MOSCOU. -
JUILLF.T
!812.
qualilé de eoloncl-comnrnndanl des gl'enadicrs
¡,
pic<l de
In
gordc, dignilé qui élail vaconlc ¡rnr la
rnort du général Dorscnnc, et dont il voulut
récompcnscr l'un des trois nncicns clivisionnnircs
du marécbal Dovoust. Ccllc réccplion cut licu
aux applaudisscmcnlsde loulc l'arméc. Le géné–
ral Frian! était alors le modele necompli ele ces
vcrlus gucrriercs formécs sous la républiquc,
non eorrompucs par les prospérités ele l'cmpire,
et consistan! dans la modcstic, la probité, le
dévoucmcnt au dropcau, la profondc scicncc du
mélicr unic
a
un véritable héro'isme. Napoléon,
aprCs
aYoir
serré dans ses bras cct hommc rarc,
dont les chc1•eux avaicnt déja blanchi sous les
ormcs, lui dit : "Man ehcr Friant, vous ne pren–
<lrcz ce commandcmcnt qu'ii la fin de la cam–
¡rngne; ces soldats-ci vont tout seuls, et il faut
que vous resticz avcc votrc division, oú vous
aurcz encore de grands scrviccs
a
me rcndrc.
Vous éles !'un de ces hommes que je voudrois
pouvoir placer partoul ou .ie ne puis pos clrc
moi-mCme.11
Nopoléon n'éloil pas le scul dans l'ai·méc
a
s'etrc
oper~u
de la grnvc difficullé des<lislanccs,
surloul dans un poys mal cultivé parcequ'ilétait
mal peuplé, avec un cnnemi qui se relirail sans
ccssc par nécessilé el par eolcul. Dans le prcnÍier
élan on n'avail pos doulé d'allcindre les Russes,
el de les battre une fois alleinls; mais la clrnlcur,
la mauvaisc nourrilurc ayanl loul
a
coup aballu
1
L'historienrusse Boutourlin, lemeillcur narraleur Cll'an–
SCr dc ccltc gucrre, adit (page4551torne ll dcsonou\'ra¡;c)
que la relrailcdes Russcs ª'':1ilélé l'effct, nond·un calcul dont
tout lemou<le s'était \'anté :iprCs eoup, m:ii:; <le la faihlcssc
111unérique<leleur arméc. Cctécrh•ai11 scnsé, ct génél'alrmcnt
im1ar1ial, éprouvait lc dési1·bie1111aturcl de rédui1·e i1 lcur
juslcvalcurlcs prélcntions llcccuxqui onl\'Oulus'allrihucr
ei.:clusi1'cmentla t;loirc desévéncmcuts1\c 1812,ctsc fairc un
méritc1le cc qui nefulle plus sou1•cntquc le¡wo<luitduha–
sard,ou plutótla fautc1lcccluiquidirigcait l'a1·méc
fran~uisc.
Jl esthicnvrai, cncfTe1, c1ucl'al'll1éc 1·usse sc 1·c1irait parcc
qu'ellc 11c pouvaitpas fai!'caulrcmcnt,ct quc fo1'1 sou\'Clll
l'eutrainemcnldcs passionsagissant chczcllccu scnscon11·aire
dc laraiso11,elleclitlin éhalaillcsiso11 infél'iol'iténunHi1·i<1ue
lclui cUtpcrmis. Jl est hicn v1·ai cneorec¡ue lcs mou1•emenls
de l'armécrussc,a lcs consiclé!'Cr 1fons leu1·s mo1ifstlcchaque
jot11\furc11tplutóLeo111mamlés par !cscirconslanccs dumo–
miml1<1uedirigésd'aprCs un plau général.nfais ce scruitmé–
connailre aussiune pa1·1ie nonmoins impot·tantedcla 1•él'ité,
c¡uc de 11e pas \·oirqu'uumilicudes varialious 1¡uotitlic11ues
d'Mées, ¡irotlui1es parunesituation\•iolcnte,il yavai1 ccpcn–
<ln11luncpcnsécgénérale, existant tlans toutes lcs tClcs illllé–
Jlcmlammenl du plan du géné1·al Pfuhl, penséc cousii.t:rnt ;'1
Cl'Oi1·c que plus 011 rétrogratlaiL ''crs le ccntl'c 1lcl'cmpirc,
plus les
Fran~aiss'uffaibliss<lient,
etplus les llussesdcvenaicnl
rclativcmelllforts; r¡u'il ne fullait doncpas se t1·op
cha~rinc1·
tl'1111mou\'cmentrét1·og1·adcindéfinimcnt. eonliuué,ct1¡u'o11 y
pmlailplus en apparcnecc¡u'cnrC:ililé. Lal1:iinc, l'oq;ucil
1
lultaicntsansdoutc contrccelle pcnséc,ctla couduitcdcs gé-
les forces, on
eommen~ail
ii
mesurci• les espaccs
pareourus,
u
s'inquiéler de ccux qu'il faudrait
pnrcourir cncore, et on se dcinnndaiLavec une
sorlcdcchagrin c¡uand cst-ce qu'on pourraitjoin–
dre l'arméc ennemic
'?
