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LIVRE QUARANTE-QUATRIE!IE.

de reprendre l'offensive, en exécutant de vio–

lentes sortics par les poi-tes de Nikolskoié et de

Malakofskia. Le princc Poniatowski, arrivé de–

l'ant la porte de Nikolskoié, cut besoin de toute

la bra\'Oure de ses Polonais pour ramencr les

Russes daos l'intérieur de la l'il!e. 11 en fal!ut

tout autant au maréehal Da1•oust devant la porte

Malakofskia. 11 avait affaire

a

la division Konow–

nitsynet

a

la division du princede Wurtembcrg,

qui !'une et l'autre rcvinrent

1t

la charge avee fu·

reur. On les refoulo ccpcndant, et on les con–

traignit de1·entrer par la porte Malakofskia, de

laquelle elles avaient tenté dedéboucher. Le gé–

néral Sorbier oyant sur ces entrefaitcs ameué la

réserved'artillcriede lagarde,eomposéedepicces

de

12,

on la disposa de maniere

a

prendre soit

1t

gauehe, soit 3droite, les fossés d'enfilade, ce

qui obligea les Russes

a

se renfcrmer définitive–

ment dans l'intérieur de Smolensk. Alors on di–

rigca conlre l'cnceinte tout ce qu'on avait

d'ar–

tillerie. Mais les boulets,

s'enfon~ant

daos le

vieux mur en briques, n'y produisaicnt pas

grand effet. On cut recours

a

un autre moyen,

ce fut de tirer daos la l'ille par-dcssus les murs,

et on y employa plusieurs eentaines de picces de

canon. Cbaque projcctilc ou ravageait des mai–

sons, ou tuait en grand nombre les défenscurs

accumulés dans les rucs et sur les places pu–

bliques.

Aprcs six heures de ce terrible combat, l'ob–

stacle de l'cnccintc, c¡uc nous ne pouvions pas

forcer, que les Russcs n'osaicnt plus francbir,

finit par séparcr les combnttants. 'Le maréchal

Davoust, au centre, prépara tout pour enlever la

ville le lcudcmain matin, aprcs l'avoir accabléc

toute la nuit de projcetiles destructcurs. Napo–

léon lui fil dire qu'il fallait l'cmporter :\ tout

prix, et Jui laissa le choix des moyens. On ne

pouvait effcetiverncnt, sans produire une im–

prcssion morale des plus rachcuscs' surtout

aprcs al'oir perdu autant de monde, acccptcr le

róledegens qui avaicnt été repoussés.

Le maréchal Davoust, d'accord 01•cc le géné–

ral Haxo, qui était ollé sous un feu épouvantable

rcconnaitrc l'cnccinle, résolut de donncr l'assaut

sur un point qui paraissait acccssiblc, et qui

élaitsituévcrs notredroilc, entre l'emplaccmcnt

du I" corps et cclui du princc Ponialowski. 11

y avait lá une ancicnnc breche, <lite breche Si–

gismonde, qui n'avait jamais été réparée, et qui

n'élait fcrméc que par un épaulcmcnt en lcrrc.

Le général lfaxo ayant déclaré la position abor–

dable, le maréchal Davoust destina au géuéral

Frian! l'honncur de mcncr sa division

a

!'assaut

Je lcndcmain matin.

La nuit fut épouvantablc. Les Russcs, faisant

cnfin le sacrificc de cclte cité chérie, qui venait

de lcur coitter tant de sang, se joignircnt

iI

nous

pour la détruire, et y mircnt volontairerncnt le

fcu, que nous n'y avions mis qu'involontaire–

mcnt a1•cc nos obus. Au milicu de l'obscurité,

on vit jaillir tout

1

coup des torrentsde llammes

el de fumée. L'arméc, dcbout sur les hauteurs,

fut l'ivement frappée de ce spectacle cxtraordi–

nairc, semblablc

iI

une éruption du V,\suvc dans

unebelle nuit d'été

1 •

On presseulit

iI

cet aspect

toute la fureur qui allait signalcr la présenle

guerre,et sansenctrc époul'anlé on en fut ému

ccpendant. Nolre nombrcusc artillerie vint njou–

lcr de nouvellcs llammes

iI

cct incendie, afin de

rcndre le séjour de Smolcnsk inhabitable

a

l'en–

ncmi.

En elfet, le sang qui avait coulé en abondancc

parmi les Russcsavait satisfait chez eux

a

l'hon–

neur, au dcvoir,

a

la piété religicuse,

a

tous les

sentimcnts qui les al'oicnt portés

a

combattre en

cctle occasion. Ilarclay de Tolly, aprcs avoir sa–

crifié le ealcul au scntimenl, ramcné cnfin au

calcul, prescrivit

iI

Docloroff,

a

Névérolfskoi, au

prince Eugcne de Wurtemberg, d'évacucr Smo–

lcnsk pcndant la nuit, ce qu'ils fircnt en metlant

partout Je fcu, afin de nous livrer le cadavrecal–

ciné plutót que le corps de cettc grande ville.

A Ja pointe du jour, quclqucs soldats du ma–

réchal Davoust s'élant approchés du rctranche–

mcnt en lcrrc qu'ils dcvaient enlcl'cr, et ne le

trouvant pas défcndu, le gravircnt, cnlendirent

l'acccnt slavc de l'nut1·c cóté, se crurent d'abord

tombés au milicu des Russcs, mais rcconnurcnt

bicnlót les Polonais, qui venaient de pénétrer

par le faubourg de Raczenska, lcur donnerent

la main, et .coururcnt porter cettc bonne nou–

vcllc au marécha!. Alors on pénétra en masse

clans la ville, qu'on s'empressa de disputer aux

llammes, dans l'espérance d'en sauvcr une par–

tic. 11 y ornit dans les faubourgs dcux ou trois

Russes morlspour un

Fran~ais,

ce qui s'expliquc

par l'clfct mcurtricr ele notre:irtillcric, et par la

situation des llusscs, placés longtcmps

1

décou–

vert entre les faubourgs· et l'cnccinlc. Notre

perle récllc ful de 6

1

7 millc morts ou Llcssés,

cclle des Russes, d'opres

IM

évaluations les plus

exaclcs, de

12

ou

·J

5 milie au moins '.

1C'csl

l'cxp1·c~sion

de Nupoléon dans sonbullcti11.

' On uccom¡mud pasquc M. de lloutourlin aitpu allri-