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PASSAGE DU NIÉMEN. -

JUIN

18·12.

180

mcnt

a

gauchc, précédé de quclqucs cscadrons,

courutvcrs Kowno. Notrccava]cric légCrc

y

entra

sansdifficulté,

a

la suite desCosaques, qui se

ha–

tcrcnt de rcpasscr la Wilia , rivi/,re navigablc,

avQns-nous dit, qui coule de Wilna sur Kowno,

el y joint le Niémcn, aprcs quarantc licuesen–

viron du eours le plus sinucux. Napoléon, ac–

compagné des lancicrs polonaisde la gardc, vou–

lait etrc sur-lc-champ maitrc <les bords de la

Wilia, afin d'en rétablir les ponts, et de pouvoir

suivre les a1·riere-gardcs russcs. Prévenant ses

rlési1·s, les lanciers polonais se jctcrcnt dans la

riviCrc , en serrant Jcurs rangs , et en nagcant

de toutc la force de lcurs chcvaux. Mais arrivés

:rn milicudu courant, etvnincus par sa violencc,

ils commcnccrcnt

a

se.désunir et

a

se laisscr cn–

traincr. On alla

a

lcur secours dans des barques,

et·on réussit

a

en sauvcr plusieurs. Mallieurcu–

scmcnt vingt ou trente payerent de leur vie ccl

acle d'une obéissancc cnthousiastc. Les commu–

nications furcnt immédiatemcnl rétablics entre

les dcux rivcs de la Wilia, et on put des ce mo–

mcnt en rcmontcr les dcux bordsjusqu'a Wilntl.

Napoléon alla couchcr

a

Kowno, apres avoir or–

donné au maréchal Davousl d'échclonncr ses

avant.-gardcs sur la roulc de Wilna.

Ainsi le sorl enétaitjclé ! Napoléon marchait

vcrs l'intéricur de la Russie

a

la tete de

1,00

mi lle

soldats, et suivi de 200 millc aulrcs

1

Admircz

l'entraincmcnt des caracteres! Ce mcmc hommc,

dcux annécs auparavant, rcvcnu d'Autrichc,

ayant rélléchi un instant

a

la lc9on d'Essling ,

avait songé

il

rcntlre la paix au monde et

a

son

cmpire, a donncr 1son trónc la stabilité de I'hé–

rédité,

1t

son caracterc l'apparcncc des gouts de

fomillc, et dnns ccllc pcnséc ovait contracté un

mariagc avcc l'Autrichc, la cour la plus vieillc,

111 plus constante daus ses dcsscins.

JI

''Otilail

apaiscr les haincs, évacucr l'Allcmagnc, el por–

tcr en Espagnc toutcs ses forces , pour

y

con–

lraindre l'Anglctcrrc

a

la pnix, et m·cc l'Anglc–

tcrre le monde, qui n'attcndail que le signa! de

cellc-ci pour se soumcttre. Triles étaicnt ses pc11-

sécs en

1810,

el, chcrchanl de bonnc foi

1t

les

réaliscr, il imaginait le blocus continental qui

dcl'ait contraindrc l'Anglcterrc a la paix par la

souffrancc commcrcialc, s'cfforcail de soumcllrc

la Hollandc

it

ce systcmc, el ccÍlc-ci résistant, il

l'cnlcvait

it

son propro frcre, la réunissail 11 son

cmpirc, et donnait

á

rnuropc, qu'il aurail voulu

cnlmcr, l'émolion d'un grand royaumc réuni

a

la Francc par simple décrcl. Puis trouvnnl le

CONSULAT.

4.

syslemc du bloéus incomplct, il prcnait pour le

complétcr les villcs hanséatiqucs, Brcmc, Ham–

hourg, Lubcck, et, comme si le !ion n'nvait pu

se reposcr qu'en dévoranl de nouvcllcs proics, il

y

njoutail le Valais, Florcncc, Home, et trouvail

étonnant que quclquc part on pút s'offusqucr de

tellcs cnlrcpriscs

!

Pcnda1¡t ce tcmps, .il avait

lancé sur Lisbonnc son principal liculcnant,

Masséna, pour allcr portcr

1t

l'arméc anglaisc

le coup morlcl; et jugeanl au frérnisscmcnt tlu

contincnt, qu'il fallail gardcr des forces impo–

santcs au Nord, il formait une vastc réunion de

troupes sur l'Elbc, ne consacrait plus des lors i1

l'Espagnc que des forces insuffisantcs, laissait

Masséna sans sccours pcrdrc une portie de sa

gloirc, permcttait qued'un licu inconnu, Torres–

Védros, surgit uneespérancc pour l'Europecxas–

péréc, qu'il s'élcvat un capitainc fatal pour Iui

et pour nous; pu is n'admcttant pasquela Hussic,

cnhardic par les dislanccs, pul opposcr quclqucs

objcctions

a

ses vucs, il rcportait hrusqucment

ses pcnsécs, ses forces, son génic, au Nord, pour

y finir la gucrrc par un de ces grands coups

auxqucls il avait habitué le monde, et bcnucoup

trop habitué son dmc, abandonnant ainsi le ccr–

tain,-=-qu'il aurait pu altcindre.sur le Tagc, pour

l'inccrtain, qu'il allail chcrchcr entre le Dniépcr

et la Dwina

!

Voilit ce qui était avcnu des dcs–

scins de ce César rcvant un instant d'ctrc Au–

guste

!

Et en ce morncnl

il

s'avanpit au Nord ,

laissant derricrc lui la Frnncc épuiséc et dé–

goUtée d'unc gloirc sanglantc, les fl!ncs picuscs

hlcssécs de sa tyrannic rcligicusc, les :imes in–

dépcndantcs de sa tyrannic poli tique, l'Europc

enfin révolléc du joug étrangcr qu'il faisail pcscr

sur clic, et mcnait avcc iui une nrméc

0[1

fcr–

mcutaicnt sourdcmcnl la plupart de ces scnti–

mcnls, ou s'cntcndaicnt toutcs les langucs, et qui

n'avait .pour licn que son génie, et sa prospérité

jusquc-111 invariable! Qu'arrivorait-il ,

1t

ces dis–

tanccs, de ce pro<ligicux artífice <l'unc armée de

six cent mi lle soldats de toules les nntions, sui–

vant une étoilc, si ccttc étoilc qu'ils suivaicnt

vcnait tout

it

coup

:'1

p•ilir? L'univcrs, pour nolrc

malhcur, l'a su de maniere

lt

ncjamais l'ouhlicr;

mais il faut,pourson instruction, lui apprcndrc,

par le détail mcmc des événcmcnts, ce qu'il n'a

su que par le hruil d'unc chute épouvantablc.

Nous nllons nous cngagcr dans ce cloulonreux et

hérolquc récit : Ingloire, nous la trou1·crons 11

chaquc pas: le bonhcur, hélas

!

il

y

faut rcnon–

cer nu dela rlu Niémcn.

15