C'élait lesujel des enlre–
licns des généraux, des offieicrs el des soldals
eux-mémes. - Ces misérnblcs fuicnl toujours
!
s'éeriaicnL les solelnls.- Ces rusés, clisnient bcau–
conp J'officicrs, vculcnt nous cntrnincr l1 leur
suile, nous fatigucr, nousépuiser, et nousassnil–
lir quancl nous scrons assez réduils en nombre
el en force physiquc pom· n'ctrcplus a eraindrc.
- Cellc. <lernicrc pcnsée ovait surlout germé
dans les rnngs les plus élcvés de l'orméc, el on
cnlcndail se dcmander autour de Napoléon s'il
ne scrniLpos lcmps de s'orrcter, puisqu'on élait
arrivé nux vé1·itables limites qui séparaient l'on–
cicnne Polognc de la Moseovie, el pour ainsi dirc
l'Europc de l'Asic; ele s'étahlir solidemcnl sur la
Dwina el sur le Dniépcr, de fortifier Witcbsk et
Smolcnsk, de prendrc Riga a gauehc, des'éten–
clrc
it
clroite jusqu'cn Volhynic et en Podolic,
d'insurgcr ces provinccs, d'orgnniser la Pologne,
de lui crécr une nrmée, un gouvernement, de
préparcr aussi les canlonncmcnls cl'hiver, et
d'y allendre avec des troupes réorganisées, bien
armécs, bien nourl'ies, cantonnéessur unebonnc
froulierc, que les llusses vinssenl nousredcman–
dcr la Polognc les armes
u
la main. Dons ce eas
la répons9 ne préscntail pas de doule, el il n'y
nCrauxrusses futle résul1al tl'11nperpétucl conOit c111rc le
calculqui conscillaitdcrétrogradcr etlapassion<¡ui poussait
a romballrc. Une autrc idée moius ¡;énéralcment répanduc,
alaqucllc Alexamlrcs'étaitforl :ttl:iché, ctc1ueseulil pouvail
mellrc il.cxéeu1ion, parce qucse11l il don11ail dcs ordres aux
armées éloi¡;nées de Finlnndc, de Volhynic et tlc Moldaric,
élnit celle d'agir Sur l1:s ílancsdeJ'¡lJ'lnée
fratu;:ai~c,
qtrnmlelle
sernillout ilfail cngngéc 1lans l'inté1•ieurdc l:i Bussic. CcUc
it!Ccétait aussijusle qucccllcdc1·C1rognuler jusc1u'il l'cnticr
épuiscment1le l'tmnécfrnn¡_:aisc,ct l'uncetl'autt·cuppliquécs
a propos tlc1•aicntma\hcureusemenlpOt11' 00llS3\'0i1·dcSCOll–
séquenccsimmcnscs. Ccstlcuxidées,ins¡1irCes 1t tout lc mondc
par la nnt11re
nt~mc
deselwses, composC1·cnt lc plandes Rus–
scs, ct cllcs nppartinrcnt a l'csprit cle tous liicn plus
f¡tt'U
\'es1H"itd'un scul,cequiconfirmel'assc1'tionsijustedu gé11él'QI
Clauscwilz, r¡uclacnmpagnc llcl812sc íit prcsc¡uetoulcsculc.
LcgCnéral Pfuhl,e11 lcssys1ématisantben11couptrop
,lesg3.tnpcul·Ctre pa1•dcs cxagél'otions, mnis ccs idécs u'cncxistt1icnt
pas moi11schez lui ctcliez d'au11·cs
1
eL Alcxa11cl1'C, Jorsqu'il le
l'éeompcnsaplt!s lart!, mo1111•a une justicegéni'·rcusc el déli–
catc. Quanl ;)[a peusécdcsc 1·c1ircr, lcgé11Crl1I Uoutour·lin,cn
aceor1lant licaucoup :'1lanecessi1é,dilnni,nrnis ilexngCre
en ótantnucaleuls:i parl 1•C1·itablc. On était forcédesc1·c1irer,
maison se rclirait a\•cc la con\•iction que le dommagc rérl
étaitplussraud
pour l'armCc fran~aisc1¡ueponr \'arméc1"usse.
Si no11s insistons po111•écl:iirc1rcepoiutde foil,c'cst parcc
c1u'il cst1lu1lel'oirdcl'histoi1·edc p1·éciscr l'o1·iginc dcs 1·Cso–
lu1ions1¡uiont clrn11gé lufoce du monde. ;\ c1uclsoi11 $C\'OUC–
rait l'hisloirc, siellc 11Cgligcait celui·lb.?