274
LIVílE
QUARANTE-QUATRI!\~JE.
loé, en avanL de lavastc foret de Gumzéléva, qui
cou1•rc Polotsk. AfTaibli de nouvcau par les der–
niCrcs marches, s'cxagérant les forces qui avaient
rejoint le comtc de Willgcnstein,
il
résolut de
se rapprochcr encorc darnntage de Polotsk, de
pcur d'élrc coupé de ccttc ville, et il vint se pla–
cer dcrricrc la rivierc de la Polola. Celle petitc
riviCrc, couvcrte de moulins, de grangcs, de
construclions
de
toutc
cspCce,
traverse nu sortir
dela forct de Gumzéléva des prairies, des champs
cullivés, tournc autour de Polotsk, et Lombcdans
la Dwina au-dcssous de cctlc villc. Le rnaréchal
Oudinot occupait les divcrs passages de la Polota,
et avait toulcfois gardé unepartie deses troupes
en
de~a,
pour se garantir contre un.corps qui,
ayant passé la Polota plus baut, dcboucherait
sur ses dcrrieres par la forct de Gumzélcva, et
obordcrait Polotsk par le cóté découvert.
Établi des le 16 aout daos cette position,
il
convoc¡ua un conscil de gucrrc afin d'cxamincr
la question de savoir s'il fallait livrer bataillc,
ou rcpasscr la Polota el la Dwina, pour se rncttrc
sous la protcction de ces deux riviercs, vivrc plus
a J'aisc, Cl SC borncr
a
bien dispulCI' Je COUl'S
bcaucoup plus large de la Dwina. Le général
Sai11t-Cy1·, assistant a ce eonscil en qualilé de
commandant de rarméc bavaroise, soutint qu'il
ctait inulilc de livrcr bataille, et des'afTaiblir en
la livrant, si l'cnncmi n'avait pas suivi
l'ar,·méc
fran~aisc
et si l'on n'avait nullement l'apparcnce
de reculer devant lui; mais que si au eontrairc
il arnil marché sur nos traces, il fallait l'arrctcr
nct par un eombat vigourcux, et, en le rrjctant
au loin , luí prouvcr qu'on se rctirait non par
crnintc, maisparchoix, etpar goU.tpour une po–
sition plus cornmodc. Cct avis fort sage et fort
militairc ctait pres de rallicr les csprils, lorsquc
le bruit du canon mit fin
a
loulc controvcrsc,
et
lit
cour·ir chacun aux armes, pour
résislcr
aux
Russcs qui cssayaicnl de franchir Ja Polola. Une
division bavaroisc et une <livision
fran~aise,
pla–
cécs en aranl de la Polola,
rc~urcnt
vigourcuse–
mcnt les Russcs, et les arrélercnt sur lebord de
eettc ririere. La nuit qui survint ne pcrmit pas
de donncr plus de suile
a
ce prcmier cngagc–
mcnt,
Le lcnclemain ·17, le maréchal Oudinot s'cxa–
gérant loujours les forces des llusses, et lrouvant
en out1·c sa posilion peu stirc, u'était pas
trCs–
fixc sur la conduite qu'il avait
a
lcnir. Cctlc po–
sition, en efTct, n'étnit pas des mcilleurcs. S'il
avait sur son front pour le eouvrir la Polota,
qui pouvait malhcurcuscmcnt clre passcc vrrs sa
droite, il avait la Dwina par dcrrierc, combattait
clone avcc une pctitc rivierc devant lui, et une
grossc rivierc a dos, et sur eellc-ci ne possédait
d'autre pont que cclui de Polotsk, moyen de rc–
traile bien insuffisant en cas d'échcc. Comme
iJ
arrivc trop souvent en parcille oceasion, il prit
un parti moycn , celui de dispuler fortcment la
position avcc une porlion de ses troupes, el de
portcr l'autre portion, ainsi que ses pares et ses
bagagcs, sur Ja gauchc de la Dwina.
Par suite de eclle résolution, il ordonna dedé–
fcndrc vigoureuscment les bords de la Polola ,
pcndant que le reste de son arméc traversait
Polotsk et Ja Dwina. La défcnsc fut en eífet tri:s–
énergique et ne permit point aux Russcs ele faire
un pas. Mais le maréchal Ou<linol ful gricvemcnt
blcssé, eommc sa rare bravoure
l'y
exposail lrop
souvcnt; le général Sainl-Cyr le fut aussi, tou–
t.cfois d'une maniere plus légerc. L'état du ma–
réchal Oudinot l'cmpcchanL deconserver le com–
mandcment , le général Saint-Cyr, quoiquc
frappé lui-mcme, le pril immédiatement. La
dircction des opéralions ne pouvait etrc rcmisc
dans des mains plus habiles.
Le général convoqua les principaux officiers
de l'armcc pour s'cnlendre avec eux sur la ma–
niere de sorlir d'unc situation qui s'ctait forL
compliquéc. Alliant la vigucur
a
la prudence, il
fil sentir les inconvénients d'unc altitudc purc–
mcnt défcnsivc, et d'une retraitc en
dc~a
de la
Dwina trop cvidcmment obligée;
il
montra le
dangrr d'ctrc bicntót assailli , tourmcnté sur
l'unc et l'autrc rivc de la Dwina, au point rnéme
de ne pouvoir plus allcr aux fourragcs, et en
prcuvc il allégua les préparalifs de passage que
l'cnnemi faisait actucllemcnt au-dessus de Po–
lotsk. En conséquencc, il proposa pour le lcn–
demain, eneontinuanldcscretireren apparencc,
de profiter du lcrrain couvcrt ou l'on combat–
tait , pour rcpasscr sccretcmenl la Dwina et
la
Polota avcc la majcurc partie eles troupes, d'at–
taqucr les Russcs
a
l'improvistc, de leur infliger,
si on le pouvait, un sanglant éehec, et de se 1•c–
poser cnsuite
a
l'abri de ce sueci:s dcrriere Po–
lotsk et la Dwina. Cet avis si s:•gc et si fcrmc a
la fois ne soulcvait qu'une objcction, c'élail l'é–
puiscmcnt. des soldals marchant dcpuis quatrc
jours, se ballant depuis trois, ayant pu lrouvcr
a peine le lcmps de prcndrc quelquc nourriturc,
et al'l'ivés
a
un état de faiblessc physiquc vrai–
mcnt inquiétanl. Pourtant le gcnéral Saint-Cyr
affirmanl que qualrc 11cu1·cs lui suffiraient pour
donncr nux Russcs un choc vigourcux, on con-