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uvnE QUARANTE:-TROISIEME.

qu'il

cnt1·cprcnaiL,

el en avaiL <lCgoUL el pcut· dCs

qu'il les avait commencés. On lui annonqa de

richcs appointcments, eL on luí ordonna de se

meltre sur-Jc-champ en roulc pour Varsovic. Sa

nomination avaiLété si brusquc, qu'il n'nvait

it

sa disposition aucune des choses qu'il luí aurait

faJJu pour donncr ele l'éelat

n

uneambassadc: iJ

emprunta de !'argent, des domestiques, des se–

créLaires,

cL

s'nchcmina

vcrs sa

dcstination.

l.'ordre

~u'il

avail requde ménagcr l'Aulrichc,

tout en travaillant

¡,

cxaltcr !'esprit des Polonais,

était fort approprié

h

Ja difficullé du momcnt.

En elfet l'Autriche, qu'on avait nclucllemcntsous

la main, puisqu'on possédait

a

Drcsde l'rmpe1·eur

et son ministredirigcant, ne se montrait guCrc

emprcsséc

il

eoncouri r

a

la rcconstitulion de Ja

Polognc. Elle y avait eepcndant un grand inté–

rct, et la chosc, pour J¡ premicrc J'ois, pour Ja

dernicre peut-ctrc, élait possible; ele plus, la

Prussc et Ja llussiey avaient perclu et rlcvaienty

perdre plus qu'elle en territoirc ; l'Jllyric cnfin

élait un bcau prix ele la Gallicie. Mais alors, op–

primée par Napoléon, il était n•lurcl que J'Au–

triche flit peu occupée ele se erécr des 1Ja1·ricrcs

contrc la Russic; d'ailleurs elle se défiait de la

eompcnsalion qu'on luí dcstiaait. Effectivcmcnt,

Napoléon, qui luí faisail cspérer J'Jllyric, pour–

raiL bien lui prcndre la Gallieic, el pu is ne lui

rcstitueren lllyrie que des lambcaux quiscraicnl

Joindeladédommager. Elleavait été si malLraitée

dnns les arrangcmcnts du siCclc,

surlo11t

lorsquc

Napoléon en avait

été

l'autcur, qu'cllc n':wait

nullc enrie d'Ctrc encare amenéc

a

trailcr :wcc

Jui des qucslions de territoirc. Son Jangage était

clone su1· ce sujct froicl, évasií, clilatoirc, et 'a–

poléon, scntanL qu 'ellc allait ct1·e bicnlol sur son

llanc et ses dcrricrcs, Ja ménagait, cLattendait

toul el'unedivinité de Jaqucllc il avait J'hnbiLuclc

de tout attendre, la Victoirc.

Napoléon avait cléjil consacré une quinzaine

ele jours

lt

ces diverses alfaires, et se disposail

a

partir, lorsque le roi ele Prusse, apres avoir luité

ses préparatiís de voyage, parut

11

Dresde pour

y complélor l'affiuence des courtisans couronnés.

11 y arriva le 26 mai, et y íut rcqn avcc les égards

dus

u

son caractcre, rcspcetable quoique íaussé

par une dure nécessité, el

a

son rang, bienélevé

cneore parrni les rois, malgré lrs malheurs de la

Prusse.

Napoléon lui parla avce sineérilé de ses pro–

jcts, dans lcsqucls ladestruction du royaurne de

Prusse n'cnt1·ait nullemcnt, quoiqu'on Je dit

a

Berlin et <lans toutc l'Allemngae, deslruclion

ccpcndanL qui dcvicndraiL un fait

a

l'iustant

meme, s'il avaiL Ja moind1·e raison de se déficr

d'une puissance donl le tcrl'Ítoire étail sa base

indispensabled'opérations. 11 parvinl

a

cet égard

íl

rassurcr Frédéric-Guillaumc et son chuncelicr,

M. de llardcnbcrg,

a

leur pcrsuadcr que l'occu–

palion de Spandau, de Pillau, étnit la suite non

d'unc arriCrc-penséc, mais d'unc prudcncc bien

naturcllc quancl on s'aventurail si loin, et au

milicu de populations travaillécs de l'cspril le

plus hostile ; il s'cxcusa eles maux causés aux

sujcts du roí en alléguant l'urgcncc el Ja néces–

sité, et consc(llit 1 fairc portcr dans Je compte

ouvert avcc la Prusse toutcs les fourniturcs arra–

chécs aux habitants par les corps en marche; il

promit enfin au roi et

i1

son ministre un large

déclommagcmcnt lcl'l'ilorial si la gucrre était

hcurcusc. Pourlant, malgré la neltelé de son

lan~agc,

plein d'autant ele franchiseque ele hau·

tcur,

il

ne parvint

a

donncr ni au roi ni au mi–

nistre eette sécurité enticre dont ils auraicnt eu

bcsoin pour devenir sinceres, et que ne pouvail

pas inspirer d'aillcurs un eonquérant si prompt

et si variable dans ses dcsscins, qui depuis son

apparition dans le monde imposaitchaque année

une Cace nouvclle auconlinent européen. Toute–

fois le roí Frécléric-Guillaume, qui avail cl'abord

résolu de se rctirer en Silésie, pour ne pas rester

a

PotselamsousJecanon deSpandau, ou

a

Jlerlin

sous l'autorilé el'un gouvcmeur

fran~ais,

con–

scnlil

1\

ne pas quitter sa royalc elemeure, afin

de montrer clans son allié une confiance qui de–

vait agir heureusement sur !'esprit eles pcuples.

Le roí préscnta son fils

¡,

Napoléon, le lui o[rit

commc un de ses aidcs decamp, et parut moins

triste que de couLumc, quoiquc cntouré, dans

ccLtc prodigieusc assemblée de princes, de moins

cl'emprcsscmcnt qu'il n'cn méritaiL, etque ne lui

en aecordaiL Napoléon lui-mcme. llois ou peu·

ples, les ho.mmes sont peugénércux pour Je mal–

bcur, e.t ils n'aiment que la force, la gloi1·e et

J'éclal. Le malhcur déchirant les touehe eommc

un spcetacle; Je malheur triste et diserel les

trouvc froids, négligents, soigncux de l'évitcr.

C'était Jecas ici; et tcl de ces princes qui s'était

vcndu

a

Napoléon pour des territoircs, trouvait

mauvais que pour sauvcr les restes de sa eou·

ronne Frédéric-Guillaumc eút épousé l'alliance

ele Ja Franee. Toutcfois on se montrait mesuré,

car on était dcvant un maitre redoutable, qui

n'nurait pcrmis aucunc inconvcnancc sous ses

ycux. On se bornait i1 négliger Je malheur, et on

sacrifiait

1\

Ja fortune, au milieu d'un tumulte