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26

LIVRE QUARANTE ET UNlEME.

snpossession Ill'cslau, Ncissc, Schwcidnitz, dans

In haute Silésic, Spandau vcrs le conllucnt de la

Sprée et du Havcl, Graudentz sur la Vistule,

Colbcrg sur Je lilloral de Ja Poméranie, Pillau

sur le Frische-Haff, sans complcr Krenigsbcrg,

la capilale de la Vicillc-Prussc, et il avaiL dé–

ployé une grande activité dans les travaux de

ces places, surlout dans ccux de Colbcrg el de

Graudcntz. On employait plus parLiculieremcnL

a

litre d'ouvriers les vicux soldats dont la con–

scrvation était importante, c.t qu'on gardait ainsi

sous la main au dela des 1,2 millc hommcs pcr–

mis par les traités. L'intcntion du roi et de M. de

Hardenberg, quand ils ne pourraicnt plusdissi–

mulcr ces armcmcnts, était de les avouer, d'cn

dirc le motif, qui ctaiLle projct imputé

a

Napo–

léon de commcncer la gucrrc contrc Ja Russie

par la suppression des restes de Ja monarchic

prussiennc, de parler en gens désespérés. et de

placer Ja Francc dans l'altcrnativc ou d'acccpter

lcur alliance sincere, au prix d'unc garantic

solcnnclle delcur cxistcnceet dediverses restitu–

tions territoriales, ou de les avoir pour cnnemis

acharnés, luttant jusqu'au dernicr hommc pour

la défcnsc de lcur indépcndanee. C'était, apres

tout, Ja poli tique Ja moinsehaneeuse, bien qu'cllc

cut ses dangers; et quant

a

la proposition d'al–

lianec, clic s'cxpliquc de Ja parl du roi et de

M. de Hardcnbcrg par l'opinion, généralc alors

en Eu1·opc, que vouloir combattrc Napoléon

était une folie. Avce une tcllc maniere de pen–

scr, tout en détcstant dans Napoléon l'opprcs–

seur de l'Allcmagne, Je roi et son ministre

croyaicnt plus sagc de s'allicr

ii

lui, de refairc en

Je seeondanl Ja siluation de Ja Prusse, de larc–

faircaux dépens de n'importc qui, plutót que

de s'cxposer

a

Cll'Cdétruit définitivement.

Les choscs en étaient arrivécs 1 un Le] point

qu'il fallait parler claircmcnt, car de part et

d'autrc dissimuler était dcvcnu impossiblc. Na–

poléon, en cffet, averLi de tous cotés, avait

ordonnéau maréchal Davoust de se leni1· su1· ses

garclcs, de 'se préparcr

i1

pousscr la division

Frianl sur l'Odcr, afin de coupc1· a11

roi de

Prusse Cl

a

son arméc la rcLraite

Slll'

la Vistule,

afin tle l'cnlcvcr lui et la majcure pn1'lic ele ses

tl'oupcs au prcmicr acle inquiétant, et avail en

outre prcscril :\ ce maréchal de tcni1· prcts trois

pctits pares ele siégc po11r

prc~dre

en quclqucs

jours Spandau, C1·audcntz, Colbcrg et Ilreslau.

Ces ordres donnés, il avait cnjoint ¡,¡¡.de Saint–

Marsan, qui était a111bassadc111·de Fl'auee, d'avoir

une cxpliealion péi'emptoirc avcc le cabinet de

Bcrlin, de Jui demande¡ sous forme d'ultimatum

le désarmement immédiat et eomplet, et, si cet

ultirnatum n'était pas acecpté, de se rctirer en

lil'l'ant au bras du maréchal Davoust Ja monar–

chie dugrand Frédérie.Ces détails suffisent pour

montrcr qucllc gravité prcnaicnt de tous eótés

les événemcnts.

11 s'étail passé et il se préparait des événc–

ments non moins graves dans le voisinogc de Ja

Prussc, e'cst-a-dire en Danemark et en SuCde.

Le Danemark, astreint comme tout le reste du

liLtoral europécn aux lois du bloeus c01itinental,

'était ficlele

a

ces Jois autant qu'on pouvait J'at–

tendre d'11n État allié défondant la cause d'au–

trui ; car, bien que le Danemark rcgardat la

cause des neutres eommc la siennc, au point oü

en étaicnt venucs les choses la cause des neu–

trcs avait malhcureuscment disparu dans une

autre, cellc de l'ambition de Napoléon: Le Da–

nemark, compasé d'iles, ayant une parlie de sa

fortune dans d'autrcs ilcs situées au dela de

l'Océan, ne pouvait vivrequede la mer, et quoi–

qu'il s'agit de la mcr dans Ja querellesoulevéc,

troul'ait dur, pour l'avoir libre un jour, d'en

étrc si complétcment privé aujourd'bui. Mais Ja

probité naturclle du gouvcrncment et du pays,

le souvenir du désastre de Copenhague, la hainc

eontre les Anglais, lecourage du prinee régnant,

sa dureté mcmc, tout concourait

a

fairedu Da–

ncmark l'allié le plus fidele de Ja France dans la

grande alTaircdu blocus continental. Ccpendant,

bien que !'esprit général fút dans ce scns, l'infi–

délité de quelqucs individus, la souffrancc dr.

<1uelques autl'Cs, cntrainaicnt plus d'un manque–

ment. Altana surtout,

pla~é

a

quelqucs pas de

Hambourg, servil cncore aux eommunications

avcc l'Anglcterre. Les négociants de Jlambourg,

dcvcnus

Fra.n~ais

malgré cux, et eomme tels

soumis aux rigourcuscs lois du bloeus, cxposés

de plus

il

l'inílexible sévérité du maréchal Da–

voust, craignant (ce qui arrivait quelquefois)

qu'on ne vint visiter leurs livrcs de commerce

pour savoir s'il>cntretenaienL des rclations avcc

l'Anglctcrrc, n'avaient gardé

1t

Hambourg que Ja

résidence de leurs familles et uvaient

a

Altona

lcurs comptoirs, lcurs livrcs, leurs registres de

COl'l'CSpondances. Jls passaicnt Ja journé'e

a

Al–

tona pour y vaquer

ii

lcurs affaircs, et Ja soirée

it

Hambou1·g pour vivrc dans Jeurs familles. lis

se scrvaicnt surtout de la poste d'Altona pour

lcurs corrcspondances, n'osanL se ficr

á

celle de

Jlambourg; et r¡uoiquc le roi de Danemark

sccondt\t franchcment Napoléon, il n'avait pu