MOSCOU. -
AOllT
! 812.
Ilnpp
a
In tete eles Westphalicns. Ilcvcnu au mi–
licu des bivacs cnsanglantés de In division Gu–
din, il fil formcr les troupes en ccrclc, lcur
distribua des récompcnscs, et dunna de grandes
nwrqucs de rcgrcl au bravc général Gudin, qui
était expiran!. Cct illustrc général, qui dcpuis
plusicurs annécs partagcait avcc les généraux
Morand et Frian! Jagloircdu maréchal Davoust,
éiait, par son couragc héro"ique, sa bonlé par–
faitc, son esprit culiivé, un objct d'cstimc pour
les officicrs et <l'affcclion populairc pour les sol–
dais. Sa mort ful scnticdans l'arméccommcune
perle cornmunc qui louchait lout Je monde.
De rctour
n
Smolcnsk, Napoléon ne pul se
1léfendrc des plus tristes réflcxions. Daus ccllc
c.unpngnc, qu'il considérnit comrnc la plus déci–
sivc ele sa vic, commc Ja dcrnicrc si clic était
hcurcusc, et pour laqucllc il avait foitdcsi vastcs
préporalifs, son génic n'3Vait pas obtcnu cncorc
une sculc fovcur ele la fortunc. Ses plus hcllcs
mnnreuvrcs avaicnt échoué, car, ainsique nous
ravons fait rcmarqucr, Bagrationséparéde Jlar–
cl:iy de Tolly par el'habilcs combinaisons, avait
fini par Je rcjoindrc; Burclay, qui avait foilJi ctrc
débordé et tourné
n
Polotsk, qui dcvait l'étrc
a
Smolcnsk, ''cnait de rcgagncr, en compagnie-de
Bagration, Ja roulede Moscou. Parlout,sanscon–
lrcdit, J"enncmi avait été ''igoureusement hattu;
il J'avaitéié3Dcwcliowo, i1Mohilcw,
a
Ostrowno,
i1Polotsk,
a
lnkowo,
a
Krasnoé,
u
Smolensk, 1
Valoulina. On lui avait tué ou blessé trois fois
plusd'hommcs qu'on n'en avait pcrdu, et, saos
aucunc grande bataillc, on l'avait conduit du
Niémcn au nniépcr et
a
la Dwina, ce qui assu–
r:iit Ja conqucle de toute l'anciennc Polognc, :1
l'cxccplion sculemcnt de Ja Volhynic. Mais cct
éclat foudroyanl qui avait loujours cnlouré et
rcndu irrésistiblcs les armes de Napoléon, lcur
rnanqunil jusqu'ici, et leur manquait dans le
morncnl oú l'on en nuraiL cu le plus grand
be~
soin pour conlcnir tanl de pcuplcs enncmis sur
lesol desqucls il follait passcr, tantdc pcuplesal–
liés elontla fidéliléétait indispensable. Sansdoutc,
ii
se placer daos le cours ordinaire des choscs,
c'était un résultat considérable que d'nl'oir cn–
lcvé l1l'cnncmi sr.s plus importantes
JH'O''inccs,
ele J'avoir parlOUl misen fui le, de J':l\'Oi1· réduit
!1
l'impossibilité d'opposcr, quclqur part que ce
í1H,
une résistancc séricusc; mais pour un con–
quérant l1abitué
ti
frappcr par des coups surprc–
n:rnls l'imnginntion des liommcs , il
scmlilnit
nrnnqucr quclquc chosc
ª'"
débuts de ccllc
gucrrc, quclcruc clrnsr. sinon d'cfTcctif, du moins
CONSUl.A.T,.(..
d'éclatant, etqui maintint toul cnlier le prcsligc
de sa
pui~snncc.
Napoléon le scnlait plus qu'il
n'cn voulait convenir, et en étnil vivcmcnt ní·
fccté. Bien que pnrlout il ctit forcé les llusscs
:i
la relraitc, et quºi1 ccl <'gnr<l il ne lcur cút pas
lnissé le choix, il voynit claircmcnt cepcndanl
1¡u'au milicu de bcaucoup de mouvcmcnts con–
tradicloirc~,
il y avait chcz cux le sccrel calcul
de transporlcr la gucrrc dans J'intéricur de Ja
Jlussie. Ce cnlcul, malgré quclqucs apparcnccs
contraircs que Napoléon s'cxpliquait tres-bien,
était évidcnt, el dans l'étal·rnajor de rarmér.,
bcaucoup d'csprits,
déj~
inquicls du caractC.-e
de ccllc gucrrc, le rcmarqunicnt, et le foisaicnt
rcmarqucr
i1
NapolCon:quand il daignait s'cnlrc·
leniravcc cux sur Jamarchegénérnlc de la cnm–
pagnc. Aussi, quoique sur ce sujct il n'ci1t lui–
mémc nucun doutc, il niail ccllc laetiquc des
Jlusscs lorsqu'on la lui signalait, commc on nic
un dangcr qu'on vcut
d'autant
moins nvoucr
qu'on le rcdoutc dovnntagc, et il ne ccssílit de
dire 1¡11e les Jlusscs s'cn allaicnt pnrce qu'ils ne
pouvaicnl pas foirc nutrcmcnt, parce qu'ils
étaicnt battus, rcfoulés, el que lcur prétcnduc
tactiquc n'était autrechosc que l'irnpossibilitéde
nous Lcnir tete.
Mais il ne croyail pas ou prcsquc pas ce qu'il
disait
a
ce sujcl, et en "oyant les rnngs de son
nrrnéc s'éclaircir, mcmc dcpuis Witebsk, por la
marche bcaucoup plus que pnr le feu, ilsenlait
vivcrncnt Je dangcr de porter la gucrrc plus
loin.
JI
scmble qu'cn pcnsant <le Ja sorlc, il y aurait
cu pour Jui un moycn fort simple de parcr
¡,
ce
clangcr, c'clit
élé
de s'arrCtcrsur Ja Dwina el Je
Dniépcr, de s'cnorgucillir
hautcmr.nldes bcllcs
conquCtcs qu'on vcnail de fnirc, de s'cn servir
pour 1·cconstitucr
In
Polognc, de les élendrc
mérncenfournissant augénéral llcynicr le moyrn
d'cnvahir Ja Volhynic, d'cmploycr l'aulomne et
l'hivcr
i1
donncr un gouvcrncmc
1t
et une nrméc
i1Ja Pologne, de transportcr pcndant le mcmc
Lcmps ses magasins clu Niémcn au Dniépcr et;,
la nwinn, de choisir et de fortificr ses canlo11nc-
111cnls, de tout préparcr cnfin pour une nourcllc
rnmpngnc, qu'on rcmcltrait ;, J'annéc
suin111tc,
dnns laqucllc on fcrait cncore cent licues r.n
nvant, cent licues décisivcs si on les foisniL
r11
si'u·cté, car ccllc fois elles mcncraicnt
¡,
Moscou
ou
!1
Snint-Pétcrsbourg. Ces irlécs, qui s'élaicnl
présentécs i1Witchsk, se préscnlaicnt hirn pin<
natnrcllemcnl i1Srnolcnsk,
ii
lo frontic1·c tic la
vicille Ilussic, aprcs la prise cl'nnc ville irnpnr-
18