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MOSCOU. -

mTEMllllo

·1812.

plus proprc

a

dirigcr sage111ent une eampagnc

qu'i1lil'rcr une g1·andc balaillc.

11

ne se monlra

pas trCs-scnsihlc

i1

ces obscl'vnlions, maintint obs–

linémcnl lescorpsd'Oslcrnrnnn el de llagowouth

oUils étaicnt, parce qu'il voyait encorc le gros

de l'armée

fran~aise

sur la nou1•cllc roulc de

Moscou, et sculcmcnt délacha de la 1·és.crl'c le

5' corps, celui de Touczkoff, pour le placer

a

Ou–

lilza. Ce furent la ses uniqucsdispositions de ba–

taillc. Du reste, l'c'licrgie de son arméc dcvait

suppléer

a

tout ce qu'il ne faisait pas. Quant aux

résolutions

a

prendrcsur le tcrrain mcmc etdans

le fort de l'action, il poul'ait s'cn ficr i1la fcru1cté

de llarclay de Tolly, et

ú

la bra\'oure inspiréc de

llagralion.

Par une sorte de consentcmcnt mutucl, on

laissa s'écoulc1· lajournéc du 6 sans tirer un coup

de fusil. Ce fut le calme, sinislrc al'ant-courcur

des grandes tcrnpctcs. Les Franqais .cmploycrcnt

la jou1·néc

a

se rcposcr, ¡,jouir des vivres ramas–

sés la vcille,

¡,

préparer lcurs armes,

a

tcnir

dans leurs bivacs lrs propos ordinaircsau sol<lat

l'ranqais, le plus gaiet le plus bravepcut·étrc des

soldais connus. lisse dcmandaicnt lequcl d'cntrc

cux scrait vivant le lcndcmain, et ils poussaicnt

debruyants éclats de rirc en mangcant ce qu:ils

avaienl dérobé dans les l'illages voisins; rnais pas

un d'eux ne doutait de la victoire, ni ele l'cnt1·éc

procltainc dans Moscou, sous leur inl'incible et

loujours hcurcux général. L'amour de In gloirc

était

fa

passion qui enOammait Jeur ame.

Unscntimcnt biendiffércnt animait les Russes.

Tristes, ex3spérés, résolus

il

mourir, n'cspérJnt

<1u'cn Dicu, ils étnicnt

U

gcnoux, au milicu

de

millc flambcaux, dC\'tlnt une imagc mirnculcusc

de

In

Madonc deSmolcnsk, sauvée, disait·on, su1·

les ailes des aoges, de !'incendiede la cilé infor–

lunéc, et, dansce momcnt, porLéc en proccssion

par les prctrcs

SJ'CCS

n

IJ'al'crs les bivacs clu

camp deJlorodino.Les solclatsélaient ¡11·ostcr11és,

et Je vieux Kutusof. qui, loin de croire i1 cctte

madonc, croyait i1 peine au Dieu si visible de

J'unircrs, Je vicux Kutusof,

le

chapeau

a

la

main,

!'mil qui lui restail baissé jusqu'a lel'l'e, accom–

pagnait avce son élal-nwjor cctle pieuse ¡ll'occs–

sion. On la l'oyait de nos bivacs i1 Ja chute clu

jour, et on pouvait Jasnil'l'e i1Ja lrace lumincusc

des flambeaux.

Napoléon sous sa tente, complant sur !'esprit

militaire de ses soldais pom· triompher ele la foi

ardent~

eles Russcs, s'occupait d'objcls tout po–

sitifs.

ti

achevaitde clonner ses 01·cl1·cs, il se faisait

rendrecomptcdes moindrcs délails, et entcndail.

avcc un mélangc sing:ulicr d'humeur et deraille-

1·ic, le récit de labalaillede Salamanque, que lui

faisait le colonel Fabvicr, pa1'li.clcs Arapilcs, et

arriré danslajoul'Iléc. Ce que nousavonsraconté

des fnux mouvements ele nos arméesen Espagnc,

de la division du commandement qui cxposait

le maréclrnl

~fol'01ont

anx eoups de l'armée bri–

tannique, doit faire comprcndre commenLeelui–

ci al'ait élé conclamné a livrcr et ,, pcrdre une

importante balaillc. Napoléon, qui avait éié en–

lrainé

a

chcrcher en Russie le dénotimcntqu'ilne

trouvait pas asscz vite daos la Péninsulc, a1ircs

al'oir éco.1lé Je coloncl Fabvicr, le renvoya en

disant qu'il réparerait le lcndemain sur les hords

de la Moskowa les faulcs commiscs aux Ara–

piles.

M. ele Jlausset, préfet du palais, arrivant ce

jour-la de Paris, vcnait de lui apporler le portrait

du roi de Rome, exéculé par l'illustre peintre

Gérard. Napoléon considéra un moment avcc

émotion les trailsde son fils, fit ensuilc rcnfer–

mer ce porl1·ait dans son cnl'cloppc, puis jeta un

clcrnicrcoup d'mil sur la ligne des positionsenne–

mics pour s'assurcr que les Russcs ne songcaicnt

point

ú

déeampcr, rcconnuL avcc unevive satis–

faction qu'ils tcnaient fcrmc, et rentra dans sa

tente pour prenclre quelqucs instants de rcpos.

Un calmeabsolu, un silence profond régnaicnt

dans cette plaine qui le lenclemain allait ctre le

théatrc de

.la

sccnc la plus horrible el la plus re–

tcntissantc. Les rires de nos solclals, les chants

pieux des Russes avaicnl fini pa1• s'étcindrc daus

le sommcil. Les uns et les auLl'es dol'llrnicnt :iu–

tour ele grands fcux qu'ils al'aicn.t allumés pour

se garantir clu froicl de la nuit et ele l'humiclité

d'une pluie fine lombéc pcndant lasoiréc.

Atrois heures clu matin,on

comme11~a

clenolre

cólé

a

prendrc les armes, et i1profitc1· du brouil–

larel pour 1wsse1·

h

la droitc de Ja Kolocza, et se

rendre chacun

a

son poste ele comba!, le prince

EugCne vis-a-vis de llorodinoet de la gran<lc re–

doutc, del'anl se lenir a cbeval

SUI'

la Kolocza,

Ney et Davoust en facc eles lrois fleches, lacal'a–

lcric dcrriCre cux, Friant et la gardc en réscrvc

au centre; Poniatowski au loin su1· In droitc

chcminant

ii

travc1·s les bois. Ces mouvcmcnls

s'cxéculcrcnt en silcnce, afin ele ne pas attircr

J'atlcntion de J'cnnemi. Pcndant ce temps, les

canonnicrs ele nos lrois grandes battcries, dcsli–

nécs i1 conlrc-lrntlrc les ouvrages eles Russes,

étaic11L

it

leurs piCccs, attcndant le signa) que

clcvait elonnc1· Napoléon qnand il jugerait les

places asscz bien priscs.Celui·ci, clcbout ele g1·and