PASSAGE DU NIÉMEN. - '"'" 1812.
185
franchir JeNiémcn.
A
pnrtir de cct cndroit., dix
jours de vivres
<lcvnicnL
nous conduirc nu mi–
Jieu de la Lithuanie. Afin d'assurcr ce résultat,
Napoléon se rendit
¡,
lnsterbourg, oti il nrriva
le 17 juin au soir.
Le plan général ele ses premicrcs opérntions
était définitivcment arrcté dans sa tete, et e'était
it Kowno qu'il voulnit passer le Niémen.Ses vues
encela étaicnt,commc toujours, aussi vnstcs que
profondcs , car s'il a pu avoir des égnux commc
taetieien sm· le ehnmp de bataille, il n'a cu ni
supérieurs, ni égnux dans In dircction générale
des opérations militaires. Pour eomprendrc ses
motifs,
il
faut jeter un rcgard sur les vastcs eon–
trées qui aJlaient SCl'l'ir de théatreUCette gucrre
formidable, la plus g1·ande cerlaincment et la
plus tragiquc des siccles.
Les immenses plaines qui de la mer Baltique
s'étendent jusqu'it la mer Noire et
a
la
lllCI'
Cas–
pienne, sont lraversées d'un cóté par l'Odcr, la
Vistulc, laPrégcl, Je Niémcn, la Dwinn,
ncll\
1
cs
coulant
it
l'ouest, de !'nutre par le Dnie ter, le
Dniépcr (ou Borysthcne), le Don , le Volga,
lleuves coulant
a
l'cst, et composent, commc on
le sait, le territoire de la Vicille-Prussc, de l'an–
cienne Pologne , de la llussie. (Voir la eartc
n• 27 .) C'est dans ce ehamp si vaste que Napo–
léon, de tous les gucrricrs eonnus cclui qui a
embrassé les plus grands espaccs, car du cou–
chant it l'orient il est alié de Cadix i1
~loscou ,
et,
du midi au nord, du Jourdain aux sourccs du
Volga, c'est dans ce champ qu'il allait essaycr
de vaincre, par les efforts de son génie, la plus
grave des difficultés de la guerrc, cellc des dis–
tnnccs, surlout quand elles ne sont ni lwbitécs
ni cultivécs. Les pnrtics inférieurcs et pour ainsi
dire les embouchurcs de l'Odcr, de la Vistule,
de
In
Prégel, du Niémen, formenL le territoirc
qui scsonl allachés
~
rcpréscntcr Napoléon commcayanl été
:imcné3ccllegucrremalg1·élui,ctaprCsavolrépuisé to11slcs
moyensde l'évitcr. Asesycux lcs missionsdonnécs tourlt tour
li
M.deNarbonne eta
M.deLaul'istonn'avaicntd'a1111·c objcl
quc dcprévcnirla ruplu1·cavec laR11ssic,etcepcndantlc
lcxlc mt':me des dépCchc.i
prOU\'C
invineiblcmcut c1u'cllrs
rwaic111pouruni<¡ue hutclcgag11erllu tcmps
1
dnnsun i11lfrCt
cxelusivement militairc. Quant
á
ta cofülition d'évflcucr la
Prussc el les places fo1•tes de l'01lcr, il Ja preud commc uu
outragc,tandis c¡u'onnc dc¡nan1lnit c¡uel'assurancc dc cl'ile
éw1cuation, la négocintionélant tcrminécau gré des p:1r1ies.
Rclativementnux placesdel'Odc1·,011nedemandaiti'lNapoléo11
deles rcstituc1·c¡u'aprCs lcsco11trilrntions degucrrcacc1uit–
técs, ai11si <111ccclu ré.iullail 1lc Ja co1l\'c11tio11tlu 17 seplcm–
brc 181)8. Enfiu
~L
Faiu
fait
di1le1· la 1·ésolutio11 tic rom1ll'c
sculcmenl dcGumbinncn cttlu 19, joui·oUM. Prévosl
1
sceré–
lairc 1le la légation
fran~aisr,
vint deSai11L Pétc!'shoui·g uuuon–
ccr le rcfus essuyé pll.r
~l.
