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268

LIVRE

QUARANTE-QUATRIE~IE.

Vive l'Empereur

!

et cssuicnt saosen et1·c éb..

a11-

lées, par cólé le fcu des tirailleurs, et ele front

cclui de l'al'tillerie cnncmic braquée sur la cótc.

Elles travcrsent le ponl au pas de ehargc, gravis–

sent la cóte, et renconlrent une troupe de grena–

dicrsqui les accucille a la poinle des ba'ionnettcs.

Elles se jcllcnt sur cux, les repoussent, et réus–

sissent

a

déboucher sur le platcau. Mais la de

nouvcaux bataillons ''ienncnt les assaillir et les

obligent

a

reeuler. Le brave Gudin les reporte en

avant, el une terrible melée s'cngagc a!ors enll'e

le ruisscau et le pied de la eóte. Les hommcs

s'abor·dent, se saisissent corps a corps et com–

batlent

n

!'arme blanchc. Au milicu deccl afT..cux

conílit, Gudin avait mis picd

a

terre, el l'épéc

n

la

main conduisait ses soldaIs;

il

cst frappé par

un boulet qui lui fracasse la cuisse, el en tombant

dans les bras de ses officiers désigne pour le

remplaccr le général Gérard. Cet officier

1 ,

d'unc rarc éncrgic, prcnd.lecommandcment, et,

ramcnant ses soldats

¡l

l'cnncmi, gravit de nou–

veau la cólc, et apparait une seconcle fois sur le

plateau. Ncy l'appuie avcc la division J,edru, et

ils scmblent mailrcs de la position. Pourlant de

nouvellcs troupes russcs s'avanccnt pour la lem·

clisputer, et il esl a craindre qu'ellc ne lcur soit

arrachéc cncorc une fois.

Pendan! ce lcmps Mural, accouru vcrs la

droitc pour cssaycr de déborcler la position,

trouvc Junol transporté au dela du ,Dniépcr, al–

tcndanl des ordrcs qui ne lui arrivcnt pos, et

ayant le lorl de ne pas ysupplécr. Mural le prcssc

de marchcr pOUl' prcndrc

U

rCVCl'S la longue

cóleque Ney et Gérard s'eJTorcent d'cmporter de

fronl. Malheureusemcnt Junol, sous l'iníluencc

de chalcurs brúlanlcs, atlciot du mal donl il dc–

vait mourir et qui était la suite de la blcssurc

rc~uc

a la !ele en Portugal, Junot n'a pas sa

vigucur ordinairc. JI cherche en lalonnant 1

franchir le lcrraio marécageux qui le séparc ele

J'cnncmi, el ttlchc de s'y crécr un passoge, en

jclanl des fascines dans la fangc. Mural charge

avec violcnce la parlic de la cavalcric russc

~ui

SC lrOuVC

a

Sa porléc, mais OC pcul SU!' ce SO(

prcndrc le rólc ele l'infanlcric. JI prcssc Junot,

cric, s'cmporlc, sans parvcnir

a

rcndre le tcrrain

plus solide, ou Juno! plus cxpéditif.

Ccpcndant vcrs le point principal cctle lutte

acharnée lcnd asa fin. llarclay de Tolly, vou–

laot lcnlcr un dcrnicr cJTorl, lance la bravc di-

1

C'esl lcmémcc¡uc la i;:Cnérotio11

1wésenlc a sijus!cment

IJonoré sous lclitredem0:réchal Géi'ard.

vision de Konownilsyn sur les divisions Gudin et

Lcdru, commandécs par Gérard el Ney, afin de

les culbuler du platcau qu'clles ont réussi

n

con–

qué1·ir. Gérard el Ney

re~oivcnt

l'altaquc, plienl

un instanL sous sa violcnce, nrnis rcvienncnt ll

la chargc, se précipitcnl sur l'infantcrie russe

avec furie, ella mcttcntcn déroulc. Adix heurcs

du soir ils rcslcnt mailrcs cnfin du débouché.

La division Razout les rejoinl, et Mural

a

son

tour, aprcs avoir franchi tous les obslaclcs, se

déploic au galop sur le plalcau, d'oú il force les

llusscs

a

se retircr définilivcmenl.

Cclle action terrible, qui a porté le litre de

combat de Valoutina, et qui cst !'une des plus

sanglantcs du sicclc, avait couté 6

a

7 mille

hommes aux Russcs, el aulanl aux

Fran~ais.

JI

fallait remontcr aux souvcnirs d'Hollabrunn ,

d'Eylau, d'Ebersbcrg, d'Essling, pour en retrou–

YCI'

une parcillc. Malhcurcuscmcnt, clic étail

sans objet des qu'on ne pouvait plus prévcnir les

Russcs au passage du Dniéper 11 Solowicwo, et

n'avaitque l'avantagc de nous conserver l'.ascc11-

danl des armes.

Lorsquc Napoléon sul ce qui s'étail passé, il

ful surpris de la gravité de cctlc rcneontrc, el

profondémcnl aJTccté d'avoir manqué une occa–

sion si bcllc d'cnlcver une colonnc cnticrc de

l'ar1uée russc, ce qui aurait donné 1

la

prisc de

Smolcosk l'imporlance d'unc grande vicloire, et

l'cút dispensé d'allcr chcrchcr plus loin un

lriomplie éclatnnt. Le lcndcmain 20, des trois

hcurcs du matin, il se transporta sur le champ

de balaillc pour voir de ses proprcs ycux ce

qu'avait été le comba! de Valoulina, ce qu'il au–

rait pu

él.re,

et récompcnscr les troupes, dont on

célébrait l'éncrgic. A l'aspecl du champ de ha–

laille,

il

fut frappé de la vigucur qu'cllcs avaicnt

dti déploycr, ce dont on pouvait jugcr au nombre

et

a

la place des morts, ainsi qu'i1 la disposilion

des licux. En s'élcvant sur le platcau, et en por–

tan! ses regareis vers

la

droitc, il s'irrila fort

contrc Junot, conlre la lcnlcur qu'oo lui rcpro–

chait, lcoleur qui avait contribué

a

sauvcr les

Husscs, car en les débordant de ce cóté, on au–

rait singuliercmcnt abrégé lcur résistanec, et

réussi penl-clrc

u

les prcndrc en grand nombre.

Mais on ne lui dit pas que le chcmio élait maré–

cagcux et difficilc

il

franchir; on ne lui rappcla

point que lui-mcmc avait eu le tort de laisscr

Junot sansordrcs; on cut la cruaulé de l'cxcilcr

conlrc l'immobililé maladivc de ce vieux com–

pagnon d'armcs, el, dans le prcmicr momcnt,

il

résolut de le rcmplaccr

1

en mcll?Dt le général