PASSAGE DU NIEJIEN. -
JUIN
1812.
18ii
les inlermédiaires, se dii·igcnnt loulcs deux nu
nord-csl, loules deux sur Moseou, snns inlerdil'C
une marche sur Saint-PétcrslJourg au moycn
d
1
uoc inflcxiOn au
nord,
toulcs
dcux aussi
pé–
nélrnnl pnr In lrouée qui sé1rnre les sources de
la Dwina et eelles du Dniéper, !'une par Grodno,
Minsk el Smolensk, l'autre par Kowno, Wilna
el Wilcpsk.
AprCs mtir cx:lmcn ele ces clcux
roulcs,
N::i–
poléon préféra Ja dcrnicre. La prcmicre, de
Grodno
¡\
Minsk, quoique plus courle, cóloynil
la parlie la plus marécageuse du pays, con11ue
sous
le
nom de
~Jarais
de Pinsk, et on pouvait
pnr un choc vigourcux de l'cnnemi y élrc jeté
pour n'en plus sortir. Lasecondr., un pcu moins
dirccle, nllant de Kowno
ú
'Vilno, capilnle de
la Lithuanie, et de Wilna i1 Wilepsk, quoique
lrnversant des pnys diflicilcs, comme l'élnie11t
d'aillcurs lous ccux qu'il s·agissait ele pnrcourir,
n'offrait pas le mcmc inconvc'nient que la précé–
denle, et de plus, ce qui devait délermincr défi–
nilivement la préférence ensa faveur, procurail
le moyen assuré de coupcr les forces cnncmic
en deux masses, qui pourraient bien ne plus se
réunir du reste de la cnmpagne.
La distribution des forces russcs, tclle qu'on
pouvait déjn l'enlrevoi1·, était en effct de nature
a
confirmer Napoléon dans la pensée qu'il médi–
lait, et qu'il avait
con~ue
des les prcmiers rap–
ports qui lui élait parvcnus de l'armée ennemie.
Les Husses, bien c¡u'ils eussent leurs avnnt–
posles
1t
leur fronlicre mcme, sur le cours supé–
rieur du Bug et de la Narew, el tout le long du
Niémen, n'avaicnt ccpendant considéré comme
ligne vúilable de défense que In Dwina et le
Dniépcr. Ces !lcuvcs, nous l'al'ons dit, n:iisscnl
it
une vinglainc
de
licues !'un de l'aulrc, pour
couler, la Dwina vers la Dallic¡uc, le Dniéper
vers la mcr Noire, et présentent, saufl'ouverlure
exislant entre Wilcpsk et Smolcnsk, une ligne
·
continuc et immensc, qui se dirige du
nord~
oucsLau sud-est, el traversc tout l'cmpire de
Higa
a
Nikolaieff. Depuis que la concenlration
delcurs forces étaitcommencée, lesRussesavaient
naLurellernent formé deux rassemblemenLs pri11-
cipaux, un sur la Dwinn, de Witcpsk
a
Duna–
bourg, un autre sur le Dniéper, de Smolcnsk n
Hogaczew, et ces rassemblcmenls s'élaicnt pcu a
peu converLis en deux armées, qui s'élnicntavan–
cées, la premicrc jusc¡u'a Wilna, la scconde jus–
<1u·a
~linsk,
nvee le projet de se réuni1· plus tare!,
ou d';igir
sépa!'érncnt,
sclon les circonslanccs.
Mais toutcs deux avaient lcur base su1· la grnnde
ligne que nous venons de clécrire.
La
premierc,
commandée par Je général Darcloy
<le
Tolly, éla–
blic sur In Dwinn, avcc son quarticr général 1
Wilnaet ses avanL-postcsn Kownosur lcNiémcn,
dcvait rerevoir les résen•es du norcl de l'empire.
La sceoncle, commandée par le princc llngralion,
étoblie sur le Dniépcr, avee son quarticr général
n Minsk et ses avanl-postes
'i
Grodno sul"le Nié–
men, dcvait rece1•oir les réservcs du centre de
l'empirc, et se licr par l'armée du général Tor–
masof avce les troupes de Turquie. Tellc étnil lo
clislribution eles forces russe , en allendant qu'a
Wilna on cut pris un partidéfinitifsur le pionde
cnmpagne. Cene distribulion, d'aprcs Inconfigu–
rationdes lieux,élait naturelle, et n'était pn une
fo
uLe cncorc, si
011
savoit se résoudre
a
lcmps ele–
van! l'enncmi si prompt auquel on avnit affaire.
Nopoléon, qui, entre nutres porties du génic
militnirc, posséclaiL au plus haut dcgré celle de
devincr la pensée de l'cnnemi, avait cloircmenl
entrevu celtc 1•éparlition des mosscs russcs. Sur
les rapporls toujours confus, souvent contradic–
loircs, des agcnts envoyés en rcconnais anee,
il avait parfaitcmcnt discrrné qu'il exislait une
ormée de la Dwina, une du Dniépcr, l'unc qui
avait dti s'avanccr dans ladircetion de Wilna et
Kowno, l'autre dans la dircclion de Minsk et
Grodno, J'uncqu'on disait de1UOmillehommes,
sous !Jarclay de Tolly, l'autre de -IOOmillc, sous
le princc Bagration. Le nombre imporlait pcu
pour lui, <1ui sculc111cnt en prcmiCrc lignc amc–
nait
1,00
millc l1ommcs, el Ja disposition des
forces cnncmics élait l'uniquc circonslancc Íl
considércr.
Sur-lc-ehamp il prit son parti. Le Niémcn,
commc on vient de le voir, coule au nord de
Groclno i1 Kowno, ¡JUis se retournant brusquc–
ment, coule au couchant ele Kowno
ú
Tilsit.
Napoléon,
s'::wan~ant
sur Kownonuscin <le l'an–
glc formé par le Niémcn, n'avaitc¡u'i\ francliir le
Niémcn
a
Kowno mCme, avcc une massc de
200 mille hommes, se porlcr sur Wilna avec
ectte vigucur foudroyantc qui signalail toujours
le début de ses opérations, et la, se
pln~ant
entre
l'armée de Barclay de Tolly ou de InDwina, et
l'armée de Dagralion ou du Dniéper, il étail as–
suré de les séparer !'une del'nutrepour le reste
de
la campngnc.
11 pourait ml:mc
s'anmccr ainsi
jusqu'lt
~loscou,
s'il le voulniL ,
n'ayant
sur sa
gnuchcet sur sn droitc que les débris divisés de
la puissancc russc.
Oulrc rct:.w:rntngc principnl, une pnrcillc 111n–
niC1·c cl'opérc1·
nvaiL
des nvantngcs sccondail'cs