de Lnu1·iston 1·el<1tivcment audési1·
i¡u'il avail cxprimé de se remire
á
\Vilna, lantlis <¡uc cctlc
lristc, nrnis prodigieuscmcnl fcrtilc de InVieille–
Prussc. En rcmontnnl ces íleuves etenmarehanl
de l'occidcnt
a
l'o1·icnt (voir In enrtc
11'
~'•),
on
atteint des eonlrécs plus snblonneuses, moins
couvcrlcs ele sol Yégétul, oú il existe moins de
culture matéricllc et moralc, moins d'hnbita–
tions, plus de forcls et de maréenges,. ou se
monlrcnt, nu licu de Yillcs nombrcuscs, propres,
richcs, cL protestantes, des villagcs catholiques,
sales, aceroupis pour ainsi dirc autour de cM–
leaux hnbités par une noblcssc brarc et oisivc,
et une (0111·milicre de juiís pullulant pnrtout ou
ils trouvent
1i
cxploilcr la parcssc et l'ignorancc
ele peuplcs i1 dcmi harbares. Plus on s'élcvc, en
allant
1i
l'oricnt, vcrs les sourccs de la Vistule,
de In N:ircw, du Niémen, de la Dwina, plus ou
déroul're les caracteres que nous Yenons de dé–
erire. Par1'en11 nux sou1·ccs ele la Vistulc et de
sc·s affiucnts.
n
ccllcs cl11 Niémcn et de la Dwina,
pour
se porlcr sur !'nutre vcrsnnl, c'cst-3-dire
nux sourccs clu Dnicstcr et clu Dniéper, on rcn–
ront1·e un sol dont In pente inccrtninc, n'offrnnt
nucun
écoulcrnenl nux cnux. rsl couvcrlc
de ma–
rérnges et ele sombres forcts : on est la clans la
Vicille-Polognc, dans la Lilhuanic, au plus épnis
de ces eontrées humicles, boisécs, qu'on tJ·avcrse
sur de longucs suites de ponts, jclés non-scule–
mcnt sur
les riviCrcs, mnis sur les mnréengcs,
et
oú les routcs, i1 défaut de la picrre qui manque,
sont établics sur des lils de íaseincs, et sur des
roulcnux de bois. En marelrnnt to11jo11rs
1i
l'est
U
trnvcrsccttc région, onnrrivc entre les sourccs
de la Dwinn et du Dniépcr, qui sont distantes
d'unc vinglninede licues, et on se trouvc pincé
ainsidnns une cspCcc d'ouycrlurc, comprise de
Wilepsk i1 Smolcnsk, par lar¡ucllc on sort de la
Vicillc-Polo~ne
pour cnt.rcr en Hussic. Alors les
cnux eoul:int pl11s franchemcnt, les marécages,
résolu1ion
1
Jéjtifo1·tnnciennc,íutmntél'icllcmcntpl'Ísclc l6il
Kccnigsbc1·g,<¡uoic¡11c reportéea11!2pnru11111e11songe a\'Oué
daus la d:itc. Nous :1joute1·ons <1u'íl
y
a eles liistoriens, aussi
uuifs 1laus lcur hainc c¡ue M. Faiu
dan~
sou i1lol:\11·ic, r¡ui sup–
posent qu'cn 1·ccc,•n111
~L
PrC,•ost le 19
1
N:ipolfon se Jina aux
ll'ansporls ll'unceolCrebul
'lr.sc¡uc,cl, 11e se posst!dantplns
1
rompil In paix, et frn11ehit le Niémeu. Or
1
lc!<i
1loeul!lc11ls
:rnthcuti¡¡ucsq11iexislc11L ío11ttoml.ierto11sccs1·éei1sdc\'nmou1·
el deln liai11!:,e111·epor1a11Ln11 IG,jot1r ol1 lescalculs dc
Napoléon le dCcitlt1ie11La a¡:;il·, la
rC~otu1ion
.le la 1·uptu1·c.
Napoléon uc
fü
pas un seul eITol'Ipour lnpaix,c<H' il voulait
laguerrc,IJicnqu'cnílpp1·oclrn11l1lumomcntil cn scnlil
dava11tagc lc1lnugcr, elnc fcignitllcuégoeicrque pou1·a''ºir
le
temp~
d'arrh•c1· sur le Niémen sanscoup fé
1·ir.Eneherchant
a le pcitllll't commc uue \•iclimc, 011
le rcml 1·idieutc, ca1·
011c11IC\•cn11lion s!lc1·initirc ctscs o11glcs pourcnfairc 11n
mou\011 Ou lui óleniusisa force sans lui 1lo1111cr la mansué–
lullt c¡u1il n'a\'uil pas, ct on fait 11nc so1tc cnric:11ut·c dc sa
figurcaussi grnntlc<1u'ori¡;inutc.