24
LIVllE QUAllANTE ET UNIEME.
plaisirs tlu monde, ayant le gout de par!er, de
disscrtcr, d'cnscigncr, nrnissons des formes dog–
matiqucs cachanl une fincsse profondc, profcs–
sanLlusincérité, lapratiqunnt souvcnt, et, entre
bcaucoup de qualités éminenles, ayanl celle de
n'accorrlcr aux passions qui l'cnlouraicnl que
des satisfaclions en ¡moles, mais ne se laissant
condui1·c rn réalilé que par l'intéret deson pays
grandcmcnl cnlcndu, esprit supéricur, en un
mol, appclé 3cxcrccr pendant quaranlcannécs
une influcncc immcnsc sur l'Europc, ce ministre
clisait
b
M.
Otlo,
ª"ce
un singulicr mé!angc
d'abandon, de cordialilé, de confiancc en lui–
mCmc: - Laisscz-moi fairc,
cL
tout ira bien.
Votrc maitrc rcut en loulc chosc allcr lrop vite.
A Conslantinoplc vous ne commcltcz que des
fautcs. Vous croycz trop que les Turcs son! des
brutos
a
menor avcc le baton. Ces brutos sont
dcvenucs aussi fines que vous. Elles voicnl les
spéculalions donl clics sont l'objct de la parl de
tout le monde, et rlc votrc part notammcnt.
Ellcssavcntqucvous les avcz livrécs aux Russcs
en 1807, que maintcnant vous les voudricz rc–
prcndrc pour vous en scrvi1· contrc ces mCmcs
Husscs. Elles vous détcstcnl, sachcz-lc, el !out
ce quevous lcu1· diles va en scns conlrairc de
''OS
désirs. Tencz-vousennrriCrc, soyez réservés
1Constantinoplc, et nous arrachcronsdes mains
des Russcs la richc proic que vous avcz cu l'im–
prudcncc de lcur abaudonncr. Ficz-VOUS·Cn
a
moi, et les Turcs ne cédcronl pas la Moldavic et
la Valachic. Mais, de grncc, montrcz-vous le
moins possiLlc. Tout conseil qui vicnl de 1•ous
cst suspccta Conslanlinoplc. - Ces aris aussi
sagcs que profonds révélaicnt un état de choscs
malhcurcuscmcnt lrop vrai' Quand on arril'ail a
pal'lcr des probabilitésde gucrrc avcc la Hussic,
M. de Mcltcrnich conscillait fort la paix, disant
que !out grand qu'étail l'cmpcrcur Napoléon, la
fortuno pourrait bien le lrahir, car clic avait
trnhi bien des grancls hommcs; que loutcs les
chances, sansaucun doutc, étaicnten sn favcur;
que
ccpcndant.ilvalait micux ne pas mclt1·c sans
ccssc au jcu; que, si par bonhcur l'crnpcrcur
Napoléon pcnsail ainsi, lui M. de Mctlcrnieh ne
dcmandait pas micux que de s'cntrcmcltrc, de
servir de rnédialcur anpresde la Russic , et que
proLablerncnt il réussirait; que quanl
ii
l'Au–
trichcclic était obligéc dese mt!nagcr Lcaucoup,
qu'ellc était cxtrémcmcnl fatiguéc, qu'cllc avait
grand bcsoin de rcpos, el que pOtll' l'cnt1·ainc1·
a
servir laFrunce dans une gucrrc qui conlrnriaiL
l'inclination de la nation aulrichiennc, il follail
un prix digne d'un te! cfforl, et capablc de fcr–
mcr la bouchc
a
lous les mécréanls de la poli–
liqucacluellc."
Ces parolcs el d'aul1·cs fincmcnt rnélées aux
plus hautes théol'ics indiquaicnt claircmcnt
qu'avcc une provincc on aurait une armic au–
trichicnnc, commc avcc laFinlandc on avait eu
jadis une arméc russc. Mais M. Otto
a
Vicnne,
M. de Bossano
a
Paris, avaicnt orclrc des'cnve–
loppcr d'aulanlde nuagcs queM. de Mcttcrnich,
eles qu'il scrait qucstion de l'lllyric ou de
la
Po–
lognc, el de dirc que la gucrrc ordinaii·emcnt
était fécondc en conséqucnccs, qu'on ne pouvait
fairc
a
!'avance la distribution du Lutin, muis
qu'avee Napoléon les alliés qui lui étaicnl utilcs
n'avaicnl jamais perdu lcnrs peines.
En Prussc la politiquc n'étail poinl aussi cal–
culéc, clicélail triste et découragéc. M. de llar–
dcnbcrg, qu'on avait loujours répulé.cnncmi de
la Franee, avail sollicité et obtcnu de Napoléon
l'anlorisalion de devenir le principal ministre de
la Prnssc. Le roi availdemandé qu'on lui laissnt
prcndrc ce ministre, disanl qu'il élait homme
d'csprit, le scul pcul-clrc dont
il
put se servir
ulilcmcnt daos les circonstanccs, qu'avcc lui on
ponrrait opércr les réformcs indispensables, et
payer
a
la Franco ce qu'on !ni dc1•ait. Napoléon
ne rcgardant pluscommc cnncmi unpcrsonnagc
qui se faisail rccomrnandcr de la sorlc, el forl
sensible surloul 1 l'cspérance d'Ctrc payé pai· la
Prussc, avait conscnti Uhiisscr arrircr M. de
Ilardcnberg au minislcrc, et cclui-ci en cffcl
avail opéré r¡uclqucs réformcs ulilcs, atlopté
r¡uclqucs mesures diclécs par un esprit libéral,
commc d'égnliscr l'impót, d'ouvrir l'nccCs des
grades ntous les oflieicrsde l'armée, ce qui avail
offusqué les nns, cnchanlé les aut.rcs, satisfait le
plus grand nombre, et ce que M. de llardcnLcrg
avait préscnlé
a
Napoléon comrnc une imitat.ion
frnn~nisc,
au pnrli gcrnrnniquc commc J'unc de
ces réformcs qui dcvaicnt attachcr les rnasscs au
gouvcrncment du roi, et fournir un jour les
moycns finnncicrs et mililaircs d'affranchir l'Al–
lcmagnc. M. de HardcnLcrg et les miqislrcs
prussicns avaicnt imaginé pour l'armée uncxpé–
dicnt, convcrli dcpuis en syslcrnc pcrmancnt
pour la Prussc, c'était d'avoir bcaucoup de· sol–
dats en paraissant en avoir pcu. On doit se sou–
venir qu'un arliclc sccrct du traité de
Tilsit.dé–
fcndail que la Prussc cut plus de
1,2
millo hom–
mcs sous les drapcaux. Pom· éclwppcr
ii
cct ar–
ticlc, on avait choisi ce qu'il y avait de rncillcur
dans l'armée prussicnne, et on en avait composé