MOSCOU. -
AOUT
1812.
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risque de vcrser bien du sang, mais avec la prcs–
que certitude cl'ensevclir douze ou quinze mille
d'entre eux sous les ruines de la vieille cité mos–
covite, et de produirc dans !'ame de ces soldats
exaltés, sinon un complet aballement, du moins
uneforte impression de terreur.
Le signa! donné, chacun aborda les Russes
conformément
1
la place qu'il occupait. Adroile
la cavalerie, d'nbord conlenue, ful lancée sur le
plateau qu'on avait lnissé vacant, et qui s'étcn–
dait jusqu'nu Dniépcr. Les eseadrons du général
Ilruycre refoulcrent une brigade de dragons
russes, et protégcrent l'établissement d'une bat–
terie de soixaute bouches
a
feu, que Napoléon
avait ordonné de disposer sur le bord mcme du
fleuve, pour foudroyer Smolensk, pour prendre
d'enfilade le p.ont qui servait de communication
entre les dcux partics de la vi lle, et battrc aussi
la riveopposéc ou lesRusses étaient en bataille.
L'artillcrie cnnemie voulut ripostcr, maiselle ful
bicnlót réduile
i1
se lairc.
Pendant cettc opéralioo préliminairc, cxécu–
tée
a
notreextreme droitc,le princc Ponialowski,,
se porlant entre la droitc et le centre arce son
infanterie, attaqua franchcment les faubourgs
de Raczenska et de Nikolskoié, défendus par la
division Névéroffskoi, el parvint avccses bravcs
troupes jusqu'it la tete de ces faubourgs. Au
centre, le rnaréchal Davoust refoula les avant–
postes russes dans les faubourgs de Uoslawl et
ele Micislaw, et
comrnen~a
un fcu d'artilleric
violcnt contrc les faubourgs et la ville , qui
élaient défcndus en cet cndroit par les divisions
Konownitsyn et Kaptscwitch. A gauchc, Ncy,
s'avan~ant
avec deux divisions, et en laissant
une troisiemc en réserve, fit aborder par la di–
vision Marchand la citadclle, contre laquclle le
46' avait échoué la vcillc. Des broussaillcs
épaisses empéchaient de discerner la forme et
la
faiblcssede cctte citadclle, construitc en tel'l'c,
non palissadéc,et facilc
a
enlevcr. Ncy n'osa pas
la bt·usc¡ucr par le souvcnir de ce qui lui était
arrivé, mais il pénélra dans le faubourg de
Krasnoé, occupépar ladivision LikliaczclT, qu'il
rcfoula jusqu'aux fossés de la villc.
C'élait le momcnt choisi pour l'allaquc princi–
pale que le maréchal Davoust devait cxécuter
prochéQ Napoléond'avoirforl inulilcmcnl \°Cl'Sé tles lorrcnts
des:ing tlc\':l11lSmolcnsk,au llcudercmonlcrlcOniépcrpour
le ¡rnsscr sur la gauchc des
Bus~cs.
Lc.s détailsdaus lcsqucls
noussommescntrfs prouvcn1qu'ilf,111Lbienconnail1·elcsfails,
el
y
bien rcg:irdc1·1 :l\'nnt d'ílccuscr Napoléon 1\'nvoil· sur le
lerrniu 111anqué dopcnscr l\l'icléc quiéi:1itpralicublc. Quancl
ses passionsl'Cgaraicnl, ilu'étail,hélas!quetropfocilcl\cri-
contre les faubourgs de Micislaw et de Roslawl.
Une grande route séparant ces dcux faubourgs
et descendant sur la ville, aflait aboutir
a
la
porte de Malakofskia. Le rnaréchal dirigea d'a–
bord la division Morand sur cctle routc, pour
s'en cmparcr, isolcr en y pénélrant les dcux
faubourgs !'un de l'autre, et rcndrc plus fucile
l'allaque de front dont ils allaient étre l'objet.
Le
·15°
légcr, conduit par le général Dalton, et
appuyé par le 50• de ligne, joignil
a
la ba'ion–
nctte les troupes enncmies qui élaicnt en avant
de la roule, les rcfoula avec une vigucur irré·
sistible, lcur enlcva un cimcticreou clicss'étaicnl
élablics, puis , s'cngageant sm· la route cllc–
méme, sous une gre!e de bailes parties de tous
les cótés, vainquit tous les obstaclcs, et aux
ycux de l'armée, saisic d'admiration, rejeta les
Russes jusque sur l'cnccinle de la villc. C'élait
avcc la bravc division Konownitsyn que les
·15'
et
50«
régimcnts avaicnl été aux priscs, et ils
avaicnt jonché la tcrre de ses rnorts. Au mémc
instant, et un peu sur laganche, la division Gu–
din, conduile par son général et par le rnaré–
chal Davoust en pcrsonnc, attaqua aussi vigou–
rcuscment le grand faubourg de Micislaw, que
défcndait la division Kaptscwilch, la repoussa
d'abord
¡,
la ba'ionnctte jusqu'a l'cntrée du fau–
bourg, puis y pénétra
a
sa suite, la chassa de
rue en ruc, et la mena ainsi jusqu'au bord du
fossé, au momcnt oú la division Morand
y
arri–
vait de son colé par lagrande route. Adroitc, la
division Friant avait enlevéavec moins de diffi–
culté le faubourg deUoslawl, et élait parvcnuc
commc les dcux autrcs divisions dcvant l'cn–
ceinle, d'oú clics auraient pu étrc foudroyécs
toutcs lrois si des emiJrasurcs pour l'artillerie
eussent été ti1énagécs dans !a vicillc muraillc.
Toutefois elles
rc~urcnt
des toursquclquesbou–
lets et quelqucs obus. Mais ce furcnt les llusscs
qui curcnt le plus
i1
souffrir, car, rejctés
a
la
poinle des ba'ionncllcs jusquc dans les fossés de
Smolensk, fusillés cnsuite
a
bout porlant, ils ne
lrouvaicnt, pour rentrcr en ville, que quclqucs
rarcs issucs pratiquécs dans l'cnceinte.
Ccpcndant les Uusscs, auxqucls Jlai·clay de
Tolly avait cnvoyé comme rcnfort la division
du princc Eugcne de Wurlcmbcrg, cssayc1·ent
liquc1·. J.orsqu'il agissait surlc terr:1in,sanscéder !l :rncune
des passions qui le dominaicnt 1ropsourn1l
1
il eslrarr,clon
pourrail !lifficilcmcntcn citcr <lcs excmplc5, qu'il manqu:\l a
cequ'il yuvr1il il fuirc
1
el<¡u'il
yctil uuc
combi1rnisoncxCcu–
tal>lc c¡ui lui écha11p
1\l.J.cstlCloilsc¡uc noustlonno11sici,clqui
sont puisés1l dcssou1·ccsaulhcutiqucs
1
cnfournisscntunc
llOU\'CJlc pl'CU\'C,