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l.IVRE QUARANTE-QUATRIEME.
il n'avait pas d'artillcric, YcrmololT el KutaisolT
fondcnt sur lui
a
la boionncuc, et le réduisent
i1
plicr sous le nombre. L'intrépide llonamy, resté
<lans laredoule
a
la
tele de quelques compagnics,
lombe pcrcé de plusieurs coups de boionnclle.
Les Russcs, s'imaginant que c'cst Je roi Murnt,
pousscnt des cris dejoic, et l'épargncnt pour en
fairc un Lrophée. Au mcme momcnt, ils lancen!
lt
droite et
a
gauchc le 2' corps de cavalerie du
général KorlT, le5' du boron de Krcutz, el for–
ccnt a.rcculer les dcux autres régimenIs de Mo–
rand, placésdcchaquccotéde lagrande rcdoutc.
Cctte vaillanlc iníanlcrie csl sur le poinl d'Ctrc
précipitéc nu picd du monlicule, quand le prince
Eugcnc arrivc cnfin
u
la tete de la dil'ision Gu–
din, commandéc par legénéral Gérard dcpuis le
combat de Valoutina. Le 7' légcr prcnd posilion
a gauchc de la rcdoute, le reste de la division
lt
droitc. Le 7°léger, surl'cnant au momenl oú la
cavalcrie russe fondail sur les déhris de
b
divi·
sion Morand, se forme en carré,
rc~oit
les co1•a–
liersennemis par un feu
a
boul portan!, et les
oblige
it
rchrousscr ehemin.
A
droite le général
Gérard, avec les dcux aulrcs régimcntsde sa di–
vision, rallie les troupes de Morand, et arrele
les progrcs des llusscs, qui ne peul'ent nuus
chasser du plateau, et qui sont réduits
lt
se con–
tentcr de la rcprise de la grande redoute.
Ce lriompheavail cotlté cher a l'cnnemi. Le
généralYcrmoloff avait étégricl'cmenl hlcssé,et
lejeune KutaisolTtué,ce qui étaitpou1· les llusscs
uneperle sensible. Pcndant ce tcmps, llarclal',
accouru avcc le prince Eugcne de Wurlembcrg,
el lrouvanl In rcdoule reprise, avait pincé le
prince entre la redoute et le villagc de Sémé–
nolTskoié, pour comblcr le vide que laissaicnl les
dcuxdivisionsde Paskewitchet de Kolioubakin,
composant le corpsde llaélTskoi prcsquc entii:rc–
mcnt détruit. En ccl instanl le fcu étail épou–
vantablesur ce point, car Mural, avee l'arlillerie
de loutcs les divisions de Ney, nvcc l'nrtillel'ic
atleléede Ja garde, rcmplissait de ses projcctiles
cct espace qu'avait ou1·crl un moment le snbre
descuirassiersde Latour-Maubourg, et dans lc–
quel il aurait vouluse précipiter avee toutcs les
réservcs ele l'armée
fran~aisc.
llarclay, ayanl
fcrmé
la
trouée avcc l'infnnteriedu prinee Eugcnc
de Wurtcmherg, s'y tenail immobile, sous un
feu qu'on ne se rappclait pas avoir vu clcpuis
vingl ansde guerrc, et pcndanl que ses oílicicrs
tombaient autour de lui, éprouvait unesorlc de
plaisira repousscr si noblemcnl les indignes cn–
lomnies ele ses ingrnlscompalriotcs.
Bagration, ele soncolé, aynnl
rc~u
la division
Konownitsyn,délachée du corps de TouczkolT,
plus les régiments
li
pie<! et
a
ehevalde lagarde,
al'ait juré de mourir ou de reprendre, luí aussi,
les trois ílcchcs siluées asa gauchc el
a
notrc
droite.
11
nvait porté en avant, d'un coté Ko–
nownitsyn, de !'nutre les grenadiers de Meck–
lcnbourg, et avait réuni
a
la cavalerie de Sic–
wers,aux cuirassiersdcOouka, les troisrégiments
elecuirassicrs de la garde. Mais il avait alTaire
a
Mural et
a
Ncy, ayant
a
lcur gauchc Latour–
Maubourg etFrian!, au centre les divisions
Jla–
zoul, Lcdru, Marchand, a d1·oite enfin les clivi–
sions Compans et Dessaix, les cuirassicrs de
Nansouty et l'infunterie wcstphalicnne. Mtírat
en outre avait arncné en ligne la cavalerie de
Montbrun; car, ainsi que nous l'avons <lit, les
hautcurs franchics, on se trouvait sur nn terrain
asscz uni, cL légCrcmcnt inclinévcrs les Russcs.
Le combat sur e.e point devint bientól terrible,
et ríen dans lamémoire de nos gens de guerre
ne rcsscmblait
11
ce qu'ils 01•aienl sous les yeux.
La division Friant,
s'enfon~anl
dans le ravin de
Séménoffskoié, l'avait remonté, el, sans prendre
les ruines du villagc, s'était déployée adroite et
a
gauche sous un épouvantable lcu d'artillerie el
de mousquelerie. t e bravc Frianl, voyanl tom–
bcr son jeune fils
1
ses cótés, l'avait fait empor–
lcr, el avait continué
li
se Lcnir au milieude ses
troupes, dont il dirigcait le déploiement, Tous
les cfforlsdes llusses n'avaicnl pu l'ébranler ni
luí foircquitter la position deSéménolTskoié. Au
mcme instant, les grcnadiersde Mecklenbourg,
l'infnutcrie de Konownitsyn abordaient
a
la
ba'ionnclle les troupesde Ncy pourtachcr de leur
arraehcr les trois fleches, el, tour a tour victo–
rieuscs
011
vaincues, les troupes de Ney dispu–
laienl le lcl'l'ain avce le demier acharnement.
L'un des TouczkolT lomba en eomballanl
i1
la
tete clu régimen! de Ilcvrl. C'était le frcre de
celui qui avait été pris
¡,
Valoutina, el le frcre
de celui qui en ce momcnl cléfendait Outitza
conlre Ponialowski.
Mural et Ncy, voulanl alors terminer Ja ba–
taille sur ce point, se décidcnt
a
ordonner un
vastc mou1•emcnt de cavalerie. Adroite, les cui–
rassicrs Sai11l-Gcrmain el Valence, sous Nan–
souty, s'élanccnt au galop;
u
gauehe, ceux des
généraux Valhier el Defrance s'élanccnt égalc–
menl. La tcrre trcmble sous les pas de ces puis–
sanl>cavalicrs. Une partie de la cavalcrie russe
cst rompuc ; l'aulrc, eomposée des régimenls de
Lithuanie et d'Jsma'ilow, résiste, et soutienl Je