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264 .

LIVRE QUARANTE-QUATRIEME.

qui unissait l"ancicnne villc et la nourcllc, pas

asscz loutcfois pour empécher nos hardis fan–

tassins de franchir le fleuve en chcminant sur

la tele des pilolis incomplétcmcnt brU!és. Quel–

qucs-uns avaient usé de ce moycn pour allcr

liraillct• au dela du Dniéper, mais ils avaicnt été

promplcmcnt rcpoussés ou pris. L'Ernpcrcur or–

donna au général Éblé de jclcr des ponls, et

cclui-cise luita d'y cmploycr aclivcmcnt ses pon–

tonniers et les troupes du maréchal Ncy.

Napoléon, bien que parlout il cut triomphé

de l'cnnemi , éprouvait mémc au milieu de la

victoirc, mCmc au sein d'une

l'ilJC

cnlcvéc d'as–

saut, le plus triste mécomplc. C'élait la lroisicmc

de ses grandes manreuvres qui échouait dcpuis

l'ouverturc de ccllc eampagnc. 11 avait manqué

Bagration

a

Bobruisk, avait en vain cssayé de

déborder Barciay de Tolly entre Polotsk et Wi–

tcbsk, et mainlenant, aprés un mouvcmcnt des

plussavanls et des plus lwrdis pour tourncr les

dcux armées réuniesde Bagralion et de Barclay,

il vcnait d'élrc arrclé par Smolcnsk, qui, touten

suceombanl, lui avail fait perdrc les journécs du

·16

et du

17

aoiit, ctallaitlui fairc pcrdrc cncorc

loulc cclle du

·18.

Des lors l'espérancc de débou–

chcr au dela <lu Dniépcr asscz

a

lcmps pour

déborder la gauchc de l'cnncmi, n'avait plus

aucun fondcmcnt, car il fallait la journéc au

moins pour jctcr des ponts, et, dans cct intcr–

vallc, les Russcs devaient avoir gagné asscz de

tcrrain pour se soustrairc

l1

toulcs nos manoou–

vrcs. Napoléonsongca bien cncorc

a

chcrchcr un

guéau-dcssus de Smolcnsk, et enchargca Junot,

qui, s'élant égaré pcndant la journéc du H ,

s'étaiL élevé assez hauL sur nolrc clroite. Mais

ricn ne pouvaiL foirc que les Russcs n'cusscnL

pas sur nous un jour d'avancc, et ne fusscnt pas

des lors enmesure de nous précédcr sur Ja route

de Saint-Pélcrsbourg ou sur ccllc de Moscou.

Napoléon rcnlra done triste cL afTcclé dans la

dcmcure qu'on Jui al'ait r·éscrl'éc

u

Smolcnsk, et

se vcngca deses déplaisirs en bl:imanL bcaucoup

Ja malhabilcté des généraux cnncmis, <¡ui vc–

naicnL, sclon lui, de sacrificr

12

mille hommes

sans aucun motií raisonnablc. Si , en cfTct, ils

n'al'aicnt pas obéi

it

un sentimcnt puissant, lcur

conduilc cut été injuslifiablc; mais ils avaicnt

cédé

a

un entrainemcnl irrésisliblc en cherchan!

a

nousdisputcr Smolcnsk, cL, bienqu'habitucllc–

mcnt laraison soil lavrnic lumiC1·c

it

suivrc dans

la guerrccommc dans la politiquc, il faut recon–

naitrc que le creur n'égarc pns toujours, cL les

Russcs, en nous rclenant dcux jours dcvant

Smolcnsk, s'étaient souvés, sans qu'ils s'en dou–

lassent, de laplusdangcrcuscdes combinaisonsde

lcur rcdoulablc aclvcrsaire. Quoique ayant pcrdu

Smolensk el des millicrs d'hommcs, ils étaicnt

moins confondus par l'événement que Napoléon

lui-mCmc.

Des juges sévfrcs, <lcl'enus aprcs Ja chute de

Napoléon aussirigourcux pour lui que la forlune,

JuionL attribué l'insucccs de ses cornbinaisons,

aussiprofondément conQues cependant que toules

cellcs qui ont immorlalisé son génie. lis Jui ont

ndressé des reproches donL les foits ci-dcssus

rapportés peuvcnL montrer le plus ou moins de

·fondcmcnL. Dans le projet d'cnvclopper Je princc

llagralion, ou de l'isolcr au moins pour le reste

de la carnpagnc, on avu, en efTct, queNapoléon

n'a\'ait pas asscz exaclemcnLapprécié les diffi–

cullés que le pays et les dislonces opposeraient

it

Ja jonction du roi Jérómc avec le maréchal

DavousL, qu'il nvait trop maltrailé son jeunc

frérc, et mis trop pcu de troupes

a

Ja disposition

du maréchal. On pouvaiL done Jui imputcr une

part de ce prcmicr insucccs. Dans le projct de

défiler dcvanL Jccamp deDrissa,dc passcrensuite

brusquemcnt laDwina entre Polotsk cLWitcbsk,

pour déborder llarclay de Tolly et le ]ll'cndrc

a

rcvers, l'cxécuLion arnit répondu

a

la concep–

tion,el on ne poul'ait lui reprocher qu'nnc chosc,

c'était d'avoir lui-mCmc,

a

force degucrrcs,appris

la gucrrc

a

ses enncmis, lcsqucls, s'étnntaperQus

a

lcmps du dangcr qui les

mena~ait,

s'cn étaient

Lirésen fnisant violencc

i1

lcur maiLrc.Enfin,dons

Je dcrnicr projct, on a bJamé Napoléon d'avoir

poussé lrop loin son mouvcmcnL tournant, de

J'avoir poussé jusqu'a franchir le Dniépcr pour

venir rcpasscr ce fleuvc

a

Smolensk; on adit qu'il

aurait dú s'arrclcr a\'ant d'arriver au Dniépcr,

rcmonler ce flcuvc par la rivc clroitcau licu deJe

rcmontcr par la rivc gauchc, et tourncr les

Russcs par Nadwa. (Voii·la carle nº 55.) Mais les

foits montrcnL qu'il avaiL pesé toulesces chances,

de conccrL a1•cc le maréchal Davoust, el quec'cst

aprcs de múrcs réflcxions qu'il avaiL résolu de

chcmincr par la rivc gauchc, que les Russcs

n'occupaicnL pas, ce qui lui ofTrail pour les lour–

ncr un trajr.t plus prompl et plus sur, quoiquc

plus long.

11

rcssort , en cfTct, des événcmcnls

c¡uc, s'il eút suivi !'avis

contrairc,

il cUt trouvé

a

Nadwa Ilagration se battant :wcc déscspoir, que

pl'obablcment il cúL attiré les llusscs enmassc sur

lcur gauchc, cLcouru le risque de se foil'c acculcr

lui-mcmc au Dniépcr. Les foits le justificnt done

ici complélcmcnL. D'autrcs juges cncorc ont di!