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LIVRE QUARANTE-TROISIEME.
d'un grand intérét. En pénétrant au fond ele cet
anglc du Niémcn, dont losommctétait
a
Kowno,
on marchait eouvcrt sur les ailcs par les dcux
branchcs de l'angle. Puis ce íleuve í1·anehi i1
Kowno,
el
en poussant jusqu
1
il
Wilnn, on trou–
vait de Kowno ; Wilna la Wilia, rivicre navi–
gablc, laquclle devenait ainsi un préeieux pro–
longement de notrc lignc de navigation. Enfin
a
Wilna mCmc, on frappail en
y
cnlrant un prc–
micr coup, dont l'efTet moral devnit ctre trcs–
grand, car on cxpnlsait Alcxandre ele son pre–
micr quarticr général, et on s'emparait
de~
Ja
capitale de la Lithuanie, ce qui, pour les Polo–
nais, n'était pas de médiocrc importancc.
Ces vucs, dignes de son génic, une fois nrrC–
tées, Napoléon s'occupasur-lc-champde lcsréali–
se1". En conséqucnce, il résolut de réunir sous
sa main, pour pcrccr pnr Kowno, les
co1·ps
des
maréchauxDavoust, Oudi11ot, Ncy, lagardc im–
périale, et en outre eleux des quatre corps de la
réscrvc de cavnlcric. C'était une massc <l'environ
200 mille hommcs, aprcs quelques réductions
opérécs déji1dans les clfectilS par la longueur des
marches. Tandis qu'avcc cctlc massc écrasnntc,
compi·cnant ce qu'il avait de rncilleur, Napoléon
s'avanccrait par Kowno sur Wilna, le maréchal
Macdonnlel. dont il n'avait pas été eontent en Ca–
lalognc, rnais dont il
faisait cas pour
In
grande
gucrrc,
dcvait
sur sa
gauchc
pnsser
le
Niérncn
:1
Tilsil, prcndre possession des dcux rives de ce
íleu1·e, en écarter les Cosaqucs , et assurer la
libre navigation de nos eonvois. Napoléon lui
avnit
composé un corps
d
1
cnviron
50
millc
l1ommcs, nu moycn de In division polonnisc
Grnndjean, et du contingent prussien, réduit 1
16 ou ·17 mille hommes par les garnisons lais–
séesa Pillau etaulrespostcs. Lebul des opérations
ultérieurcs du maréchal Macdonald devait ctrc
la Courlande. A sa droite, Napoléon avail pré–
paré un auLrc passagc tlu Niémcn, cL en avait
chnrgé le princc Eugcne. Ce princc, qui formait
récemment
il
Plock le centre général de l'armée
et qui en ce momenl allait en formcr la droite,
dcvait, avcc
les
troupes
fran~aises
cLitalicnncs
parlicsde Vérone, avce la garde royale italicnne,
avcc les llavarois, el le troisicme corps de cava–
lcrie de réserve eommandé par le général Grou–
ehy (80 mille hommes environ), passer le Nié–
men un peu au-dessous de Kowno,
a
un cndroil
nommé Prenn. Plus
a
droile eneCH'e et plus nu
sud, e'est-a-dire
a
Grorlno, le roi Jéróme dcvait
frnnchir leNiémenavcc les Polonais, les Saxons,
les Westphaliens, et le '•' corps de cnvaleric
de réscrve eornrnandé par le général Latour–
Maubourg. Celle exlrcmc droite eomprcnait en–
viron 70 mille homrnes. C'étaicnt done 580milie
combattants, foisanl, avcc les pares, plus de
'•ºº
mi lle ho1¡1mes' trainant
a
leur suite milie
bouchcs
a
fcu lorgement approvisionnées, indé
pendamment d'unc réscrve de 140
a
!150 mille
l10111mcs laissée en arricre, laquelle avec 60 mille
malades, dont beaucoup étaicnt légcrement at–
teints, eomplétait la masse totale de 600 ;.
6·1Omille soldats, dont nous avons parlé.
JI
faut
rcnrnrqucr quele nombre des maladess'était déja
élcvé de
1,0
;, 60 mille, por les marches de l'Elbe
it
l'Oder, de l'Oder
a
la Vislulc, de la Vistulc au
Niémen. Les 50 millc Autrichiens partis de la
Gallicic pour se <lirigcr sur Brczcsc,.étaient en
dehors de cctle armée colossale, et portaient i1
environ
61,0
mille le nombredessoldatscmployés
i1
cctte croisade des nations oceidcnlales contre
la Russie, croisade cntreprise malheureusement
a
une époquc oú ces nalions, plus sensibles au
mal du momcnt qu
1
au clanger de !'avenir, au–
raicnt mieux
aimé
réunir Ieurs forces contrc la
F1·ance que les réunir contre la Russie.
Napoléon avail prescrit 1 son frcre Jérómc,
s'il apprcnait que le prince llagration remonlat
la rivc cJiooite du Niémen de Grodno
a
Kowno,
d'imilcr ce mouvcmcnt en suivanl Ja rive gau–
chc,
el
de se scrrcrainsi eontrc leprinee EugCne,
landis que ce dcrnicr se scrrernit contre l'arméc
principalc. Si, au conlraire, le princc llagralion,
attirant 1 lui le corps de Tormasof, qui était en
Volhynie, opérait le mouvemenl opposé, pour
se jetcr sm· Varsovie et les Aulriehiens, on de–
vail profiter ele eette bonne fortune, le lnisser
fairc, en avcrLir les Autrichicns, afin qu'ils se
rcpliassentsurVarsovie el Modlin,et puis,quanel·
le princc llagraLionscrait bien engogé sur noLre
d1
1
oitc et nos
dcrriCrcs, de maniCrc Un'en pou·
voir plus revenir, se rabattre sur lui, et Je pren–
dre lout entier, comme Mack avait été pris sept
ans auparavant 1 Ulm.
Aprcs avoir ordonné dans le moin<lre détail
ces Yastes elispositions, Napoléon quitta Kre–
nigsbcrg le 17 pour se rendre suceessivement
a
Vchlau, lnsterbourg, Gumbinnen, sur la Prégel,
rivicre qui coulc parallclement au Niémon, mais
a
quelques licues en arriere, et sm· les bords de
lac¡uelle tous nos corps d'arméc élaicnt venus se
rangcr pour y reecvoir lcurs vincs.
JI
les passa
en revuc, ti·ouva cclui de Davoust pnrfaitemcnt
dispos et approvisionné, celui d'Oudinot un peu
fatigué par la marche et par la faim, parce qu'il