LIVl\E QUAIIANTE-QUATillEME.
Legrand et Verdier avee les cuirassiers, et si les
Russes tentaient de ¡rnsser la Drissa dcvant lui,
il avait en se précipilant sur eux tous les moyens
ele leur faire cssuyer un sanglant échec.
11
employa la journée du
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a
opérer ce mou–
vcmcnt rétrograde, et il se trouva le soir en
dc~U
du gué de Sil'olschina, ayant ses tiraillcurs le
long de la Drissa, les dcux divisions Lcgrand et
Vcrdier
o
quelque distance en al'l'iere, les cuiras–
siers prets
i1
soutenir l'infanlcrie, la dil'ision
Merleen ohservalion vers Polotsk. Nos tirailleurs
al'aicnt ordre, si les Russcs passaienl la Drissa,
de ne leur résislcr qu'autnnt qu'il le faudrait
pour les atlirer,et de prél'enir
i1
l'instant le quar–
ticr général de leur approche.
Dans la nuit du
5·1
juillel au 1" aotil, les
llusses marcherent sur
la
D1·issa, el des le matin
du ·l" noúl corumircnt l'imprudenee de la tra–
vcrscr. C'cst ccqu'altendail lemaréchal Oudinot.
Aussilótqu'il les vit engagés au tlclft de la riviCre,
il
lan~a
d'abord sur cux la prcmiere brigadc de
la clivision Lcgrand, el puis la sceonde. Courir
sur les Russcs, les pousscr, les culbuler dans la
Drissa, ful !'affaire d'un instant. On leur tua ou
blcssa pres dedcux mi lle hommcs, et on leur en
prit plus de dcux mille, a\'ee une partie de leur
artillcric. La divisionVerdicr, s'étant mise
il
lcur
poursuitc, íranchit nprCs cux la Dl'issa, et, em–
portée par son arclcur, se laissa entrainer lrop
loin. Elle enlel'a encore beaueoup d'hommes aux
Husses, rnais malhcurcuscmcnt clic s'cn Jaissa
prendre quelques-uns lorsqu'il f.1llut repasser la
Drissa. Ce faible dédomnwgemenl nccordé par la
forlune aux Russes n'empccha point que eetle
journée ne ful pour eux un sanglanl éclicc : ils
y
perdirenl 4
il
5 mi lle hommes en morls, blcssés
ou prisonniers ; les jours précédenls lcur en
avaient coulé 2
:i
5 mille. Nous nvions pcrdu de
notre cólé, dans ccltc suite de combats, de 5
¡,
4
mille hommes, dont 500 ou 600 rnorls, 2 mille
blcssés et plusicurs ccnlaincs rle prisonnicrs. La
fatigue nous avaitmis enoutrc quclques hommcs
hors de serl'ice. Le maréchal Oudinot, cerlain
d'avoir pour quclquc lcmpsdégouté les Jlussesde
s'nttac¡ucdt lui, nese trouvant pasasscz fort pour
s'éloigncr de la Dwinn avcc 24 mi llesoldaIs lres–
fatigués, jugca plus conl'cnable de revenir
a
Po–
lotsk mCmc, oú il avnit ses pares, ses vivrcs, et
oú il pouvail laisscr s'éeouler en surclé, et dans
une sorle de bicn-ctrc, les chalcurs qui avaicnt
forcé Napoléon lui-mcme
1
s'arrcler
a
Witebsk.
L'al'anlage cl'ctre
1
cinqou six licues en a\'ant de
Polotsk, loujours inquict pour ses llancs et pour
ses dc1·rieres, obligé d'épuiscr ses chevaux afin
d'amcncr au camp les vivrcs qu'on avait
a
Po–
lolsk, ne valail pas les peines que ccllc position
offcnsil'e del'ai! COÚtcr, Il n'y al'ail
a
la quiller
qu'un scul inconl'énicnt., c'était de perdre l'effet
mornl des suecos oblenus. Le maréchal Oudinot
informa Nnpoléon de ce qu'il avait fait pcndant
ces dernicrs jours, et déelara que, si on ne lui
aceorclnit du repos et des rcnforts, il sernil dans
l'impossibililé d'accornplir la tache qui lui était
imposée.
Pendanl que le maréchal Oudinot ngissait de
la sorte, lemaréchnl Macdonalcl, avee la dil'ision
polonaise Grandjean, et les
'17
mille Prussiens
qui lui étaient confiés, s'étnit porté sur la Dwina,
et a\'ait conquis la Courlande par une marche
rapide. (Voir la carie n•
51..)
Les llusscs en se
retirant, pris en llanc par les Prussiens, avaient
9ssuyé dans les environs de Mitau un échec assez
gral'e, et s'étaient repliés précipitamment sur
Higa, nous livrant Milau el toute la Courlande.
C'élail un fait digne de remarque que la vigueur
avcc laquclle se battaient pour nous des nlliés
qui uousdéteslaient et qui ne faisaicnt la guerre
qu'il contI·e-creur. L'lionneur militairc, si vive–
menl excité chez cux par notro présence, les
rendnit prcsque plus braves pour nous qu'ils ne
l'avaient été conlre nous.
11
faut ajouler que
lnndis que lesalliés apparlena11t
a
de pelitesar–
mées, comrne les Bavnrois, les Wurtcmbergeois,
les Westphaliens, déserlaient indivirluellement
quand ils pouvaient, les Prussiens el les Autri–
chiens, relenus pnr la puissance de !'esprit mili–
lnire, qui cst toujours proporlionnée
a
la gran–
deur des nrrnécs, ne déscrlaicnt pns, sauf
a
nous
abandonner en masse par une rél'olution dans
les alliances, qunnd le moment serait venu.
Le maréchal Maedonald enlrcprit avee les
Prussiens le blocus de Rign, et
a
la tele ele la
dil'ision polonaisc Graodjean s'approcha de Du–
nabourg, prudcmment toutefois, car cetle ville
passait pour trcs-fortifiée. Mais les Russes ne
voulant pas éparpiller lcurs forces, et se conlcn–
tant de cléfcndre !'importante place maritirne de
!liga, aprcs avoil)il'ré la tele de pont de Duna–
bourg aux troupes du maréchal Oudinot, lil'rc–
rcnt bienlót la ville elle-mcme aux troupes po–
lonaiscs du général Grandjean. Ln tache du
maréchal Macdonald se troul'ait des lors bien
simplifiée, puisqueeles clcux places de Uiga el de
Dunabourg il n'al'ail plus
o
prcndre que la pre–
miere.
~lais
cclle túche seule suffisait pour l'ar–
rcter longtemps, et peul-elre pendant toute la