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PASSAGE DU NIÉMEN. -

MAi

1812.

175

bles mcnécs en Gallicic,

a

cause de l'Autrichc,

JI

allait, disait-il, cssaycr de ramener 1 moins ele

dont il fallait ménager J'alliance. Cet ambassa- grandeur,a moins d'ambition,

a

moins d'orgucil,

deur, chargé de reconstiluer J'nncicnnc Pologne, Je colossc russc,sansavoir loutefOis la prétcnlion

devait étre un personnage considérablc, aussi de le détruire. Avee de telles inlentions, refairc

propre

a

inspirer la prudence que la hardicsse, la Pologne était une ehose indiquée, mnis

ii

la

eapable de prcndre un grand ascendant, et par eondition que la Pologne eoneourrait forlemenl

son nom scul indiquant J'imporlancc de !'entre-

n

se refairc elle-mcmc,cllui fuurniraillcs moycns

prisc qu'il était chargé de diriger. Pour cctle ele vaincre

Ja

Russie, ele Ja vaincre assez .com-

difficile mission, Napoléon avaitsongé a M. de plélemcnt pour qu'ellefUtobligécdeconscntir a

Talleyrand, et bien que ce personnage noncha- une pareillcentreprise. Par quels m_oycns réussi-

lant et railleur manqu:it un pcu elechalcur pour rait-il a battre une puissance qui avail l'immen-

un te! rólc, il était parfaitemcnt choisi, car, in- sité de l'espace pour refuge, el qui ne per<lait

dépcnelammcnt de ce qu'cn savicil avaitété tout, pasgrand'.cbose en livranl du lcrriloire, puisquc

memc révolutionnaire, el pouvait J'ctre encore, c'était du tcrriloire saos culture et saos habi-

il avait un art de flallcr les passions, une dcx- tants, il n'avait pas i1 Je dire, et il n'étail pas

térité a les rnanier, une grandcur personncllc, méme définilivcmcnt fixé sur Ja maniere ele s'y

qui en auraicnt foit en ce rnoment le vrai rcslau- prendre. Pcut-etrc il frapperait un coup écra-

rateur de la Pologne, si elle avait pu étre res- sant, et terminerait la guerrc en quclques mois.

laurée. A toutes ces aptitudes se joignait chcz

Mais cela n'étail possible que si J'enncmi s'olTrait

lui une convenancc qui n'élait pasa déelaigncr, d'assez pres pour qu'on pi1t I'attcinelrc au crour.

c'élait d'ctre Je confldcnt, le favori jusqn'a J'infi- Si la chance se présentait moins favorable, il s'éta-

délité de Ja com·de Viennc, et des lors il dcvait blirait aux limites de la Vicillc-Polognc, s'occu-

mojns qu'un autre inquiélcrcette cour dans l'ac- pcrait d'organiscr ccllc-ci, lui dcmandcrait dcux

complisscmcnt d'unc tache <lélicalc, surlout

it

cent mille hommcs, en ajoulcrnil cent mille des

cause d'elle. Mais c'est par ce cóté memc que Je siens, et Jeur laisscrait le soin d'épuiscr

la

con-

projet échoua, car, avcc une sorte d'impatience stancc e_t les moyens de la Russic. Dans tous les

pcudignede lui,il commit sur ce sujet a Vicnnc, cas, et surlout dans Je dcrnier, il fallait que la

soit pourse faire valoir, soit poursc fairc agrécr, Pologne monlrt\t un grand élan, qu'cllc donn;it

des indiscrétions qui déplurent singulii:remcnt sonsang en abondancc, car la Franco ne pouvail

i1 Napoléon, révcillcrcnt en tui de nouvclles dé- pas avec le .sien sculcrnent lui rcndre la ''ic. De

fianccs, et le porlercnt ainsi

n

se privcr d'un in- plus, il fallait avcc bcaucoup <l'élan bcaucoup de

strumcnt précicux. 11

renon~a

done a M. de prudencc

il

l'égm·d de f'Autrichc, propriélairc

Tallcyrand, et arrivé 1 Drcsde, chcrchant au- de la Gallicie, et médiocrcment disposée 11

s'cn

tour de lui quclqu'un

li

cnvoycr

a

Varsovic, dcssaisir, se conduirc par conséqucnL avcc nn-

arrcta son choix sur un arehevequc, car un

tant ele mesure que de hardicsse, sans quoi

011

pretre convenait asscz i1 Ja catholique Polognc.

ferait échoucr l'cnlrcprisc au début mcrnc.

~lais

Cct archevcquc ful cclui de Malincs, M. de par-elcssus loulil fallaitun cnticrdéroucmcnt de

Pradt. 11 aurait été <lifficilc de choisir un homme

Ja part de Ja Polognc, car les cJTorls qu'il fcrail

qui ctit plus d'esprit et moins de coilcluilc. pour elle scraicnt toujours proportionnés 1ccnx

Sans suite, sans tact, saos l'art de se mouvoir qu'clle fcrait pour cllc-rnéme. "Parlrz, monsicur

au milicu des parlis, sans aucune des connais- l'archcvequc, ajoula Napoléon, partcz sur-lr-

sanccs administrativcs donl il au1·ait fallu aidet· champ,dépcnsczbcaucoup,animcz louslcscrours,

les Polonais, capable uniqucment de saillics élin- mcllcz la Pologne 1 chcval sans me brouillcr

cclanlcs, de plus asscz pcurcux, il ne pouvait avcc l'Autriche, et vous aurcz bien cornpris el

qu'ajoulcr

a

la confusion d'un soulcvcrncnt pa- bien rcmpli volrc mission. " Cela dit, il congé-

triotique Ja propre confusion de son esprit. Mais dia l'archcvéqucsans lui laisscr le tcrnpsd'élcvcr

Napoléon, trcs-restrcint dans ses choix en fait des objcctions, que du reste il ne songcaitgufre

el'hommcs a cmploycr e1·ans un pays libre, troü-

¡,

opposcr, bien qn'il s'cn soitvantédcpuis.L'ar-

vant sous sa main M. de Pradt, parce qu'il avait cl10véque partil,

il

Ja fois rJTrayé et ébloui de sa

amené avcc Jui son aumónr.rie,

fil

brusqucment t<lche, car il avait J'ambilion d'clrc dans son

appelcr ce prélat, Jui

annon~a

sa mission, fui en lcmps l'un de ccsgrands politir1ucsdont le clcrgé

tra~a

la marche el Je but d'un ton bref et impé- a fourn i j:idis de si imposants rnodi:Jcs; mais il

ricux, et clu reste nvcc une p:lrfüitc sincérité. -

n'nvnil ni In pnticncc ni le courngc des rólcs