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LIVllE QUAllANTE-Tl\OISJ!ii\IE.
apres :11•oi1· ordonnéces reehercl1es, en opportait
avee joie le résullat
a
sa filie et i1 son ·gcndre.
Cclui-ei en rit de bon creur, sauf
u
s'cn servir
clans ccrlains moments; Maric-Louise ajouta ce
liochet i1 son incomparable grandeur, et les
courtisans purenL dirc que cclte farnilleavait été
destinéc de tout tcmps
a
régner sur les homrncs.
L'impératricc d'Autrichc, traitéc par Napo–
léon a1·ec des égards délieats, flaLléc de son
accucil, jalousc parfois des magnificcnccs de sa
hclle-fillc, mais dédommagéc par millc préscnts
qu'cllc rcccvait chaquc jour, s'adoucit heaucoup,
sauf i1 revenir bientót
a
son dénigrerncnt habi–
lucl lorsqu'cllc scrait de rctour 1 Vicnnc. Napo–
léon, qui n'cút eédé le pas
a
aucun monarqucau
monde, le céda ecltc fois
a
son bcau·pcrc avcc
unedéférence loutc filiale, et ne ecssa declonner
le bras
ii
sa hellc-mi:rc avec la courtoisic Ja plus
emprcsséc,
a
tcl point que l'cmpercur
Fran~ois
ful ravi du role qu'il jouait
a
Dresdc, commc
si la maison d'Autrichc cút recouvré par ces
proeédés quclquc chosc de ce qu'cllc avait
pcrdu.
Ou assisla le prcmicr jour i1 un somptucux
Jx1nqucl chcz le roí de Saxe, mais les jours sui–
vanls ce fut Napoléon, donL
la
maison avait éLé
cnvoyéc i1 Drcsdc, <¡ui réunit <:hez Jui les nom–
hrcux souvcrains venus
it
sa rcncontrc, mCmc le
roi <le Saxc, qui, dans sa proprc capilalc, sem–
blait rcccvoir l'liospilnliLé au lieude la donncr.
Une foulc irnmcnsc rcmplissail Drcsdc, bien que
Napoléon clit éearlé, pour l'cnvoycr i1 Posen,
tout ce qui était purcmcnt milit:iirc, jusqu'a son
bcau-frerc Mu1·nt, jusqu'a son fri:rc Jérómc,
consignés l'un cL l'aulrc
i1
lcurs quarlicl's géné·
raux. Malgré ccllc précaulion, l'allluencc des
princcs, de Jcurs grands officicrs, de lcurs mi-
11islrcs, était cxtrnordinaire. Napoléon sorlait-il
:'1chcval ou en voiturc, la foulc se prcssait pour
Je voir, et
il
fallait que les grenadiers saxons,
11ui seuls le gardaicnt en ce momcnt, accourus–
scnL pour préYcnir les nceidcnls. Dans l'inléricur
des appartcmcnts impériaux, l'cmpresscment
n'élait pas nioins tumullucux. On se précipitait
au·dcvant de luí eles qu'il paraissait : po111· en
ct1·c remarqué, pour en obtcnir uue pnrolc, un
1·cgard, on se heurtait ; pu is s'apcrccvant que
pnr tropd'impatiencc on avail coudoyé un supé–
ricur, un prcmicr ministre, un roi pcut-Ctrc
1
011
rcculait :wcc rcspcct, on s'cxcu::;ait,
l'L
on rccom–
mcn~ait
a
courir cncorc apri:s l'objct de loulcs
ces démonstrations. Les plus émincnls pcrson–
nagcs politiqucs n'élaicnt pas les moins Jll'Ompts
a
se lrouvcrsurses pas,carau désil'Clcsc monlrcr
aupres de luí, d'ctrc
honorés.deson entrclicn,
se joignaicnt la curiosité, l'intérct de dcvincr
quelqucs-uncs de ses intcntions
ii
la tournurede
ses discours, ce qui n'empcehait pas, lorsqu'on
élait hors de ce tumulte, lorsqu'on se croyait
garantí des orcillcs indiscri:tes, des bouchcs in–
fidclcs, de se dcmander si cctte sci:nc éblouis–
sante n'était pas pres d'un lragique dénoúmcnt,
si dans les distanecs, daos les frimas que le eon–
c¡uérant allait braver, il n'y aurait pas quclque
chance d'ctrc débarrassé d'un joug· abhorré
sccrclcmcnt, quoiquc publiqucmcnt adoré. Mais
apres s'ctre livré sans bruit
1t
ces cspérances, on
élait bicnlót ramcné
ii
la crainle,
il
la soumis–
sion, par le souvcnir d'un bonheur conslant ; on
n'augurait alors, surtout en publie, que des
vicloircs, on déclarail Napoléon invincible, le
czar altcint de folie ; et si on ne pouvait dirc ces
choscs
a
Napoléon, souvcnt
diffici.lca
abordcr
quoir¡uc toujours poli, on allait les dirc
a
M. de
Ilassano, qui élait récemment arrivé
a
Dresdc,
el dont Ja vanité savourait avec déliccs l'cnccns
que l'orgucil deNapoléon lrouvait insipidc.Mais
ces pompcuscs rcpréscntations n'élaicnt 1¡u'un
voile jeté sur une inccssanlc aelivilé politiquc
et mililairc. Les mille courricrs <1ui suivaicnt
Napoléon luíapportaient d'innombrablcsaffoires
qu'il expédiait la nuil <1uand
il
n'avait pas pu les
cxpéclic1· le jour.
11
avait, nolammcnt avcc le roi de Prussc,
appelé a ce 1·cn<lez-vous et point cncore arrivé,
des qucslions asscz graves et asscz délicatcs i1
lraitcr. Le cri eles pcuples allcmands conlrc le
passage des troupes était dcvcuu général et
violent. Napoléon avait complé, pom· nourrir ses
armécs penclant lcur marcl1e, sur les denrécs que
la Prussc s'élait engagéc
/¡
fourni1·
ii
un prix eon–
vcnu. Mais ne youlant pas révélcr Ja dirceLio11
de ses mouvcmcnts, il n'avait pas <lit d'avnncc
qucls chcmins suivraicnt ses t1·oupcs, el clics
élaicnt réduitcs a dévorcr oú clics passaicnt Ja
subsistancc eles populations. Les solclats du
maréchal Davoust, toujours bien pourvus 1
l'avance, ccux clu nrnréchal Oudinot, sortis
'1
peine des mains clu maréchal Davoust, avaicnt
causé moins de mal parce qu'ils avaicnt éprouvé
moins de bcsoins. Au contrairc ceux du maré–
chal Ncy et du princc Eugi:nc, vcnant de plus
loin, aynnt déja lieaucoup souJTcrt, et comptant
dans Jcurs rangs un granel nombred'Allcmands,
s'élaicnt Lrcs·mnl conduits.LcsWurtcmhc1·gcois,
dans le corps du maréchnl Ncy, les Bavarois,