PAS AGE
DU
NllÍMEN. -
JUIN
1812.
181
dcslinéc
U
IOUlCS les COUl'S, l'aulre profondé·
menl SCCl'Cle, lransmise Cn grande conficlcnce ll
1\.1.
Signcul, el clonnéc en réponsc aux ouvcrlurcs
donl la princesse royalc aroit suggéré l'idéc. La
communication oíl1cicllc, froidc, hautainc, an–
non~ait
l'inlcntion de dcmeurer ncutre entre
les puissanccs bclligérantcs, ce qui élait déji\
une infraction des ohligations conlrnclécs cnvcrs
la France par le dcrnicr lraité de paix. Elle disail
que les rrais cnncmis de la Sucdc étaicnt ccux
qui
mcna~aicnt
l'indépcndancc du Nord de l'Eu–
rope, que sous ce rapport la Russic était en ce
momcnt plus mcnacéc que
mcna~anlc,quc
c'était
la le motif pour lrqucl, sans allcr
a
son sccours,
on ne se
pronon~ail
pas contrc elle; qu'au sur–
plus on oO'rait de s'entrcmcllre, et de faire ac·
cepler par la Hussic la médialion de lo Succlc, si
la France voulait sincercment la paix. Ccllcpré–
lention du princc royal de servir de médialcur
entre dcux polenlals tcl; que Napoléon et
Alexancl1·c, n'était que ridicule; mais clic élail la
conséqucncc forcéc des engagcmcnls pris avcc
la Hussic par le lrailé du
~
avril. Quanl i1 la
communication secrete, Bcrnadollc, aussi infi–
delc
a
son nouvcl allié qu'i1son ancicnnc patrie,
répétail qu'il n'avait que foire de la Finlandc,
qui, toujoursconvoilée par la Russie, mctlrail la
Sucdc en conilit pcrpétucl avcc cclle puissance;
<1uc le dédommagcmcnt naturcl de la Finlandc,
c'était la Norwégc, province dcslinéc par son
silc ¡, ctrc suédoisc, tcnant
a
peine au Dane–
mark dont elle étail séparée par la mcr, laudis
qu'cllc ne formail qu'un scul loul avcc la Suedc,
et en constituait pour ainsi di1·c la moilié; que
c'était la une précicusc conquctc i1 luí procurcr,
i1lui Bernadolle, pour son avéncmcnl au trónc;
qu'on aurait clans la Poméranic suédoisc une
compcnsntion lout indiqufo
a
ofTrir au Danc–
mark, dont npres tout l'impo1 lnnce n'était pas
asscz grande pour qu'on s'inquiétal bc,1ucoup de
son acquiescemcnl ; qu'cnfin rclalivcmenl au
subsiclc, la Suedc ne saurail s'en passer pour
équipcr une armée; que la faculté cl'introclui1·e
des dcnrécs coloniales sur le continent, évaluée
a
une somme de vingl millions, scrail illusoirc,
les An¡:;lais ne pouvant manque1·de s'apercevoir
des motifs de ccltc introduetion, et dcvant des
lors l'empcchcr sur-lc-charnp. A ccllc doublc
condition de la Norwége el d'un subside cO'cctif
de vingt millions, le pl'incc royal de Sucde
offrait ele se licr par un lraité avcc la France,
sans doule en violanl cclui qu'il avail signé en
avril :wcc la Russic.
'apoléon , en écoulanl cctlc cor111nunicatio11
apporléc par M. de Bassano, se li1•ra
¡,
un vio–
lcut acccs de colcrc. Le miséralilc ! s'écr·ia-t-il
plusicu1·s fois,
il
me proposc une lrahison cnvc1·s
un allié fidcle, le Dancmark, et il met
1\
ce prix
a fidélilé envcrs la France
!
11
pal'lc de Ja No1·–
wégc, de l'inléret qu'a la Sucdc ir possédcr cellc
provincc, el
il
oublie que le prcmicr
ele~
irlbéi'cts
de la Sucdc e'c l de réduire la puissancc de In
Hussic, qui tol au larcl la dérorcra ; que si la
Finlandc la mct en collision forcéc avr.c la Rus–
sie, e'cst parce que la Finlaucle la couvrc, et dé–
couvré la Hussie; que le 1·cpos acquis pour un
momcnt avee ce rcdoutalJICvoisin par l'abandon
de In Finlandc, sera troublé plus lord lorsquc la
Russicauro besoin du Sund, et qu'cn un jour de
geléc les soldalS russes pourrOnl Clrc des ilcs
d'Alond
a
Slockholm ; que l'occasion d'aliaissc1·
In Russie cst uniquc, que cctlc oceasiou néglig 'e
il
ne laretrouvcra plus, car on ne vcrra pas dcux
fois un gucrricr tcl que moi, marchanl avcc six
cent millc soldats conlrc le formidable cmpirc
du Nord
!...
Le misérablc
!
répéta plusicurs fois
'apoléon , il manque
a
sa gloirc,
a
la Sucdc ,
n
sa patrie;
il
n'cst pas digne qu'on s'occupc de
lui ; je ne ''cux plus qu·on m'en parle, et je dé–
fcnds c¡u'on luí fassc arrivcr aucunc réponsc, ni
officicllc, ni officieusc. Dcvenu plus calme ap1·es
ce p1·emier cmporlcmcnt, il persista nénnmoins
3 laisscr sans un mot de réponsc M. Signcul, qui
s'élait rcndu aux bains de Bohcmc pour altcnclrc
les délcrminations du cabinet
fran~ais.
Cctl.c résolulion, forl lronnclc et prcsquc for–
céc par la difficullé tic clécidcr le Dancmark :\
aliandonncr la Norwége, étail ccpcndant lrcs–
rcgrcttable, car trente óu quaranlc millc Sué–
dois,
rncna~ant
Saint-Pélcrsliour¡:; au licu de
rncnacer llamliourg, pouvnienl chan¡:;cr le dcstin
de ccllc gucrrc. Pcul-elrc en offrant au Danc–
rn:irk de dédommagcmcnts, falltit-il les chcrchcr
non-seulemcnt dnns la Poméranie suédoisc, rnais
darrs les dép:u·tcrncnls hanséatiqucs, pcut-clrc
aurait-on pu le déciclcr
a
satisfuirc Bc1·nadollc;
nwis l'il'rit:iLion,
Ja
confiancc en ses moycns,
crnpcchcrcnt Napoléon mcmc d'y pcascr.
La scconde aO'ai1·e diplomatir¡uc dont on nvait
it s'occupet• était la clécl111·ation
a
publicr en com–
mcn~anl
la gue1·rc. Maintcnant ce n'était plus
une qucslion que ccllc de savoir si la Hussic
prcndrait ou non l'iniliativc des hostilités. On
élait pres d'allcindrc le Niémen nvcc
1,00
rnillc
lrommcs, sans complc1· 200 millc laissés en ré·
serve, et on n'avait guCrc ;, s'inquiétcr de ce