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LIVllE QUAllANTE ET UNIEME.

plaisirs tlu monde, ayant le gout de par!er, de

disscrtcr, d'cnscigncr, nrnissons des formes dog–

matiqucs cachanl une fincsse profondc, profcs–

sanLlusincérité, lapratiqunnt souvcnt, et, entre

bcaucoup de qualités éminenles, ayanl celle de

n'accorrlcr aux passions qui l'cnlouraicnl que

des satisfaclions en ¡moles, mais ne se laissant

condui1·c rn réalilé que par l'intéret deson pays

grandcmcnl cnlcndu, esprit supéricur, en un

mol, appclé 3cxcrccr pendant quaranlcannécs

une influcncc immcnsc sur l'Europc, ce ministre

clisait

b

M.

Otlo,

ª"ce

un singulicr mé!angc

d'abandon, de cordialilé, de confiancc en lui–

mCmc: - Laisscz-moi fairc,

cL

tout ira bien.

Votrc maitrc rcut en loulc chosc allcr lrop vite.

A Conslantinoplc vous ne commcltcz que des

fautcs. Vous croycz trop que les Turcs son! des

brutos

a

menor avcc le baton. Ces brutos sont

dcvenucs aussi fines que vous. Elles voicnl les

spéculalions donl clics sont l'objct de la parl de

tout le monde, et rlc votrc part notammcnt.

Ellcssavcntqucvous les avcz livrécs aux Russcs

en 1807, que maintcnant vous les voudricz rc–

prcndrc pour vous en scrvi1· contrc ces mCmcs

Husscs. Elles vous détcstcnl, sachcz-lc, el !out

ce quevous lcu1· diles va en scns conlrairc de

''OS

désirs. Tencz-vousennrriCrc, soyez réservés

1Constantinoplc, et nous arrachcronsdes mains

des Russcs la richc proic que vous avcz cu l'im–

prudcncc de lcur abaudonncr. Ficz-VOUS·Cn

a

moi, et les Turcs ne cédcronl pas la Moldavic et

la Valachic. Mais, de grncc, montrcz-vous le

moins possiLlc. Tout conseil qui vicnl de 1•ous

cst suspccta Conslanlinoplc. - Ces aris aussi

sagcs que profonds révélaicnt un état de choscs

malhcurcuscmcnt lrop vrai' Quand on arril'ail a

pal'lcr des probabilitésde gucrrc avcc la Hussic,

M. de Mcltcrnich conscillait fort la paix, disant

que !out grand qu'étail l'cmpcrcur Napoléon, la

fortuno pourrait bien le lrahir, car clic avait

trnhi bien des grancls hommcs; que loutcs les

chances, sansaucun doutc, étaicnten sn favcur;

que

ccpcndant.il

valait micux ne pas mclt1·c sans

ccssc au jcu; que, si par bonhcur l'crnpcrcur

Napoléon pcnsail ainsi, lui M. de Mctlcrnieh ne

dcmandait pas micux que de s'cntrcmcltrc, de

servir de rnédialcur anpresde la Russic , et que

proLablerncnt il réussirait; que quanl

ii

l'Au–

trichcclic était obligéc dese mt!nagcr Lcaucoup,

qu'ellc était cxtrémcmcnl fatiguéc, qu'cllc avait

grand bcsoin de rcpos, el que pOtll' l'cnt1·ainc1·

a

servir laFrunce dans une gucrrc qui conlrnriaiL

l'inclination de la nation aulrichiennc, il follail

un prix digne d'un te! cfforl, et capablc de fcr–

mcr la bouchc

a

lous les mécréanls de la poli–

liqucacluellc."

Ces parolcs el d'aul1·cs fincmcnt rnélées aux

plus hautes théol'ics indiquaicnt claircmcnt

qu'avcc une provincc on aurait une armic au–

trichicnnc, commc avcc laFinlandc on avait eu

jadis une arméc russc. Mais M. Otto

a

Vicnne,

M. de Bossano

a

Paris, avaicnt orclrc des'cnve–

loppcr d'aulanlde nuagcs queM. de Mcttcrnich,

eles qu'il scrait qucstion de l'lllyric ou de

la

Po–

lognc, el de dirc que la gucrrc ordinaii·emcnt

était fécondc en conséqucnccs, qu'on ne pouvait

fairc

a

!'avance la distribution du Lutin, muis

qu'avee Napoléon les alliés qui lui étaicnl utilcs

n'avaicnl jamais perdu lcnrs peines.

En Prussc la politiquc n'étail poinl aussi cal–

culéc, clicélail triste et découragéc. M. de llar–

dcnbcrg, qu'on avait loujours répulé.cnncmi de

la Franee, avail sollicité et obtcnu de Napoléon

l'anlorisalion de devenir le principal ministre de

la Prnssc. Le roi availdemandé qu'on lui laissnt

prcndrc ce ministre, disanl qu'il élait homme

d'csprit, le scul pcul-clrc dont

il

put se servir

ulilcmcnt daos les circonstanccs, qu'avcc lui on

ponrrait opércr les réformcs indispensables, et

payer

a

la Franco ce qu'on !ni dc1•ait. Napoléon

ne rcgardant pluscommc cnncmi unpcrsonnagc

qui se faisail rccomrnandcr de la sorlc, el forl

sensible surloul 1 l'cspérance d'Ctrc payé pai· la

Prussc, avait conscnti Uhiisscr arrircr M. de

Ilardcnberg au minislcrc, et cclui-ci en cffcl

avail opéré r¡uclqucs réformcs ulilcs, atlopté

r¡uclqucs mesures diclécs par un esprit libéral,

commc d'égnliscr l'impót, d'ouvrir l'nccCs des

grades ntous les oflieicrsde l'armée, ce qui avail

offusqué les nns, cnchanlé les aut.rcs, satisfait le

plus grand nombre, et ce que M. de llardcnLcrg

avait préscnlé

a

Napoléon comrnc une imitat.ion

frnn~nisc,

au pnrli gcrnrnniquc commc J'unc de

ces réformcs qui dcvaicnt attachcr les rnasscs au

gouvcrncment du roi, et fournir un jour les

moycns finnncicrs et mililaircs d'affranchir l'Al–

lcmagnc. M. de HardcnLcrg et les miqislrcs

prussicns avaicnt imaginé pour l'armée uncxpé–

dicnt, convcrli dcpuis en syslcrnc pcrmancnt

pour la Prussc, c'était d'avoir bcaucoup de· sol–

dats en paraissant en avoir pcu. On doit se sou–

venir qu'un arliclc sccrct du traité de

Tilsit.dé

fcndail que la Prussc cut plus de

1,2

millo hom–

mcs sous les drapcaux. Pom· éclwppcr

ii

cct ar–

ticlc, on avait choisi ce qu'il y avait de rncillcur

dans l'armée prussicnne, et on en avait composé