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LIVRE QUARANTE ET UNlEME.
snpossession Ill'cslau, Ncissc, Schwcidnitz, dans
In haute Silésic, Spandau vcrs le conllucnt de la
Sprée et du Havcl, Graudentz sur la Vistule,
Colbcrg sur Je lilloral de Ja Poméranie, Pillau
sur le Frische-Haff, sans complcr Krenigsbcrg,
la capilale de la Vicillc-Prussc, et il avaiL dé–
ployé une grande activité dans les travaux de
ces places, surlout dans ccux de Colbcrg el de
Graudcntz. On employait plus parLiculieremcnL
a
litre d'ouvriers les vicux soldats dont la con–
scrvation était importante, c.t qu'on gardait ainsi
sous la main au dela des 1,2 millc hommcs pcr–
mis par les traités. L'intcntion du roi et de M. de
Hardenberg, quand ils ne pourraicnt plusdissi–
mulcr ces armcmcnts, était de les avouer, d'cn
dirc le motif, qui ctaiLle projct imputé
a
Napo–
léon de commcncer la gucrrc contrc Ja Russie
par la suppression des restes de Ja monarchic
prussiennc, de parler en gens désespérés. et de
placer Ja Francc dans l'altcrnativc ou d'acccpter
lcur alliance sincere, au prix d'unc garantic
solcnnclle delcur cxistcnceet dediverses restitu–
tions territoriales, ou de les avoir pour cnnemis
acharnés, luttant jusqu'au dernicr hommc pour
la défcnsc de lcur indépcndanee. C'était, apres
tout, Ja poli tique Ja moinsehaneeuse, bien qu'cllc
cut ses dangers; et quant
a
la proposition d'al–
lianec, clic s'cxpliquc de Ja parl du roi et de
M. de Hardcnbcrg par l'opinion, généralc alors
en Eu1·opc, que vouloir combattrc Napoléon
était une folie. Avce une tcllc maniere de pen–
scr, tout en détcstant dans Napoléon l'opprcs–
seur de l'Allcmagne, Je roi et son ministre
croyaicnt plus sagc de s'allicr
ii
lui, de refairc en
Je seeondanl Ja siluation de Ja Prusse, de larc–
faircaux dépens de n'importc qui, plutót que
de s'cxposer
a
Cll'Cdétruit définitivement.
Les choscs en étaient arrivécs 1 un Le] point
qu'il fallait parler claircmcnt, car de part et
d'autrc dissimuler était dcvcnu impossiblc. Na–
poléon, en cffet, averLi de tous cotés, avait
ordonnéau maréchal Davoust de se leni1· su1· ses
garclcs, de 'se préparcr
i1
pousscr la division
Frianl sur l'Odcr, afin de coupc1· a11
roi de
Prusse Cl
a
son arméc la rcLraite
Slll'
la Vistule,
afin tle l'cnlcvcr lui et la majcure pn1'lic ele ses
tl'oupcs au prcmicr acle inquiétant, et avail en
outre prcscril :\ ce maréchal de tcni1· prcts trois
pctits pares ele siégc po11r
prc~dre
en quclqucs
jours Spandau, C1·audcntz, Colbcrg et Ilreslau.
Ces ordres donnés, il avait cnjoint ¡,¡¡.de Saint–
Marsan, qui était a111bassadc111·de Fl'auee, d'avoir
une cxpliealion péi'emptoirc avcc le cabinet de
Bcrlin, de Jui demande¡ sous forme d'ultimatum
le désarmement immédiat et eomplet, et, si cet
ultirnatum n'était pas acecpté, de se rctirer en
lil'l'ant au bras du maréchal Davoust Ja monar–
chie dugrand Frédérie.Ces détails suffisent pour
montrcr qucllc gravité prcnaicnt de tous eótés
les événemcnts.
11 s'étail passé et il se préparait des événc–
ments non moins graves dans le voisinogc de Ja
Prussc, e'cst-a-dire en Danemark et en SuCde.
Le Danemark, astreint comme tout le reste du
liLtoral europécn aux lois du bloeus c01itinental,
'était ficlele
a
ces Jois autant qu'on pouvait J'at–
tendre d'11n État allié défondant la cause d'au–
trui ; car, bien que le Danemark rcgardat la
cause des neutres eommc la siennc, au point oü
en étaicnt venucs les choses la cause des neu–
trcs avait malhcureuscment disparu dans une
autre, cellc de l'ambition de Napoléon: Le Da–
nemark, compasé d'iles, ayant une parlie de sa
fortune dans d'autrcs ilcs situées au dela de
l'Océan, ne pouvait vivrequede la mer, et quoi–
qu'il s'agit de la mcr dans Ja querellesoulevéc,
troul'ait dur, pour l'avoir libre un jour, d'en
étrc si complétcment privé aujourd'bui. Mais Ja
probité naturclle du gouvcrncment et du pays,
le souvenir du désastre de Copenhague, la hainc
eontre les Anglais, lecourage du prinee régnant,
sa dureté mcmc, tout concourait
a
fairedu Da–
ncmark l'allié le plus fidele de Ja France dans la
grande alTaircdu blocus continental. Ccpendant,
bien que !'esprit général fút dans ce scns, l'infi–
délité de quelqucs individus, la souffrancc dr.
<1uelques autl'Cs, cntrainaicnt plus d'un manque–
ment. Altana surtout,
pla~é
a
quelqucs pas de
Hambourg, servil cncore aux eommunications
avcc l'Anglcterre. Les négociants de Jlambourg,
dcvcnus
Fra.n~ais
malgré cux, et eomme tels
soumis aux rigourcuscs lois du bloeus, cxposés
de plus
il
l'inílexible sévérité du maréchal Da–
voust, craignant (ce qui arrivait quelquefois)
qu'on ne vint visiter leurs livrcs de commerce
pour savoir s'il>cntretenaienL des rclations avcc
l'Anglctcrrc, n'avaient gardé
1t
Hambourg que Ja
résidence de leurs familles et uvaient
a
Altona
lcurs comptoirs, lcurs livrcs, leurs registres de
COl'l'CSpondances. Jls passaicnt Ja journé'e
a
Al–
tona pour y vaquer
ii
lcurs affaircs, et Ja soirée
it
Hambou1·g pour vivrc dans Jeurs familles. lis
se scrvaicnt surtout de la poste d'Altona pour
lcurs corrcspondances, n'osanL se ficr
á
celle de
Jlambourg; et r¡uoiquc le roi de Danemark
sccondt\t franchcment Napoléon, il n'avait pu