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í68

LIVllE QUAllANTE-Tl\OISJ!ii\IE.

apres :11•oi1· ordonnéces reehercl1es, en opportait

avee joie le résullat

a

sa filie et i1 son ·gcndre.

Cclui-ei en rit de bon creur, sauf

u

s'cn servir

clans ccrlains moments; Maric-Louise ajouta ce

liochet i1 son incomparable grandeur, et les

courtisans purenL dirc que cclte farnilleavait été

destinéc de tout tcmps

a

régner sur les homrncs.

L'impératricc d'Autrichc, traitéc par Napo–

léon a1·ec des égards délieats, flaLléc de son

accucil, jalousc parfois des magnificcnccs de sa

hclle-fillc, mais dédommagéc par millc préscnts

qu'cllc rcccvait chaquc jour, s'adoucit heaucoup,

sauf i1 revenir bientót

a

son dénigrerncnt habi–

lucl lorsqu'cllc scrait de rctour 1 Vicnnc. Napo–

léon, qui n'cút eédé le pas

a

aucun monarqucau

monde, le céda ecltc fois

a

son bcau·pcrc avcc

unedéférence loutc filiale, et ne ecssa declonner

le bras

ii

sa hellc-mi:rc avec la courtoisic Ja plus

emprcsséc,

a

tcl point que l'cmpercur

Fran~ois

ful ravi du role qu'il jouait

a

Dresdc, commc

si la maison d'Autrichc cút recouvré par ces

proeédés quclquc chosc de ce qu'cllc avait

pcrdu.

Ou assisla le prcmicr jour i1 un somptucux

Jx1nqucl chcz le roí de Saxe, mais les jours sui–

vanls ce fut Napoléon, donL

la

maison avait éLé

cnvoyéc i1 Drcsdc, <¡ui réunit <:hez Jui les nom–

hrcux souvcrains venus

it

sa rcncontrc, mCmc le

roi <le Saxc, qui, dans sa proprc capilalc, sem–

blait rcccvoir l'liospilnliLé au lieude la donncr.

Une foulc irnmcnsc rcmplissail Drcsdc, bien que

Napoléon clit éearlé, pour l'cnvoycr i1 Posen,

tout ce qui était purcmcnt milit:iirc, jusqu'a son

bcau-frerc Mu1·nt, jusqu'a son fri:rc Jérómc,

consignés l'un cL l'aulrc

i1

lcurs quarlicl's géné·

raux. Malgré ccllc précaulion, l'allluencc des

princcs, de Jcurs grands officicrs, de lcurs mi-

11islrcs, était cxtrnordinaire. Napoléon sorlait-il

:'1chcval ou en voiturc, la foulc se prcssait pour

Je voir, et

il

fallait que les grenadiers saxons,

11ui seuls le gardaicnt en ce momcnt, accourus–

scnL pour préYcnir les nceidcnls. Dans l'inléricur

des appartcmcnts impériaux, l'cmpresscment

n'élait pas nioins tumullucux. On se précipitait

au·dcvant de luí eles qu'il paraissait : po111· en

ct1·c remarqué, pour en obtcnir uue pnrolc, un

1·cgard, on se heurtait ; pu is s'apcrccvant que

pnr tropd'impatiencc on avail coudoyé un supé–

ricur, un prcmicr ministre, un roi pcut-Ctrc

1

011

rcculait :wcc rcspcct, on s'cxcu::;ait,

l'L

on rccom–

mcn~ait

a

courir cncorc apri:s l'objct de loulcs

ces démonstrations. Les plus émincnls pcrson–

nagcs politiqucs n'élaicnt pas les moins Jll'Ompts

a

se lrouvcrsurses pas,carau désil'Clcsc monlrcr

aupres de luí, d'ctrc

honorés.de

son entrclicn,

se joignaicnt la curiosité, l'intérct de dcvincr

quelqucs-uncs de ses intcntions

ii

la tournurede

ses discours, ce qui n'empcehait pas, lorsqu'on

élait hors de ce tumulte, lorsqu'on se croyait

garantí des orcillcs indiscri:tes, des bouchcs in–

fidclcs, de se dcmander si cctte sci:nc éblouis–

sante n'était pas pres d'un lragique dénoúmcnt,

si dans les distanecs, daos les frimas que le eon–

c¡uérant allait braver, il n'y aurait pas quclque

chance d'ctrc débarrassé d'un joug· abhorré

sccrclcmcnt, quoiquc publiqucmcnt adoré. Mais

apres s'ctre livré sans bruit

1t

ces cspérances, on

élait bicnlót ramcné

ii

la crainle,

il

la soumis–

sion, par le souvcnir d'un bonheur conslant ; on

n'augurait alors, surtout en publie, que des

vicloircs, on déclarail Napoléon invincible, le

czar altcint de folie ; et si on ne pouvait dirc ces

choscs

a

Napoléon, souvcnt

diffici.lc

a

abordcr

quoir¡uc toujours poli, on allait les dirc

a

M. de

Ilassano, qui élait récemment arrivé

a

Dresdc,

el dont Ja vanité savourait avec déliccs l'cnccns

que l'orgucil deNapoléon lrouvait insipidc.Mais

ces pompcuscs rcpréscntations n'élaicnt 1¡u'un

voile jeté sur une inccssanlc aelivilé politiquc

et mililairc. Les mille courricrs <1ui suivaicnt

Napoléon luíapportaient d'innombrablcsaffoires

qu'il expédiait la nuil <1uand

il

n'avait pas pu les

cxpéclic1· le jour.

11

avait, nolammcnt avcc le roi de Prussc,

appelé a ce 1·cn<lez-vous et point cncore arrivé,

des qucslions asscz graves et asscz délicatcs i1

lraitcr. Le cri eles pcuples allcmands conlrc le

passage des troupes était dcvcuu général et

violent. Napoléon avait complé, pom· nourrir ses

armécs penclant lcur marcl1e, sur les denrécs que

la Prussc s'élait engagéc

fourni1·

ii

un prix eon–

vcnu. Mais ne youlant pas révélcr Ja dirceLio11

de ses mouvcmcnts, il n'avait pas <lit d'avnncc

qucls chcmins suivraicnt ses t1·oupcs, el clics

élaicnt réduitcs a dévorcr oú clics passaicnt Ja

subsistancc eles populations. Les solclats du

maréchal Davoust, toujours bien pourvus 1

l'avance, ccux clu nrnréchal Oudinot, sortis

'1

peine des mains clu maréchal Davoust, avaicnt

causé moins de mal parce qu'ils avaicnt éprouvé

moins de bcsoins. Au contrairc ceux du maré–

chal Ncy et du princc Eugi:nc, vcnant de plus

loin, aynnt déja lieaucoup souJTcrt, et comptant

dans Jcurs rangs un granel nombred'Allcmands,

s'élaicnt Lrcs·mnl conduits.LcsWurtcmhc1·gcois,

dans le corps du maréchnl Ncy, les Bavarois,