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MOSCOU. -

AOUT

1812.

26~

qu'au Iicu de chcrcher a tourncr les Russes par

leur gauchc,

¡¡

aurait du songer

a

les tourner

par leur droitc, c'cst-a-dire par Witcbsk et

Sourage; qu'il aurait du par conséqucnt re–

monter la Dwina, puisse rabatlre sur les Russes

par Ieur droite et les acculcr au Dniépcr. Mais

la carie prouve que son calcul était bien préfé–

rable a cclui de ses ccnscurs, car en rejctant les

Russes sur le Dniépcr, il les cut rcjctés sur le

pont deSmolensk, qu'ilsauraicnt passé sansdiffi–

culté, aprcs quoi ils auraicnt rcgagné librement

I'intéricur de l'cmpirc par les provinccs méri–

dionalcs, qui étaicnt les plus ICrtiles, et ofTl'aicnt

lechamp le plus vaste

11

une rctraitc continuc.

En les tournant par lcur gauchcau contrairc, en

les rcjctant sur la Dwina, il les rcjctait dans un

angle formé par la Dwina et la mcr, et pouvait

ainsi les yenfcrmcr complétemcnt. (Voir lacarte

n' M.) 11 suffisait pour cela qu'il cut acquis sur

eux une ou deux journécs d'avancc en les débor–

dant. C'est lU le motif profoncl pour lcquel

il

avait toujours tcndu a déborder par leur gauchc,

et non par lcur droitc, les Russcs campés sur Ja .

Dwirrn. Éviclcmmcnt ce qui l'avait fait échoucr

ici, c'était l'évcil dans lequcl il les avait trouvés,

c'était I'éncrgie qu'ils avaient déployée

a

Snw–

Iensk, et ce n'est pas son génie militaire qu'on

surprencl en fautc, c'cst ce que nous appelons sa

politique, sa politiquequi I'avail conduil

a

braver

les Iieux, qucls qu'ils fussenl, et

a

pousscr ics

hommcs au désespoir

a

force de les 1•ouloir domi–

ncr. Or, les Iieux méconnus, les hommcs poussés

audéscspoir, qu'cst-ce, sinon la nature deschoses

résistanl invinciblemcut

a

qui prétcnd lui faire

violcncc?

Tandis que Napoléon rentrait daos I'intfrieur

de Smolcnsk pour donncr des soins

a

sonarmée,

tandisque nos pontonnicrs, malgré un fcu trcs–

vif de tiraillcurs, s'cmprcssaienl de jctcr des

ponts, les généraux russcs s'occupaicnt d'assurer

lcur retraitc. lis avaient bcsoin de se Mtcr, car

laroutede Moscou, longcant pendant I'espace de

quclqucs licues la rive clroitc du Dniépcr (voir

la carte n' 57), étail cxposéc a toutes les tenta–

tivcs des

Fran~ais,

qui pouvaient bien finir par

découvrir les gués du lleuvc, et par le passcr

pour Ieur barrer lechcmin. Mais, s'il faul peu de

tcmps pour se décidcr quand on agil dans Je scns

de la passion générale,

iI

en faut dnvanlagc

quand on agit en scns contrairc. Barclay de

Tolly, qui

a

chaquc pas rétrograrle blcssait les

passions desonarmée, ne prit que le

18

au soir,

Iorsque nos ponts étaicnt aehcvés, le parli de

livrcr définitivemcnt la ville nouvclle aux Fran–

~ais.

JI ordonna done au princc Bagration de se

porler en avanl pour s'emparc'r des points les

plus importants de la route de Moscou, que les

Fran~ais

dcrnienl étre tentés d'intcrccptcr, et il

fit ses dispositions pour le suivrc avec l'armée

principale. Cette route rle Moscous'avance droit

3 l'csl, Iorsqu'on a frnnchi l'ouvcrlure de·vingl

licues elont nous avons cléja parlé plusieurs fois,

et qui existe entre les sources de

la

Dwina el

ccllcs du Dniépcr; elle rcncontre ainsideux fois

les sinuosités du Dniéper, une premiere fois

a

Solowicw.o,

11

une forte journée de Smolcnsk, et

une scconelc fois

it

Dorogobouge, qui en cst

a

dcux journécs. (Voir la carte n' 55.)ASolowiewo

la routc de Moscou passait ele la rive droitc du

Dniépcr occupéc par les Russcs, sur la rive gau–

cbc occupéc par les

Fran~ais.

L'arméc en retraite

pouvait done y ctre arrclée. ADorogobouge la

roule rcncontrait le Dniépcr une dcrnicre fois,

et on y trouvail dcrricre I'Ouja, pctile riviere

qui se jctte daos le Dniépcr, une position ou il

y avait aussiquelquc utilité

a

nous p1·évenir. Le

général Barclay de Tolly prcscrivit au princc

Bagra1ionde se portcr toul desuitesur Dorogo–

bouge, et résolul ele se rcndrc lui-mcmc

a

Solo–

wicwo, en partant le ·18 au soir, et en marchant

toutc la nuit afin d'yarrivcr

a

temps.

~lais

cette

rctraite, facile pour leprince Bagration qui avait

beaucoup d'arancc, ne l'élait pas pour legénéral

Barciay ele Tolly, qui était cncorc

a

Smolcnsk, et

ne dcvait en sorlir qu'au elernier momcnt. De

plus la route de Moscou, pendant dcux licues

cnviron, longeait le Dniépcr de si pres, qu'clle

était cxposéc

a

une subite irruption des Fran–

~ais.

Le général Barclay de Tolly

con~ul

la pcnsée

d'

évit.cr

ce danger en prenanl des chcmins de

travcrsc qui le meltraienl hors d'attcinte, et le

ramcneraicnt sur lagrande route

a

une distance

de trois ou quatrc licues, vers un cndroil ap–

pclé Loubino. En conséquencc il divisa en deux

colonncs l'arméc qui était sous ses ordrcsdirccts.

L'unc, composéc des 5° et

6"

corps, sous le gé–

néral Doctoro!T, des 2' el 5° corps de cavalcric,

de toute la réscrvc d'artillerie el des bagagcs,

dul fairc le détour le plus long, el passcr par

Zykolino, pour aboulir

a

Solowicwo.Lascconde,

composéc des 2

11

,

5° et

/¡.e

corps, et du

f er

de ca–

valc1·ic, conduite par

le

Iieutcnant général

TouczkolT, dcvait faire un détour moins long, et

passer par Krakhotkino et Gorbounowo, pour

tombcr sur r.oubino. (Voir les cartcs n" 55 el