn maréchal Davoust
pour servir¡, l'avant-gardc. Napoléon
fiL
appelcr
Mural et Cornpans, et lcur ordonna d'cmportcr
immédiatcmcnt ccttc 1·cdontc, qu'on appcla la
rcdoutc de Schwardino, parce qu'cllc s'élcvait
prCs du villagc de ce nom. Murat nvcc sa cava–
lcric, Comp:rns avcc son infantcric, avaicnL déjh.
passé la Kolocza, et se lrournicnt 1 droilc de la
plainc. On approchait de la fin du jour. Les cs–
cadrons de Mural forcercnt la cavalcric ru se
a
- se rcplicr, et 11ctloycrcnt ainsi le tcrrain sur les
pas de notrc infa nteric.
11
cxistait un pctit mon–
ticulc en facc de la rcdoutc qu'on allait attaqucr.
Le général Compans y
pla~a
les picccs de 12, et
quelqucs liruilleurs choisis pour démontcr l'ar–
tilleric cnncmic en abattant ses eanonnic1·s.
Apres une canonnadc asscz vive, legénéral Com–
pans déploya les 57' et 61° de lignc
iJ
droite, les
25° el l
·J
f'
;i
gauchc.
JI
fallait dcscendrc d'ahord
dans un pctit ravin , puis rcmo11tcr la cótc op–
poséc, sur laqucllc la rcdoulc était construitc,
et non·sculemcnt cnlcver cctte redoule, mais
culbutcr J'infantcl'ic russe qui était rangéc en
bataillc de J'un et de l'aut1·c cóté. Le général
Compaos dirigcant lui·mérnc les 57• et G
1°,
con–
fiant au général Dupcllin les 2:í
0
et o/11°, donna
l'ordrc de francl1ir le 1·avi11. Nos troupes s'avan–
ccrcnt avcc promptituelc et aplomb, sous un feu
des plus vifs. Couvcrtcs duns le foud du ravin,
clics ccssaicnt de J'élrc
CO
s'é)cvant
SUI'
Ja cote
que eouronnait la redoute. Parvcnucs sur le
sommct ele cctlc cótc, clics éebangcrcnt avce l'in–
fautcrie russc, pendani quclqucs instanIs et
a
trcs-pctitc portéc, un fcu de mousquetcric cxlrc–
mcment mcurtricr. Le général Compans, qui
pcnsait avce raiso11 qu'unc altuc¡ue
a
la ba'ion–
netlc scrait moins
sanglanlc,
donna le signal de
la eharge; mais au milicu du bruit et ele la
fu–
méc, son ordrc ful mal saisi. Se portanL alors
au jjalop vcrs le 57° qui élait le plus pres ele la
rcdoutc, el le conduisant lui-mcmc,
il
le mena
ba'ionncllc baisséc sui: les grcnadicrs ele Woron–
zoff et du princc de nlccklcnbourg. Le 57° lancé
au pns de chargc rcnvcrsa Ja ligue cnncmic qui
lui était opposéc. Son cxcmplc fut suivi
Jl"''
le
Ülº
qui
élaiL
i1
ses cótés, et
i1
11otrc
gauchc, les
25• et
·l
11° en ayant fait autant, la rcdoutc se
lrourn débordéc pa1· ce doublc mouvc111c111, ce
qui la
fil
tombcr 011 notrc pouvoi1'. t es canon–
niers russes furcnt presquc tous tués sur lcurs
picccs.
Mais vcrs lagauchc le
1
l l•s'élanL ll'Op avancé,
fut chargé tout
!i
coup pa1· les cuirassie1·s de
Douka, et mis un momcnt en pél'il.
JI
se forma
sur-lc-champ en c:Jrré, et arrCla par une grClc
de baile les vaillants cavalicrs qui l'nvaicnt :is·
sailli. Un 1·égimcnl cspagnol d'infantcrie (le régi–
men! Joscph-Napoléon), qui apparlcnail
!i
la di–
vision Compans, accourut bravcmcnt nu sccours
de son camaradc, rnais il n'eut aucun eífort
a
fairc, le 1
H '
ayanl suffi
a
lui tout seul pour se
dégagcr. Le
·H
1• cut ccpcndanl un cbagrin, ce
ful de pcrdrc son artillcrie régimcntairc, com–
poséc de deux pctilcs picccs de canon, qu'cn se
rcpliant pour se rcformcr en carré il u'cut pas
le tcmps el'emmencr. C'élait une nouvcllc preuvc
eles vices de ccttc institution, laqucllc abso1·bail
pal' régimcnt une ccntainc d'hommcs, qui cus–
scnt été bcaucoup plus utilcs dans les rangs de
l'infanlcric qu'atlacliés
a
des picccs dont ils se
servaient mal, et qu'ils ne savaient ni porlcr en
avant., ni rctircr
¡,
propos. Napoléon ne s'était
obstiné:\ .cctlc institution, mnlgré ses inconvé–
nicnts évidents, que parce qu'il rcgill'Clait l'arlil–
lcric commc le moycn le moins coütcux de elé–
truirc l'infanLcricrusse.
Ce combat court cL glorieux, dans lcqucl '•
,¡
!í
millc hommcs succombci·cnt de notrc cóté, et
7
a
8 millc du cóté ele l'cnncmi, nous ayant rcn–
dus maitrcs ilc toulc la plainc
a
la droite ele la
Kolocza, Napoléons'cmprcssa d'yétabli1•l'arrnéc.
On ne désigna
JlOUJ'
rcstcr
a
la gauchc rlc la
Koloeza que les troupes qui 11'étaicnt pas cnco1·c
arrivécs. L'attitudc des f\usscs, en position clc–
puis elcux jours sur les hautcurs ele Horodino, les
ouvragcs dont ils s'étaicnt couvcrls
1
les rapporls
eles prisonnicrs, tout donnait la ccrtitudc qu'on
allait avoir cnfin In bataillc, désiréc
a
la fois par
les
Fran~ais
qui cspéraicnt en tircr un résultat
clécisif,
0
ct par les Husscs qui élaicnt honlcux de
se rctircr toujours, et fatigués de ruincr lcur
pays en l'inccndiant. Napoléon, ne pouvanl plus
doulcr de ccttc bat.aillc, crut devoir se donncr
toutc une journée de rcpos, soit pour '"dlic1· ce
<1u'il avaitd'hommcs enaiTiCrc, soitpour rccon–
nailrc 111Urcmcut le
~crrain.
11
annon~:a
sou in