2ti8
Ll\11\E QUAllANTE-QUATRIEME.
infanlcric, pcndanl c¡uc la cavalcric de G1·ouchy
déboucbait sur la droilc, el se portait ii la ren–
conlre d'un gros corps de cavaleric russc.
Ce
corps ayant foil mine de nous chargcr, le 7• de
dragons se précipila sur lui au galop, !'aborda
vigo11reuscmcnl, et le refoula sur la ville. Mural,
toujours au milicu de ses cavalicrs, batlil lui–
memc des mains en voyant ccttc chargc du 7• de
dragons. L'artillcrie atlcléc de Grouchy étant ac–
couruc sous un officicr aussi hardiqu'habile, le
coloncl Griois, couvrit d'obus lescscadrons rus–
scs, et les obligca de renlrcr dans les faubourgs
de Smolcnsk.
On employa ainsi le temps jusqu'a l'arrivéc de
l'Empereur el de l'armée. Napoléon survint vers
le milicu du jour, et Ncy se bata de lui mon–
trcr le pourtour de
la
place qu'il avait déjii re-
connu.
Smolcnsk, commc nous vcnons de le dirc, cst
sur le Dniéper, au pied de deux rangécs de co–
teaux qui resserrent le cours du Ocuve (voir la
carlc n°
~7).
La vicillc ville, de beaucoup la plus
importante, cst sur la rive gauchc, par laquclle
nous arrivions; la ville nouvcllc, ditc faubourg
de Saint-Pélersbourg , cst situéc sur la rive
droilc, par laquclle arrivaicnt les Jlusses. Un
pont les réunit. La vicille ville csl cnlouréc cl'un
ancien mur en briques, épais de quinzc picds a
sa base, haul de vingt-cinq, et de distance en
distance flanqué de grosscs tours. Un fossé a1•ec
chcmin couvcrt et glacis, le tout mal tracé, pré–
cédait et prolégeait alors ce mur, trcs-antericur
ii
la scicnce de la fortification modcrnc. En nvant
et aulourde la villc, on apercevait de grands fau–
bourgs, !'un dit de Krasnoé,sur la routc de Kras–
noé, louchant au Dniépcr; l'aulrc au centre, dit
de Micislaw, du nom de la roulc c¡ui vicnt y
aboutir; un lroisicme plusau centre, <lit de Ilos–
lawl, par le mcmc motif; un quntricme a droitc,
<lit de Nikolskoié; un cinquicmc et dcrnicr, dit
de Ilaczenska, forman! l'extrémitédu dcmi-ccrcle
el allanl s'appuycr au Dniépcr. Des hautcurssur
lcsqucllcs l'arméc était vcnuc succcssivcmcnt se
rangcr, on découvrail la vicillc villc, son cn–
ccinlc flanquéc de tours, ses rucs torlueuscs et
inclinécs vcrs le Ocuvc, une bcllc el antiquc ca–
ll1éd1·alebyiantinc, le pont qui joignail les deux
ri1'cs du Dniépcr, au dela enfin la nouvcllc villc
s'élevant sur les cotcaux vis-a-vis. On voyail ar-
1·ivcr par la rivc droitc du Dniéper des troupes
nombrcuscs, donl la marche rapidc annon9ait
que les soldals russcs accouraicnt en massc pour
défcndre une cité c¡ui lcur était prcsc¡uc aussi
cbcrc que Moscou. Napoléon, s'il n'avait plus
l'espoir de surprcodre Smolensk, et de déborder
facilement Barclay de Tolly, s'en dédommageail
par l'cspérancc de voir l'arméc russc déboucher
tout cnticrc pour livrer bataillc. Une grande
victoire gagnéc sous les murs de cettc ville, sui–
vic des conséqucnces qu'il savait tirer de toutes
ses victoircs, lui suffisait.
11
avait apprispar une
profondc cxpéricocc qu'a la guerro ce o'cst pas
toujours le succcs cherché qui se réalise, mais
que, s'il y en a un, et qu'il soit grand, pcu im–
porte quece ne soit pas cclui qu'on a prévu et
désiré.
En effet, le prince Bagration rcmootait en
toute bate larive droitc du Dniépcr, par un mou–
vcmcnt parallcleau nótre, et Barclay, venaot de
son cóté par la route transversale qui mene de la
Dwioa au Dniéper, commen9ait
a
paraitre sur
les hauteurs opposées ii cclles que nous occu–
pions, L'un et l'aulrc averlis des desseios de Na–
poléon, el revenos de lcur projct d'offensivc, se
portnicnt avec cmpressement
a
ladéfcuse dc·l'an–
tique cité russe, et, bien c¡ue ce fut une grande
imprudcncc que de combatlre daos cette posi–
lion, livrcr Smolcnsk saos la disputcr était une
hontc qu'ils ne pouvaicntsupportcr,que!que dut
ctrc le résultat. Oo oc discuta point, on céda
i1
un mouvemcnt involontairc, et on se distribua
sur-lc-champ les rólcs sansaucuoc conlestation ',
11
yen avail dcux ii rernplir, tous deux forl im–
portants. Le premicr, le plus indiqué, était celui
de défcndrc Smolensk. Mais si, tandis qu'on se
battait pour Smolensk, Napo!éon ne faisant
qu'unc attaquc simuléc, passait le Dniéper au–
dessus, cequi était possiblc, le lleuvc dans cctlc
saison et en cct cndroil étant guéablc, on pou–
vail etrc tourné, coupé
a
la fois de Moseou et de
Saint-Pétcrsbourg, et exposé
a
un vrai désaslrc,
cclui memc dont on était mcnacé, sansqu'on s'en
dout;it, dcpuis le début de la campagne.
11
ful
done convcnu que leprincc Bagralion avee lase–
conde arméc irait prcnd1·c position au-dessus de
Smolcnsk, sur le bord du Dniépcr, pour en sur–
veiller les gués, tandis que Barclay deTolly dis–
pulcrait la villc cllc-mémc aux Fran9ais. Ccttc
distribution des rólcs était la plus naturellc, car
il était plus faeilc au princcBagration, nrrivé le
premicr, et ayant de !'avance sur le reste de l'ar–
mée russe, de se portcr au-dcssus de Smolcnsk.
ll partil immédiatement, et alla se postcr avec
1
On n
p1·~té
au
g~néral
Borclny de Tolly toutc
esp~ce
de
motifs pour cxplic¡ucrla dt!fcnsc dcSmolensk. Lc,princcEu–
g~nc dc Wurtcmbcr¡;, militaircaussibrnvc quespiritucl,¡iar-