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LIVHE QUAHANTE-TROISIÉME.
il se montra moins insouciant pour ccllcs dont
avaicnl i1 se plnindrc les Polonais, car il avnit
bcsoin cl'cxcitc1· lcur zi:lc et non lcur hainc. A
Thorn il fut révolté lui-mérnc des cxccs commis
par lesWurlcmbcrgcois, les Bovaroiset engéné-
1·al lcs Allcmands, qui, moinsdoux que les Fran–
<:ais, el s'cn prcnant d'nillcurs ele la gucrrc ac–
tucllc aux Polonais, avaicnLpillé, dévasté sans
pitié touL le duché ele Posen. Napoléo11 adrcssa
de graves reproches au ma1·éclrnl Ncy qui arail
les \Vurlcmbcrgcoisdnns son corps cl'arméc, au
princc EugCncqui avnit les Ilavnrois dans lesien,
traita forL durcmcnL le princc hérédilairc de
Wurlcmbcrg, qui comnrnndaiL ses proprcs
troupes, et s'écria qu'on allait lui allircr une
911en·c
dePortugal
si on dél•astaiL ainsi les pays
que l'arméc travcrsait. Que scrait-ce quancl on
se trouvcrniL dans des contrécs déja ravagécs par
l'cnncmi?
llicn qu'il y cut pcul-cLrc quclquc chosc
a
rc–
dirc
a
la conduitc des chefs qui s'étaicnt attiré
ces reproches, ils avaicnt une excuse
ñ
fairc va–
loir dans la longucur des nrnrchcs qu'ils avaicnt
cu i1cxéculcr, et auxquclles le lcmps accordé,
<JUOique forL long, avait
1i
peine suffi. Le princc
Eugi:ncvcnant de Vfronc n1•cc les
Fran~ais
et les
ltalicns, d'Augsbourg avcc les llavarois, le maré–
chal Ncy vcnanl de Maycncc avcc la plu grande
portiede ses troupes, avaicnL cu bien de la peine
pour salisfni1·c aux bcsoinsde lcurs soldats, elne
l'avaicnt pu qu'cn vivanLaux dépcns des pays
c¡u'ils avaicnt parcourus. Lcurs cmba1Tns avnicnt
été forl aceros par la nombrcusc arLillcric donL
Napoléon avaiL lcnu
a
les pourvoi1" et surlouL
par les énormcs charrois cmployés ,\ porlc1· les
''ivrcs. L'cspi:cc de voiLurc choisic pour rc111pla–
cc1· l'ancicn caisson d'infantcric étaiL jugéc t1·op
lourde pou1· lesplaincs fangcuscsticla Lit.huanic,
et on lui préférniL lcg voiturcs légcrcs diles i1la
comtoisc. On abandonnaiL done les prcmii:rcs
pou1· les rcmplnccr par les sccondcs, aulanl du
moins qu'on le pouvniL. Le mnréchal Dnvoust.,
prcnnnl
bcnucoup
sur
lui,
nvnit Mji1 fait con–
sLruirc une grande qunntité de voiLurcs
a
la
eomtoisc. Pour le su1·plus il s'étaiL scrvi, en les
pnynnl, des chars du pays. On nvaiL cncorc cs–
suyé liicn d'autrcs mécomptcs. Les broufs, par
lcsqucls
011
uvniL essayé dercmplaccr leschcvaux,
scmiJlaicnL
a
la prnLiquc ne pas offrir nutanL
d'nv;rntngcs qu'on l':wait cru d'nbord: ils élnicnt
difficilCS
a
ferl'CI', difliciJcs
a
COnclnire, COntrnc–
laicnL par suite de lcur ogglomérntion des mala–
dics <langcrcuscs,
el
tlcvcnnicnt
11i11si,
qunnd on
voulait s'cn nourrir, un alimcnt trCs-malsain.
EnGn les bataillons du lrnin, troupe spéeialc,
clrnrgéc d'un scrvicc ingrat el dangcrcux dans
les pays qu'on allaiL lravcrscr, avaicnt
été
rcm–
plisde rccrucs
a
peine formées, et qui n'avaicnL
pas cncorc les qualités de leur arme. Déja done
ily avaiL bien des illusions rcconnucs, soiL dans
la valcur, soil dans J'étcnduc des moycns que
Napoléon nvait imaginés pour vaincrc le granel
obslaclc des distanccs. Une foule de voiLures cu
1·etard, les unes vcnanL d'llalic, les autrcs des
bords du Hhin, obstruaicnt les routes de l'Allc–
nrngnc,
y
crcusaicnt des orniCrcs profondcs, ou
les couvraicnt de cadavres de chcvaux atlachés
lrop jcuncs
a
un scrvicc lrop dur. On ysuppléait
en prenanL les chcvnux despaysans,qu'on payaiL
avcc des bons sur la Prusse. Du reste on se flaL–
laiL c¡u'aux bords du Niémcn une halle de qucl–
qucs jours pcrmctlraiL
a
ccLLc longue file de chnr–
rois de rcjoindrc, CL de commcnccr
a
la suite de
l'arméc le scrvicc des rivrcs auqucl ils étaicnL
dcslinés. llcurcuscmcnL que la bclle navigation
du Frischc-llaff, organiséc par le maréchal Da–
voust, clcvait su01rc au transporL des magasins
généraux de l'arméc jusqu'au Niémcn, car
au~
cune force \'ivantc n'aurait pu par lcrrc les
L1·ansportcr jusque-lii.
La villc de Thol'n, oú Napoléon étaiL arriré
le 2 ju in, apri:s nvoir cmployé quatre jours i1ri–
sitcr Glogau, Posen el les points intcrmédíuircs,
préscntaiL un Lumultc inou'i. La jcuncsse la plus
élé¡;antc du tcmps, apparLcnanL
il
la noul'cllc et
a
Pancicnnc noUlcssc,
;wait
vou\11 foirc cclle
Cfllll–
pngne, donL les hommes les plus scnsés appré–
cinicnL sculs le clan¡;cr, mais qui, cxéculéc sous
les yeux
de
l'Empcrcur, ::i.vccd'immc11scsmoyens,
promctlniL 1 des csprils légc1·s les plus b1·illnnts
succcs et les plus éclalnntcs récompcnscs. Acn–
tcnclrc ccttcjcuncssc étourdic, onmarchaiL
il
eles
triomphcs ccrtnins, on nllait eonqnérir les capi–
tnlc du No1·d et mémc de J'OricnL, ''isitcr en
''::i.inqucurs Suint-PétersUourg, Moscou,
qui sail
cncore? Pour ces voyagcs mcrvcillcux, on siétait
po111·vu de riches équipagcs, et le nombre des
royngcurs étaiL grand.
11
y nvaiL en cffcL, ouLrc
l'étal-major de l'Empercur, cclui du major gém'–
ral llcrthicr, cclui du roí MumL, du prince Eu–
g:Cue,
du
roi Jérómc, des maréclmux Davoust,
Ncy, Oudinot, cte.; il y nl'aiL des nicles de camp
<l'nidcs de camp, car les ofl1cic1» de l'Empcreur
uvaient cux-mCmcs des onicicrs
ii
lcurs ordrcs.
Le qunrtier général, étanl desliné
lt
ccn11·nliscr
une IJUnntité de scn·ices sons la nrnin de Nnpo-