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LE CONCILE. -

MAi

181!.

2ti

les eadrcs; puison faisait passcr dans ces cadres

le plus d'hommcs qu'on•pouvait, en les insln1i–

sant Je plus vilc, le micux possible. et en les

rcnvoyant CllSUile dans Jeurs ehamps pour en

appeler d'autrcs qu'on s'appliquait

a

forrncr

ú

leur tour. On comptait ainsi avoir au bcsoin

150 millc hommcs au lieu de 42 millc, cl1ifrre

fixé par les traités. On gardait au dépót du régi–

men! les armes et les habits dessoldats provisoi–

rerncnt rcnvoyés dans lcurs ehamps, et on cspé–

rait que, gr1ice

a

Ja )mine inspirée

a

Ja nation

prussiennc par ses malhcurs, ces soldats, rctc–

nus

a

peine un an sous les drapcaux, se com–

portcraient dans l'occasion commc les troupes

les plus agucrrics. L'arcnir dcvait justifier cct

cspoir. Les creurs, en cfrct, étaicnt rcmplis en

Prusse d'unc hainc inouie contrc la Franec.

Toutc Ja jcunesse des elasscs élcl'écs, toutc ccllc

des classcs moycnncs, nobles et bourgcois, prc–

tres et philosophcs, se réunissaicnt dans des so–

ciétés secretesqui prenaicnt divers noms,

Ligue

de la vertlt, Ligue gennanique,

soeiétés dans

lesqucllcs on prorncttait de n'aimcr que l'Allc–

lcmagnc, de ne l'ivrc que pour clic, d'oublicr

toutc· difrérencc de classc ou de provincc, de ne

plus admcttre qu'il yei1t des nobles et des non–

noblcs, des Saxons, des Bavarois, desPrussiens,

des Wurtembcrgcois, des Wcstphalicns, de rc–

pousscr toutes ces distinctions, de ne rcconnaitrc

que des Allemands, de ne parlcr que Ja languc

de l'Allcmagne, de ne porlcr que des tissus

fa–

briqués ehcz clic, de ne consornmcr que des

e l)J'Oduits sorLisde sonscin, de n'airncr, cultive,.,

favoriscr que l'art allemand, de consaercr cnfin

loutcs ses facultés

a

l'Allcmagne sculc. Ainsi Je

patriotismc exallé de l'Allcrnagnc s'cnfonqait

dans l'omhrc et Je myste1·c, salisfaisant

a

la fois

en cela un bcsoin de Ja situation,et un pcnclwnt

du génic gcrmaniquc.

t e roi et M. ele Ifordcnbcrg, placés sur ce

volean, étaicnt en proie

a

de rrucllcs pc1·plcxi–

lés. Le roí par scrupule, comrne l'cmpcrcur

rl'Autrichc par prudcncc, inclinait

a

no pas rom–

pro avcc Napoléon, car il s'était cngagé

a

luí par

les plus solenncllcs prolcslations de fidélilé, dans

J'cspérancc de saurer les <lébris de sa rnonar–

chie. M. de Ilarclcnbcrg, dans une position asscz

scmblable

it

ccllc de M. de Mcttcrnieh, chcr–

chait ele qucl cóté il p,oul'l'ait trouvcr pour son

pays le plus d'avanlagcs. Le parti allcmand

exalté, Jui en voulant de son changcmcnt appa-

1·cnt de conduitc, et de fJUelqucs rigueurs obli–

gécs cnvcrs les associalions secretes, était prct

loutcfois

11

Jui pardonncr,

1\

condilion qu'il de–

rint J'instrumcut cl'unc perfidie toutc palrioti–

qnc, clont pcrsonne no se faisait eonscicnce

1

Bcrlin. Ccttc pcrfidie eonsistait

a

prcndre pré–

tcxtcde la situation

meoa~ante

ele l'Europc pour

armcr, et a1·mer tres-activcmcnt,

1t

parlcr d'al–

liance

1t

Napoléon afin qu'il toléi'át ces nrmc–

mcnls, UolTrir,

a

promcttrc,

a

signcr· mCmc

cctle allinncc s'il Je fallait, puis, le mornent

vcnu, it s'cnfonccr dans la Vicille Prussc avce

'150 mille hommes, et

1t

se joindre aux llusscs

pou1· accablcr les

Fran~ais,

tandis que l'Allema–

gne twt entierc se soulevcrait sur lcurs dcr-,

rieres. Sanscxaminer Ja légitimité <l'unc pareillc

politique, et en adrncttant qu'il cst bcaucoup

permis it qui vcut afrmnchir son pays, il y avait

bien

a

dire contre ccttc politiquc, elu point de

vuc ele Ja prudcnce. La P1·ussc pouvait en efrct

pcrdre

1

ce rcdoulnble jeu les restes de son

cxistcncc. Le roi, M. de Hardenberg et quclqucs

csprits snges Je eraignaient, et appelaicnt folie

une tcllcconduilc. Pour tochcr de les amcncr

ii

Jcurs vucs, lesmcmbrcs ardcntsdu partí gcrma–

oique 1·épandaicnt millo bruits alnrmanls, et

chcrchaicnt

1

Jeur pcrsuadcr que Napoléon avait

J'inlcntion d'cnlcvcr le roi et la rnonarehic cllc–

mcmc pal' une subile irruption sur llerlin, ce qui

était tout

a

fait faux, mais ce qui aurait pu se

réalise1', pourtant, si Ja Prusse avait commis

quclque imprudence, car Napoléon, reccvant de

son eólé des avis tout aussi inquiétants, se lc1rnit

sur ses gnrdcs, et avait ordonné au maréchal

Davoust de se porter sur Bcrlin au premicr

clangc1·.

Poursuivis ainsi des plus sinistrcs fantómcs,

Je 1·oi et M. ele Ilarclcnbcrg avaicnt adopté en

parlic le plan qu'on leu1· conseillait, moins la

perfidic,quirépugnait

a

Jadroiture du roí eommc

ii

sa pruclcnce. lis avaicnt résolu d'armcr, et ils

avaicnt armé récllemcnt au moycn de l'cxpé–

dicnt que nous avons fait connaitrc, et bien

qu'ils se fusscnt strictement rcnfcrmés dans

l'effcctif de

'•2

millc homrnes, néanmoins ils en

pouvaicnt réunir en pcu rle lcmps IDO ou

120

millc.

~lais

s'ils pouvaicnl équivoqucr sur le

chifrrc Yrni des troupes disponibles, il lcur était

impossiblc úecachcr ecrtainspréparatifs, commc

ccux par excmplc qui se faisaicnt dans les places

restées

it

Ja Prussc. Napoléon tcnait bien les

fortcrcsscs les plus importantes <le l'O<ler, Glo–

gau, Custrin, Stcttin, et en out.1·c les dcux plus

importantes de

In

Vistulc, Tliorn et Dantzig,

mais Je roi Frédéric-Guillaumc avait cneorcen