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LIVllE
QUAHANTE-QUATHIE~IE.
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donner pour une marche qui ne se lcrmincrait
plus qu'a Moscou mcme.
Bien qu'cn quillanl Smolensk il se ful occupé
de sa base d'opération, Napoléou dul s'cn occu–
pcr <lavanlage cncorc en prenanl le parli de se
portcr asigrande dislanec. Ccllc base qui avail
été d'abord
a
Dantzigel i1Thorn, puis i1Krenigs–
berg el i1Kowno, plus tai·d
a
Wilnn, s'étnil dé–
placéc succcssivement i1 mesure que se prolon–
geail celle marche exl1·aordinaire
ii
lrave1·s la
Pologne et la Russic. La nouvellc base sur la–
qucllc il fallait s'nppuycr é1ait évidcmment
Smolensk. C'cst li1 qu'était le nreud qui unissail
la Dwinael leDniépcr, et les reliait avec Wilna
el Kowno. Aussi Napoléon résolut-il d'y appeler
sur·le-champ lecorps du maréchal Viclor, com–
posé d'environ 50 millc hommcs, dont un ticrs
de troupes
fran~aises,
un licrs <l'cicellcnlcs
troupes polonaises, et un ticrs de troupes de Ba–
den et de Berg, tres-bien orgauisées. Ce corps
qu'allaitgrossir lecourantconlinueldes balaillons
de marche, étanl placé i1Smolcnsk, oú il se rc–
poserait et se nourrirail bien, devail ctre prct
ii
soutcnir ou le maréchal Sainl·Cy1', ou le princc
de Schwarzcnbcrg, dans le cas ou l'uu des dcux
vicndraita cssuycr des rerers. Napoléon pcnsait
que loin d'éprouver des rcvers ils obticndraicnt
au contraire des succcs, en usant bien de lcurs
forces.
Mcttanl toutcfois les choses au pis, il sup–
posail qu'ils seraient réduits a la défcusivc, ce
qui était
a
sesycux la plus défavorabledes éven–
lualilés possibles, et des lors il considérait le
corps du maréchal Victor comme destiné
it
faire
face aux troupes qui revicndraicnt ele Turr1uie.
11 ne lui semblait pas qu'il pút venir plus de
30 mille hommes du bas Danube, ce qui était
vrai, et dans cecas, soil que ces troupesse diri–
gcassent par la Volhynic sur la Pologne, soit
qu'ellesse elirigeasscnl par l'Ukrainesur Kalouga
et Moscou, le
D•
corps nous metlrait en mesure
de leur lcnir tele, en marchant au secours, ou
elu prince de Schwarzenberg, ou de lagrande
armée clle-méme. Ce que Napoléon étail le plus
disposé
a
croire, c'est que laRussie, élanl frappée
au creur par une marche sur Moscou, ne songc–
rail pas
a
portcr des forces
a
ses extrémités, et
que l'amiralTchitchakoff ne scrait pas dirigé sur
Kicw, mais sur Kalouga. Aussi rcgardail-il la
position du due de Bcllune i1Smolensk comme
la rnieux choisie pour toutes leshypotheses ima–
ginables. En conséquencc il luienvoya sesorel1·cs
de Dorogobouge le 26 aout, et lui elonna eles
instructions conformes ·aux idées que nous ve–
nonsd'émellrc.
11 élendit sa prévoyancc plus loin cncore. 11
ne roulait pas que ce corps fül clisséminé en
pelitcs garnisons ; pour prél'enir cet inconvé–
nicnl, il avait alliré déjit sur Wilnadil'Cl'Srégi–
mcnls saxous, polonais, wcstphaliens, hanséati–
qucs, rcstés jusqu'ici
it
Dant.zig et
it
Krenigsbe1·g.
11 orelonna de les amencr tous
a
Minsk et
ii
Smolcnsk, pour y fournir les garnisons et les
détachemcnls dont on aurait bcsoin. Afin de les
rcmplacer
it
Dantzig, il avait précédcmmentap–
pclé elans cellc place !'une des divisions du ma–
réchal Augcrcau, commauclée par le général
Lagraugc, et loulc composée de bataillons de
marche. 11 résolut de faire venir celle division
cllc·rnemc a Smolensk, pour renforcer les divcrs
corps de la grande armée, y remplir les vides
produits par les batailles qu'on allait livrer, et
jalonncr la routeenaltcndanl. Cettedivision dut
ctre rcmplacée
¡,
Dantzig par une aulre, appar–
lenanl égalemcnl au corps du nrnréchal Augc–
rcau, ccllc du génél'al Ilcudclet, qui comprenait
uniqucmenl eles quatricmes bataillons. Le maré–
chal Augcreau allait ainsise t1·ouvcr cnticremenl
privé de!'unedesesquatre divisions, celle qu'on
appcllrrait
a
Smolensk. Napoléon y pourvut au
rnoycu de troupes qu'il résolut de tirer d'Italic.
On se souvienl sans doutc que, se défiant de la
cour de Naplcs, il avait, avec plnsieurs beaux
régimcnts
fran~ais
et divcrs corps étraogcrs au
service de F1·ance, formé entre Rome et Naples
un co1·ps sous le géuéral Grcnicr. Tenant Mural
sous sa main, et n'ayant plus ríen
it
craindre de
sa légcrcté, il pensaque l'arméc napolitaine, qui
avaitéléorgnniséc avcc soin, suffirait
i1
lagardc
du midiele l'Jlalie; il lui laissad'ailleurs lesrégi–
mcnts cl'Jscmbourg et de Latour-d'Auvergne, et
ordonna de réunir
ii
Vérone les troupes fran–
~aises
du général Grenicr, pour en former une
bcllc division de ·15 rnille hommes, composée de
ce qu'il
y
avail de mcilleur en ltalie. IJ prescrivit
augénéralGrenicrdcs'achcmincrvcrsAugsbourg
le plus IÓt possiblc, mais toutefois en marchanl
avcc laprudcncccon\'cnable, afin de ne pas cou–
rrir les roules de trainards. Le corps du maré–
chal Augereau allait aiusi gagnrr beaucoup plus
qu'iJ ne perdait, et se rclrOU\'Cr
a
qualre dil'Í–
SÍOllS, el au chiffre de 50 mille hommes de
troupesaclivcs.
Ainsi a1•ec uncorps de 50 millehommes entre
llcl'iin et Donlzig, avee de forles garnisons
a
Dantzig,
a
Krenigsbcrg,
a
Mcmcl,
a
Kowno,
it