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Lll'llE

QUAllANTE-TllOISIEME.

cxccllcnls, que Napolcon voulait placer dans sa

gardc. C'était, avcc quclqucs dépóts répandus

a

Danlzig,

a

Modlin ,

a

Varsovic, avcc plusicurs

régiments de laocicrs polonais, un total d'cn"i–

ron

70

millc hommcs, dignes compagnons eles

Fran~ais,

les aimant, enétant aimés, et

pouss~rnt

jusqu'ii la ragc la hainc des llusscs. La vraic

Polognc élait la; clic é1ait aussi dans la grande

et patriotique ville de Varsovie, et dans deux Óu

trois aulrcs villcs du grand-duché, dont il était

facilede révcillcr l'cnLhousiasmc. Mais soulcvcr

toulc la nation par une cornmoLion généralc,

subitc, élcclriquc, qui aurait pu produirc des

prodigcs, Napoléon ne s·cn l!allait gucrc en se

rcporlant ii l'annéc

·J

807, ou malgré le prcstige

de la nouvcauté et l'cntraincmcnt d'cspé1·anccs

alors indéfinics, le résullat avait élé si rcstrcint.

Ne se prorncttant pas des Polonais tout ce qu'il

aurait cu bcsoin d'en obtenir, il ne voulait pas

lcur promcLLrc lout ce qu'ilsauraient pu clésircr,

etn'cntcndaitpar cxcmplc s'cngngcr

a

cxigcr de

la llussic lcur rélablisscmcnt en corps de nation,

que dans le cas oú ils l'aidcraicnt

a

la vainero

complétcmcnt. Sur quoi il complait le plus,

c'était sur la possibililé de dévcloppcr l'armée

polonaisc, de la portcr

u

'liíO millc hommcs,

pcul·etrc i1200 millc, elde rcfaireainsi la nation

par l'armcc.

fo

chosc était pralicablc en cffct,

car la vaillanlc racc des Polonais pouvait cncorc

fournir dans la pctitc noblcssc d'cxccllcnts offi–

ciers, <lans le pcuplc d'cxccllenls soldats, et en

nombre trcs-considérahlc, 111ais

a

unecondition

ccpcndant, c'est qu'on ícrait pour la Polognc,

qui était ruinéc, les frais de cctlc organisation.

11

fallait pour cela dépcnscr cinquanlc, pcut-clrc

cent millions, réunir en un scul corps lout ce

qu'on avait ele Polonais, au licu de les dispcrscr

<lans l'immcnsité de l'arméc

fran~aisc,

et cm–

ploycr une campagnc cnlierc

ii

y fondrc cent

ringt mille rcc1·ucs, lcvées de la VistuleauNié–

men. Par malhcur il n'était gucrc probable que

Napoléon voulut, en vcnaot si loin, borncr son

role

a

cclui d'instructeur des Polonais, etsurlout

clcpcoscr l1cct usagc une tcllc parlic ele ses éco–

nomics. N'ayant pas les puissantcs rcssourccs du

crédit, ne se procurant des moycns financicrs

qu'a force cl'ordrc, ayant d'immcnscs armécs

a

nourrir, il était dcvcnu prcsqnc avare. On l'a–

vait

VU

rcruscr

a

SOll Íl'CrC Joseph des SOllllllCS

qui auraicnt infinimcnt facilité la pacificalion de

rEspagnc, se qucrcllcr aigrcmcnt avcc Mural,

avcc Jérómc, avcc Louis, pom· des rcglcmcnls

de complc donl l'importaucc oc scmblnit pas le

méritcr ; et on pcut di1·c qu'il était aussi pro–

digue clu sang de ses peuplcs qu'économcde lcur

argent, sacbant bien qu'ils ticnncnt

1t

!'un prcs–

quc autant qu'a l'autrc. ll étail done doutcux

c¡u'il

rit

pour la rcconstilution de la Polognc le

principal clfort, cclui de dépcnscr de !'argent,

clfort qui eút été le plus cfficacc, car lorsqu'on

a fait une arméc, on a prcsquc fait une nation.

Napoléon, sans bcaueoup attcndrc de la Po–

lognc, se flallait cependant qu'on pourrait, au

bruit d'unc si ''aste cxpédition, cntrcprisc en

apparcncc pour elle seulc, c>:ciler d.ans son scin

un élan patriotiquc, et en obtenir au moins des

soldats et de !'argent..

11

était done résolu

a

ne

ricn négligcr pour provoc¡ucr cetélan, unechosc

toutcfois cxccptéc, ccllc de s'cngagcr irrévoca–

blcmcnt <lans une lullc a mort contrc la llussie,

a

moinsque la Pologncn'accomplitdcs prodiges;

car, tout en se

lan~ant

dans ccttc gucrrc, son

bonscns, malhcureusemcnt lardir,lui disait déjii,

et trop pcut-clrc, qu'il ne füllait pas la rcndrc

implacable. ll ainrnit

á

pcnscr qu'un coup bril–

lan! commc Auslcrlitz, Iéna ou Fricdland, pour–

rait mcttrc l'cmpcrcur Alcxandrc i1 ses pieds, el

lui procurer prochaioemcnt la paix contincn–

talc et maritimc. Ce n'étail pas, commc on ]'a

<lit quclqucrois, laliberté des Polonaisqu'il crai–

gnait, car la liberté

commen~ait

a ne plus lui

fairc pcur, dcpuis qu'il l'avait si bien étoulféc

enFrancc. l\laisl'engngcmcnt de nesigncrqu'unc

paix triomphalc, commc il l'aurait fallu pour ob–

lcnir de la llussic et de l'Autriche le rétablissc–

mcnt de la Pologne, était un engagcment qu'il

ne voulait prcnch-c avcc pcrsonnc, parce que la

fortuno ne l'avait pas prisavcc lui. Dans ces dis–

positions quclquc pcu inccrtaines,ctqui malbeu–

rcuscmcnl pouvaicnt en produircde scmblablcs

chcz les Polonais, il avait résolu de clioisir un

liommc cunsidérablc pour l'cnvoycr a Varsovic

a

tiLrc d'ambassadcur, ce qui était, du rcsti:, une

prcmicrc déclaration asscz clairc qu'il voyaiL

'dans le grand-duchéde Varsovic un IÍtat nou–

vcau, non plus simplcmcnt anncxé a la Saxc,

mais existant par lui-mcmc, et pouvant devenir

l'ancicn royaumc de Polognc. Ce personnagc

dcvait diriger les Polonais, les pousscr

a

s.e con·

fédércr,

a

se lcvcr en massc, ii formcr une dicte

généralcct des diéLincs,

a

doubler,

a

tripler l'ar–

méc du princc Poniatowski,

i1

expédicr dans tou–

tcs les provinccs les plusnncicnnemcnt détachécs

de la Pofognc, commc la Litbuanic et la Volhy–

nic; des émissail'CS ]lOUr les cxcitcr au lllClllC

mouvcmcnt, en ajournant loulcfois de scmbla-