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MOSCOU. -

AOOT

1812.

2~7

qu'elle parvint

a

franchir' et courut

a

la pour–

suite des Russes. Le général Névérofl'skoi avait

formé son infanterieen un carré compacte, avec

lequel il suivait la large route bordée de bou–

leaux qui menait

a

Smolensk, et tirait parti le

mieux qu'il pouvait de l'obstacle que ces arbres

présentaient aux attaques de notre cavalerie.

Profitant de ce que nous n'avions pas d'artillerie,

il

faisait

ii

chaque halle feu de toute la sicnne,

et couvrait nos cavaliers de mitraille. Mais cha–

que fois que le terrain arrctait ce gros carré

russe, et le

for~ait

a

se désunir pour défüer, nos

escadronsprofitaicnt

a

leur tour de l'oceasion, le

chargcaient, y pénétraient, lui prenaient des

hommes et du canon, saos réussir toutefois

a

le

disperser, car il se reformait aussitót l'obstacle

franchi. Ces fantassins pelotonnés ainsi les uns

contre les autrcs, défendant leurs drapeaux et

leur artillerie, et sanscesse assaillis par une nuée

de cavaliers, se retircrent jusqu'au hourg de

Korytnia, aprcs nous avoir mis hors de com–

bat 400 ou 500 cavaliers

morts.ou

blessés, mais

laissant en nos mains 8 bouches

a

feu, 700

a

800

morts, et un millicr de prisonnicrs. Si nous

avions cu notre artillcrie et notre infantcrie,

ilseussent certainemcnt succombé jusqu'au dcr–

nicr.

Notre avant-garde s'arreta en avant deKoryt–

nia, le gros de l'armée n'ayant pas dépassé

Krasnoé.

Le lendemain, on ne fit qu'une élape fort

courte, afio de se remettre ensemble. Le muré·

chal Davoust avait rendu

a

la garde la division

polonaise ClaparC<le,

a

Nansouty les cuirassiers

Valence, et avait repris ses trois divisions d'in–

fanlerie Morand, Friant, Gudin, fort heureuses

de se retrouver sous leur ancien chef. Les Polo–

nais quecommandait Poniatowski, les Wcstpha–

liens que Napoléon avait confiés au général

Junot, étaicnt rcntrés sous les ordres dirccls du

quarticr général, et se tcnaicnt

ii

la hauteur de

l'armée, vers son extremedroilc. La cavalcriede

Grouchy, enatlcndant que le princc Eugcne, qui

avait le plusde chcmin

a

foire, ctit rejoint, mar–

chait avec l'avant·gardc de Murat etdeNcy,

Le 15, on voulut sur ces bords lointains dn

Dniéper célébrcr la f¿te de Napoléon, au moins

par quelqucs salves d'artilleric. Tous les maré–

chaux vinrent,

cnlour.és

de lcurs états-majors,

lui présentcr lcurs hommagcs. Le canon rctentit

au mcme instant, et comme l'Empereur se plai–

gnait de ce qu'on usait des munitions précieuscs

a

la distance oti l'on se trouvait, les maréchaux

luí répondircnt que c'était avec la poudrc prisc

aux flusscs

a

Krasnoé qu'ils faisaicnt tircr Je

c:inondes réjouissanees. 11 sourit

a

cctteréponsc,

etaccueillitvolontiers les vivatsde l'armée comme

un signe de son ardcur gucrricre. Hélas! ni lui

ni ses soldats ne se doutaicnt des désastres af–

frcux qui, dansces mémcs licux, les otlendaicnt

trois mois plus tard

!

Le lcn<lcmain 16 ooút, l'avant-gardecut ordre

de marchcr sur Smolcnsk, ou l'on espérait entrcr

par surprise, car n'ayant rencontré que la divi–

sion NévérofTskoi, dont un ticrs était pris oudé–

truit, on supposait quecrtte villedevait étre pcu

gardée, et par eonsé,1uent dcstinée

a

nous ap–

partcnir en quclqucs hcures. Dans ce pays rap–

proché des pólcs, et dans cette saison,

il

faisait

grand jour avant trois heures du matin. La cava–

lcric de Grouchy se porta en avant avcc l'infan–

tcric de Ney. Arrivéc sur les coleaux qui domi–

ncnt Smolcnsk, d'oú l'on plonge sur la ville batie

au bord du Dniéper, elle pul jugcr que l'espé–

rance de

la

surprendre était peu fondée. On

découvrit en cfTet audela du Dniéper une troupe

nombrcuse qui entrait dans les rnurs de Smo–

lcnsk. C'élait le 7° corps, celui de flaélfskoi,que

Bagration,

commen~ant

a

s'apercevoir de notre

mouvcment, y avait dirigé en toutc bate. Lui–

méme,

s'avan~ant

a

marches forcécs par la rivc

droile clu Dniépcr, dont nous remontions la rive

gauche, courait au sccours de l'antique cité de

Smolcnsk, place fronticrc de la Moscovic, qui

était chere aux Russcs, et que pcnclant plusicurs

siccles ilsavaicnt violcmmcnt disputée aux Polo–

nais.

Apeine Ncy s'était-il approché d'un ravin qui

le séparait de la ville, qu'il fut assailli par plu–

sicurs centa{ncs de Cosaqucs embusqués,

rc~ut

une baile dans le collct de son habit, et ne fut

dégagé qu'avcc bcaucoup dedifficulté par la ca–

valeric légcre du 5' corps. Ayant

aper~u

a

sa

gaucbc c¡u'une partie de l'cnccintc de Smolensk

était fcrméc par une citadcllc pcntagonalc en

tcl'l'e (voir la carie n• 57), il cssaya de l'cnlcver

avcc le

1;6'

ele ligne. Mais ce régiment, accucilli

par unegrclcdebailes, pcrdit500ou400hornmcs,

et ful ohligé de se retircr. Ncy, ignorant

a

que!

point la villc était abordable de ce cóté, et ne

voulanl pas d'ailleurs risc¡ucr une échaufTouréc

avant cl'ctr·c rejoint par Napoléon, s'arrcta pour

!'attcndrc. Pcu

a

pcu le reste du 5° corps arriva,

et se rangca en ligne sur les hauteurs d'oú l'on

découvrait Smolcnsk au-dessous de soi. Ncy

s'établit

a

gauchc et pres du Dniépcr avcc son