LIVRE QUARANTE-QUATRIEME.
opéralion, les Russes delcur coléenpréparaicnt voulaicnt combatlrc. Dans la ,;ssc de l'arméc,
une moins bienconccrtée, et qui n'avait pas les ou l'on n'élait pas asscz éclairépour apprécicr le
mcmcs chances de réussir. Le prince Bag1·ation mérite J'unc retraite calculéc, on qualifiait de
s'était réuni par Smolcnsk a l'armée principalc. luches tousccux qui parlaicnt de rcculcr cncorc.
Apres les perles cssuyécs dcvant Mohilcwetdans Les soldats allaicnt jusqu'a insultcr le bravc Dar–
les marclics, il n'amcnait pas plus de
1,5
millc clay dcTolly, ccquccelui-ci supportaitavecune
hommes
a
Barclay de Tolly, et portait ainsi
a
indilTérence apparcnte, mais avcc un chagrin
15!í mille hommcs environ, prul-étre
o
11!0, intérieur, d'aulant plus profond qu'il était plus
l'armée Lotalcopposée1 Napoléon. Ce qui sub- caché. Daos ccrlains moments meme, le mou–
sislait du plan général adopté par l'ernpereur vement des esprits étant poussé jusqu'a l'insu–
Alexandre, et modifié depuispar les événements, bordination, il avait élé obligé de faire fusiller
c'était la résolutio11, tout en conlinuant
a
se re- quclqucs mutins trop audacieux dans·lcurs dé–
tircr dcvant l'armée
fran~aise,
de profiter chernin monstrations. Pourtant
i1
asscrnbla le 5 aout un
faisantdes fautes qu'clle pourrait comructtrc. Or conscil de gucrre auquel assisterent , outre les
on croyait en avoir
aper~u
une fort grave dans deux généraux en chef Barclay de Tolly et Ba–
la
di~pcrsion
apparcntc de ses cantonncrucnts. gration, legrand-ducConslantin, legénéralYcr–
En les voyant commcnccr
a
Souragc, se conli- rnolof et le eoloncl Toll, l'un cheí d'élat-rnajor,
m1cr par Wilcbsk, Liosna, Ilabiuowiczi, jusqu'11 !'nutre quarlicr-maitre général de la premierc
Doubrowna, on les supposait dispcrsés sur plus arméc, le corntcdeSaint·Pricst,chefd'état-major
de trenlelicues. On ncsavaitpas qu'aussilótqu'on de la sccondc, el le colonelde Wolzogcn, rcpré-
aurait pcrcé le ridcau des bois et des marécages, scntant leplusdistingué du systcmcde rctraitc.
on rcnconlrcrait Murat avcc ·14 mille cavalicrs, Le coloncl Toll fit valoir, avec la vivacité et les
appuyé immédiatcmcnt par les 22 millc fantas- formes tranchanlcsqui lui étaicnt proprcs, l'idée
sinselu maréchal Ncy, ce qui faisait !out de suite de l'olTensive, et cut le succcs qu'on a toujours
56 mille comballants cl'une qualité ;1dmirablc, quand on parle daos lescns de la passion domi-
capablcs de lenir tele au triple ele forces, dcvant nante. Le général Darclay ele Tolly el le coloncl
clrc rcjoints en quclqucs heurcs par les 50 millc Wolzogcn firent valoir en vain les avanlagcs
hommcs des divisions Morand, Friant, Gudin ! d'unc rclrailc, qui avait pour but d'attircr les
on nesavait pus qu'on rccevrait en ílanc les 25
\lran~ais
dans les profondeursde la Russic, etde
mi lle hommcs du princc Eugcne et les 50 mille les assaillir seulcmcnt quand ils scraient asscz
de la gardc; que ele Lcllcs troupes, de tcls géné- alTaiblispourqu'on put infailliblcmcnt triomphcr
raux, disposés d'aillcurs avcc tant el'art les unsa de lcur valcur. On ne les coruprit pus, ou l'on
cóté des aut1·cs, n'étaicnt pas fuciles
a
surprcn- fcignit de nepas les comprendre, eton
fit
a
lcurs
drc,
a
troubler, et
a
mcltre en déroute par une raisonncmcnts l'accucil le plus froid. Barclay de
allaquc iruprévuc sur !'un de lcurs canlonnc- Tolly n'avait d'étranger que le nom, le coloncl
mcnls! Quoi qu'il en soit, les généraux russcs, Wolzogen avait
a
la fois le nom et l'o1·igine. On
qui formaicnt plulót une oligarchie militairc lcur laissa voir asscz claircruent la défiance qu'ils
qu'un ét•l·rnajor subordonné
a
un scul chcf,car, inspiraient, et l'ofl'cnsive ful immédiatcmcnt ré-
ainsiqu'on !'a vu, legénéral Darclay de Tollyne solue, bien queconlraire
a
touteraison.
11
n'était
cornmandail au princc Dagralion qu'cn qualité pus probable, en clTct, que l'cmpcrcur Napoléon
de ministre ele la guerrc, les généraux russes, fUl dcVCllU toul
a
COUp un généra]
OSSCZ
novice
louL en lrouvant fort sage l'idéc elese rctil'cr jus- pour campcr pcndant quinzc jours si pres de
qu'a ce qu'on cut suffisarnrncnt alTaibli l'arrnéc l'cnncmi sans avoir pris ses précautions. On lui
fran~aisc,
ne cédaicnl
a
ccttc idéc qu'a conlrc- supposait plus de 200 millc hommcs sous la
creur, et en éprouvant 11 tout momcnt le désir rnain, ce qui étaiLcxagéré; mnis il suffisait qu'il
d'cssaycr d'une balaillc, s'il se préscnlait une encut 100 rnillesculcrncnt,
a
porlée les uns.dcs
occasion favorable de la livrcr. Surlout depuis nutres, pour c¡u'avcc les 11>0 mi lle horumcs dont
que les dcux armécs élaient réunics, et que du ondisposait, et donton pouvait Lont au plusfaire
nombre de
no
millc hommcs on était rcvcnu
a
eoncourir80millcsurunmcrncpoinl,onfutarrclé
cclui de11.0 mi lle environ, il y avaitdes raisons court, et, vingt-c¡uatrc heurcs apres unealtaque
de plus
a
faire valoir en favcur clu projet de ris- imprudente, enveloppé, cntrainé Dicu sail
1\
qucr une balaillc. Le princc Bagration, avcc son qucllcs conséqucnccs. Muis il cst rarc que les
ardcur accoutumée, élait 1 la
lctc
de cc11x qui hommcs conserven! lcur raisonenpréscnced'une