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i82

LIVRE QUAl\ANTE-1'1\0ISIEME.

qu'ellc fcrait.

11

ne s',,gissail done plus d'cndor–

mir Alcxandrc, mais de rrjetcr sur lui la rcspon–

sabilité de ccttc guc1·rc. M. de Laurislon, chargé

de sollicitcr l'autorisation de se rcndre

a

Wilna,

afin de retenir Alcxandrcquclqucs jours de plus,

n'avait pas encore pu répondrc. Si, par cxemple,

on avail su que sa demande de se lransporlcr

aupres d'Alcxandrc avail éié repoussée, on au–

rail cu dans ce refus un cxccllcnt prétexlc pour

Jui ordonncr de prcndre ses passc-porls; mais

on l'ignorail. Cependanl on avait bcsoin d'un

motif, car on était au

16

juin , et il follait avoir

franchi le Niémcn du

20

au

25,

et pom· le fairc

décemment, avoir trouvé une raison de rupture

immédiatc. Napoléon, avec sa fcrtilc adressc, en

imagina une pcu solide, mais spécicusc, asscz

spécicusc mémc pour !romper plusicurs histo–

ricns, et cettc raison, c'élait que la Russieayant

cxigé l'évacuation ele Ja Prusse comme prélimi–

nairc de toulc négociation, avail voulu imposcr

a

Ja Francc une condition déshonorantc. Or il

y avait la une incxactilude radicale. La Russic

avait réclamé l'évacuation, non pas comme con–

dition préalable, mais commc suite assuréc de

toutc négociation qu'oncntamcrail sur les divcrs

points en Jitigc. On négligca ccltc clistinction,

et on résolul de soutcnir que la condition préa–

lablcmcnl cxigéc, tcndant

a

ramcncr Napoléon

du Niémcn sur Ja Vistulc, mémc sur l'Elbe, élait

pour Ja Francc un oulragc qu'cllc ne µou1•ait pas

supporl.cr

; que, ccttc condition, on a1·ait cu soi11

de la tcnir secrete pour clrc dispensé de s'cn

offenser, mais qu'cllcvcnait de s'ébruilcr, qu'cllc

commcn~ait

a

éire connuc de tout le monde,

que des lors l'offcnsc ccssant d'ctrc cachéc, ne

pouvail plus étrc supportée, et dcvait cntraincr

lagucrrc imrnédiate. Accllc o!Tcnsc se joignail,

disait-on, une sorlc de provocalion réiléréc du

princc Kourakin , qui avait demandé ses passe–

porls

a

M. de Ilassano la vcillc du départ de

cclui-ci,

el

les avait rcdcrnandés dcpuis avcc in–

sistance.

11

faut eonvcni1· que ecttc eondition

d'évacucr le LCrritoire prussicn, connue

a

peine

de quelHUCS prrsonncs bien informées, et signi–

fianl sculerncnt J'él'acuation ap1·cs c¡u'on se scrait

rnlcndu, que la demande de passc-ports faite

par le lll'incc Kourakin , 1·ctiréc d'abord , puis

rcnouvcléc quand il s'était vu scul 11

Paris, sans

com111unicalion avcc aucun ministre, n'étnicnl

pas de ces offenscs

insupporla~Jcs

pour Jcsc¡ucllcs

une nation csl tenue de vcrscr lout son sang,

el qu'cn toul eas Nnpoléon avaiLasscz cnlrcp1·is

sur aulrui, pour se rnontrer

it

son tour quclc¡uc

pcu enduran!. Mais

il

fallait un prétcxlc plau–

sible, et Napoléon adopta cclui-ci, faule d'cn

avoir un mci!lcur. En conséqucncc,

il

ful or–

donné

a

M. de Lauriston de prendrc immédiatc–

mcnt ses passe-porls, sous le prélcxte que la

prétcnlion de nous faircévacuer Ja Prusse élant

dcvcnuc publique, l'outrage ne pouvait plus étt·c

tolét'é; et dans la supposition que M. de Lauris–

ton seraiL pcul-elrc déja rcndu

a

Wilna (ce qui

écarlc absolument l'idéc que le rcfus de J'ad–

mctlrc

a

\Vi!na füt la cause de la rupluce), on

lui rccommanda de ne pas préscnter la demande

de ses passc-porls nvant le22, Napoléon voulant

franchir le Niémen le 22 ou le 25. On l'avnlit

en mémc tcmps que la dépechcqu'on lui écrivait

le

16

de Kccnigsberg scrait antidatée, porlcrait

Ja date de Thorn et du

i

2, pour persuadcr aux

Ru.sscs en Ja lcur remetlant, que Napoléon se

Lrouvait cncorc éloigné, et moins ·en mesure

d'agir qu'il ne l'était réellcmenl. Un courricr

fut doneadrcssé de Kcenigsberg

a

M. de Lauris–

ton avcc les ordrcs et les inslructions que nous

vcnons de rapporler '.

Cctte formalité diplomatique rcmplic, Napo–

léon, quicroyait le momenl d'agir vcnu , partil

de Kccnigsbcrg le lcndemain pour rcjoindrc ses

troupes sur Ja Prégel, les passcr en revuc, et

s'assurct• définitivemcnt si clics avaicnt Lout ce

qu'il lcur fallait pour cntrcr en campagnc.

11

lcnaiL, pour les premicrcs opérations,

a

lcur pro–

curcr seulemcnt dix jours de vivrcs, se llattanl

el'cxécutcr elans ces dix joursdes manreuvrcs dé–

cisivcs, el ne voulant pas étrc

gCné

daos ses

mouvemcnts par Ja difficulié des subsislanccs,

difficulté qui, en Italic et en Allcmagnc, n'cn

était jamais une, parce qu'on y trouvait loujours

de grosvillages

a

dévorcr,maisqui était immensc

en Lithuanic, ot't l'on ne rcncontrait Ja pluparl

du tcmps que des marécagcs

úl

des foréls. Ses

soldals ayanl Je quoi vivrc dix jours, il cspérail

eommcn Ulm en

1805,

a

Iéna en

·1806,

it

RaLis–

bonnc en

·1809,

frapper un ele ces coups terri–

bles, qui, des le début des opérations, acca–

blaicnl ses cnncmis, el les déconecrtaicnt pour

le reste de Ja gucrrc. Les prcmicrs convois par

eau avaient apporté eles vivrcs jusqu'lt

T~pii1u

SUI'

la Pl'égcl

j

il fallait,

a

force ele voiLurcs, les

fairc transporler jusqu'a Gumbinncn au moins,

point asscz rapproché de cclui ou l'on allait

1

M. F:ii11, dansson Manuscril de 1812, s'cn fianl aux

1·t·11-

scig11cmc11!s tic M. lcdur.1lcUassnuo,<1ui;1\

1

aitétéso11

i11fo1·–

nrnlcu1· pl"iucipal, el iguorant plusicurs

d~p_Cchcs

c¡ui ne lui

n\•nicnt pns étC commtrnir¡uécs,cstdu nombrcdcs histodc11s