170
LIVJlE QUAllANTE-TllOISIEME.
'
domestique était détenu ; ensuitc on n'avait pas
daigné <liscutcr les propositions apportées par
M. <le Screlobin, parce qu'on ne voulail pas s'cx–
pliquer, et parce que la conelition ele rétrogradcr
au moins sur l'Odcr eléplaisail souvcrainemcnt.
Le princc Kourakin, susceptible, quoiquc asscz
concilianl, prenanl ces rcfus et ce silcncc pour
un dédain qui lui étail pcrsonncl, c1·oyant qu'au
point ou en étaicnt les choscs il scrail cxposé
a
París
a
rlcs traitcmcnts tous les jours plus humi–
lianls, ovnit, snns ordro de son gouvcrncmcnt,
demandé ses passe-ports. M. <le llassano s'était
attaché
li
luí monlrcr tout ce qu'unc pa1·cille dé–
marche préscntait <le g1·avc, lui avail expliqué
le rcfus de rend1·c le domestique réclamé par la
1rnlurc des inculpalions dirigécs contrc ce do–
mestique, le rcfusde négocicr sur les bases qu'a–
vait apportécs M. de Screlobin par ce qu'avait
d'inadmissiblc la proposition d'un mouvemcnt
rélrogradc, el était ainsi parvcnu :\ luí faire rc–
tirer ou suspentlrcla demande de ses passe·ports.
~lais
restait le fait de ccllc demande inexplicable,
et Napoléon tcnnil tcllcmcnl
¡,
son plan, que le
moindrc doule sur l'cxécution <le ce plan le rcm–
plissait d'inquiétude. Ses troupes se i·cposaient
sur In Vistulc dcpuis les prcmicrs jours de mai.
11
pcrsistait dans son projet de les y laisser jus–
qu'auxapprochcs dcjuin, puisd'cmploycr quinzc
jours
¡,
les portc1· sur le Niémcn, et de commcn–
cer ainsi les hostilités
1t
la mi-jnin. Craignant
qu'Alcxandre ne flil pas asscz contcnu dcpuis
c1u'il n'avait plus M. de Lauriston
it
ses cótés, ne
complant pas asscz sur l'inílucncc de M. de Nar–
bonnc, il imagina, mCmc nprCs toutcs les dénrnr–
ches qu'il avait déja ordonnécs, une <lé111arcl1c
nouvelle pour parcr au danger c¡u'il rcdoutail.
M. de Lauriston était resté
a
Saint-Pétc1·sbourg,
commc
J\I.
<leJ(ourakin
a
París, dcpuis le départ
·des dcux cmpcrcurs. M. de Lauriston, quoiquc
toujours tl'ailé avcc égards, ne voyait pcrsonnc,
rcnconlrait quclr¡ucfois AJ. de Soltikoff, clwrgé
des rclalions cxtérieurcs en l'abscncc <lu cl1an–
cclicr, mais le rcncontrait pour ne ricn
di1·c
el
ne ríen c1itendrc. Napolcon luí cxpédia le 20
mai l'or<lrc de dcmandcr
a
se rcnclre su1·-lc–
champ
a
Wilna, auprcs de la per;onnc du ezar,
pour des communicalions importantes qu'il ne
pouvait foirc qu'i1 luí scul Oll
a
son chancclier
j
de se transportcr cnsuilc
a
Wilna , de ''Oir
Alcxandrc et M. de llomanzo:T, de les insll'Uirc
de la demande ele passc-ports préscntéc par le
princc Kouraki11, de se réericr bcaucoup su1·
une démarchc si brusc¡ucmcnt hostilc; de se ré-
cricr égalcmenl sur la condition apportée par
~l.
de Scrdobin , et consistanl
lt
cxiger nvanl
toutc négocialion l'évacualion immétliate de la
Vicillc-Prusse (la supposilion étail fo1·t cxagéréc,
car l'évacuation dcvait suivrc et non précéder
les nrgociations); de déclarer qu'a aucune épo–
quc, aprcs Austcrlitz, apres Friedland, Napo–
léon n'avnit imposé au czar vaincu une condi–
tion aussi déshono1·antc; de s'informc1· cnfin si
décidément on voulait avoir la gucrrc, si on
voulait la rendre inévilablc et violente en por–
lant attcinte
a
l'honneur d'un advc1·sairc qui ne
complait pas la faiblcsse parmi ses défauts, ni
!'humilité pal'll1Í ses qualités. Si Al. de Lauriston
n'obtcnait pas la permission de pénétrer jusqu'a
l'cmpereur Alcxandrc, ce qui scrait rigourcux,
car un ambassadcur peul loujours prétcndi·c
a
s'approchcr du souvcrain aupi·cs duque! il est
accrédité, il devait prendre ses passc-ports. Alais
ccsnouvcllescommunications transmises
a
Wilna,
devant provoquer des réponscs de Wilna
a
Sainl–
Pétcrsbourg, ne pouvaicnl manqucr d'exigcr du
tcmps, el
com111c
il s'agissait ele gagncr sculc–
mcnt quinze
a
vingt jours,
il
était
it
croirc qu'on
y réussirait. M. de Lauriston, s'il obtcnait la
pennission de se rendrc
a
Wilna, avait ordrc de
toul obscrver avec ses ycux fort cxcrcés de mi–
litairc, d'cxpédier mcme chac¡ue jour des COlll'·
rie1·s bien choisis pour le quartier général fran-
9ais; car, ajoutait Napoléon, dans ce momcnt
d'hostilités immine11lcs, ou loules les communi–
cations dcvienncnt plus difficilcs qu'cn guerrc
mcmc,
Ull
courrÍCl' Íntcl!igent qui. l'ÍCllt de tra–
verscr les avant-postes cst le meillcur des infor–
matcurs.
D'aulrcs a[aircs attirercnt cncorc l'allcntion
de Napoléon au milicu eles fetcs ele Dresde. La
Sucelc, la Turquic, avaicnt en cffet <le quoi l'oc–
cupcr. On avait
rc~u
de Stockholm de nouvcllcs
communicnLions qui parnissnicnt venir
du
princc
royal; clics étaicnt de nature
a
fairc supposcr'
c1u'il éiait possiblc ele le l'timencr, et Napoléon,
qui ne se figurait pas
a
que! point In haine nvait
pénétré elans ce ereur,
il
que! poinl l'ambition
des Suérlois s'était détournéc ele la Finlandc ''crs
la .Norwégc, cL qui d'nillcm·s ignorait le .trailé
sccrct du
~
avril, n'était pas loin cl'cspércr une
divcrsion opéréc sm· le íl:rncdes Husses par trente
ou quarantc milie Suéclois. Aussi nll.cndait-il n1'CC
irnpaticncc
M.
Signcul, plusicurs fois annoncé,
mais point cncorc nrrivé.
Les nouvcllcs de Tu1·quic scmblaicnt luí pro-
111cttrc une aulrc divcrsion égalcmcnt l!·cs-im-