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LIVRE
QUARANTE-QUATRIE~IE.
Vive l'Empereur
!
et cssuicnt saosen et1·c éb..
a11-
lées, par cólé le fcu des tirailleurs, et ele front
cclui de l'al'tillerie cnncmic braquée sur la cótc.
Elles travcrsent le ponl au pas de ehargc, gravis–
sent la cóte, et renconlrent une troupe de grena–
dicrsqui les accucille a la poinle des ba'ionnettcs.
Elles se jcllcnt sur cux, les repoussent, et réus–
sissent
a
déboucher sur le platcau. Mais la de
nouvcaux bataillons ''ienncnt les assaillir et les
obligent
a
reeuler. Le brave Gudin les reporte en
avant, el une terrible melée s'cngagc a!ors enll'e
le ruisscau et le pied de la eóte. Les hommcs
s'abor·dent, se saisissent corps a corps et com–
batlent
n
!'arme blanchc. Au milicu deccl afT..cux
conílit, Gudin avait mis picd
a
terre, el l'épéc
n
la
main conduisait ses soldaIs;
il
cst frappé par
un boulet qui lui fracasse la cuisse, el en tombant
dans les bras de ses officiers désigne pour le
remplaccr le général Gérard. Cet officier
1 ,
d'unc rarc éncrgic, prcnd.lecommandcment, et,
ramcnant ses soldats
¡l
l'cnncmi, gravit de nou–
veau la cólc, et apparait une seconcle fois sur le
plateau. Ncy l'appuie avcc la division J,edru, et
ils scmblent mailrcs de la position. Pourlant de
nouvellcs troupes russcs s'avanccnt pour la lem·
clisputer, et il esl a craindre qu'ellc ne lcur soit
arrachéc cncorc une fois.
Pendan! ce lcmps Mural, accouru vcrs la
droitc pour cssaycr de déborcler la position,
trouvc Junol transporté au dela du ,Dniépcr, al–
tcndanl des ordrcs qui ne lui arrivcnt pos, et
ayant le lorl de ne pas ysupplécr. Mural le prcssc
de marchcr pOUl' prcndrc
U
rCVCl'S la longue
cóleque Ney et Gérard s'eJTorcent d'cmporter de
fronl. Malheureusemcnt Junol, sous l'iníluencc
de chalcurs brúlanlcs, atlciot du mal donl il dc–
vait mourir et qui était la suite de la blcssurc
rc~uc
a la !ele en Portugal, Junot n'a pas sa
vigucur ordinairc. JI cherche en lalonnant 1
franchir le lcrraio marécageux qui le séparc ele
J'cnncmi, el ttlchc de s'y crécr un passoge, en
jclanl des fascines dans la fangc. Mural charge
avec violcnce la parlic de la cavalcric russc
~ui
SC lrOuVC
a
Sa porléc, mais OC pcul SU!' ce SO(
prcndrc le rólc ele l'infanlcric. JI prcssc Junot,
cric, s'cmporlc, sans parvcnir
a
rcndre le tcrrain
plus solide, ou Juno! plus cxpéditif.
Ccpcndant vcrs le point principal cctle lutte
acharnée lcnd asa fin. llarclay de Tolly, vou–
laot lcnlcr un dcrnicr cJTorl, lance la bravc di-
1
C'esl lcmémcc¡uc la i;:Cnérotio11
1wésenlc a sijus!cment
IJonoré sous lclitredem0:réchal Géi'ard.
vision de Konownilsyn sur les divisions Gudin et
Lcdru, commandécs par Gérard el Ney, afin de
les culbuler du platcau qu'clles ont réussi
n
con–
qué1·ir. Gérard el Ney
re~oivcnt
l'altaquc, plienl
un instanL sous sa violcnce, nrnis rcvienncnt ll
la chargc, se précipitcnl sur l'infantcrie russe
avec furie, ella mcttcntcn déroulc. Adix heurcs
du soir ils rcslcnt mailrcs cnfin du débouché.
La division Razout les rejoinl, et Mural
a
son
tour, aprcs avoir franchi tous les obslaclcs, se
déploic au galop sur le plalcau, d'oú il force les
llusscs
a
se retircr définilivcmenl.
Cclle action terrible, qui a porté le litre de
combat de Valoutina, et qui cst !'une des plus
sanglantcs du sicclc, avait couté 6
a
7 mille
hommes aux Russcs, el aulanl aux
Fran~ais.
JI
fallait remontcr aux souvcnirs d'Hollabrunn ,
d'Eylau, d'Ebersbcrg, d'Essling, pour en retrou–
YCI'
une parcillc. Malhcurcuscmcnt, clic étail
sans objet des qu'on ne pouvait plus prévcnir les
Russcs au passage du Dniéper 11 Solowicwo, et
n'avaitque l'avantagc de nous conserver l'.ascc11-
danl des armes.
Lorsquc Napoléon sul ce qui s'étail passé, il
ful surpris de la gravité de cctlc rcneontrc, el
profondémcnl aJTccté d'avoir manqué une occa–
sion si bcllc d'cnlcver une colonnc cnticrc de
l'ar1uée russc, ce qui aurait donné 1
la
prisc de
Smolcosk l'imporlance d'unc grande vicloire, et
l'cút dispensé d'allcr chcrchcr plus loin un
lriomplie éclatnnt. Le lcndcmain 20, des trois
hcurcs du matin, il se transporta sur le champ
de balaillc pour voir de ses proprcs ycux ce
qu'avait été le comba! de Valoulina, ce qu'il au–
rait pu
él.re,et récompcnscr les troupes, dont on
célébrait l'éncrgic. A l'aspecl du champ de ha–
laille,
il
fut frappé de la vigucur qu'cllcs avaicnt
dti déploycr, ce dont on pouvait jugcr au nombre
et
a
la place des morts, ainsi qu'i1 la disposilion
des licux. En s'élcvant sur le platcau, et en por–
tan! ses regareis vers
la
droitc, il s'irrila fort
contrc Junot, conlre la lcnlcur qu'oo lui rcpro–
chait, lcoleur qui avait contribué
a
sauvcr les
Husscs, car en les débordant de ce cóté, on au–
rait singuliercmcnt abrégé lcur résistanec, et
réussi penl-clrc
u
les prcndrc en grand nombre.
Mais on ne lui dit pas que le chcmio élait maré–
cagcux et difficilc
il
franchir; on ne lui rappcla
point que lui-mcmc avait eu le tort de laisscr
Junot sansordrcs; on cut la cruaulé de l'cxcilcr
conlrc l'immobililé maladivc de ce vieux com–
pagnon d'armcs, el, dans le prcmicr momcnt,
il
résolut de le rcmplaccr
1
en mcll?Dt le général