PASSAGE D
NIÉ1fEN. - '""
1812.
177
léon, comprenait
a
lui scul plusieurs millicrs
d'bommes, plusieurs millicrs de chevaux, el une
quanlité prodigieuse de .-oitures. La divcrsitédes
nations et des Jangues ajoutail
a
cetle coofusion,
car on parlait 3la foisfran\:'lis, allemaud, italien,
cspagnol, portugais,
a
des habilants qui ne par–
Jaicnt que le polouais. Ainsi était parrcou
i1
un
exces elirayant ce systcme militairc et pompeu–
semcot mooarcbique créé autour de la pcrsonne
de Napoléon, et cela daos le momenl oú J'on au–
rait cu plus que jama is besoio d'étre éc¡uipé
a
Ja
légcre. l'iapoléon ful assourdi et irrité du tu–
multe de Tborn, et alarmé des embarras que Je
goüt du luxe ehez les uns, la prévoyance cbez
les autres, allaieot multiplier sur ses pas.
JI
. donna des ordres rigoureux pour alléger autant
que possible le fardeau doot on semblail secbar·
gcr
a
plaisir. 11
fil
divcrs rilglcmcots sur le nom–
bre des rnilurcs que chacun, selon son grade,
roi, prioce ou marécbal, pourrait cmmencr; il
divisa son quartier général en grand et pctil
quartier général, J'uo plus lourd, qui ne derait
suivre qu'a distancc Je théalre mobilc des opéra–
tioos militaircs, et l'autre plus légcr, composéde
quelqucs officicrs et de quelques objets indispen–
sables, destiné¡, J'accompagncr plrloul, et
a
cou–
cbcr avec Jui pres de l'cnnemi. 11 limita les élals–
majors des princcs et rois serranl sous ses
ordres, et obligca de rebrousser chcmin une
troupe de diplomates, que les mooarqucs ses al–
liés arnient cboisis parmi les plusalertes de lcur
profcssion , pour les envoyer
a
la suite de la
grande armée , et C!re informés par cux des
moiodres évéocmenls. l'iapoléon mil du soin 3
écarter ces témoios, aussi incommodes par leur
curiosité que par lcur attirail, et leur
fil
défcndre
d'approchcr de plus de Yingt licues du quartier
génér<1I.
Aprcs ces scvérités fort raisonnables, mais
bicotót ioutiles
a
J'égard des ét.lls-majors, il
s·occupa de réduireau slrict néecssaire les Lrans–
porlsde l'arméc. Ne roulanl trainer aprcs lui que
les vivres indispensables aux hornmes et
11
la ca–
valerie, il décida la mise au ''erl de lous lrs
chevaux de trait, consacra tous les charrois
a
porter ou du pain ou des farines, accorda pour
chaque corps un nombre détcrminé
<le
YOilurcs,
et de plus une certaine quantité de bétail qui
scrait abattue
a
chaque couchée. De la sorle
il
e pérait qu'on ne se débanderait pas Je soir pour
vivre, et que !out le monde marcherait serré nu
drapcau.
JI
fixaau 6 juin le mourement général
de laVistuleau Niémen. {Voir la carie n•
51;.)
Le
CO,'iSliLAT.
4.
roi Jéróme, formnnt la droite, devait arce les
Saxons sous fleyoicr, avee les Polonais sous Po–
niatowski, et les Wcstpbaliens sous son com–
mandement dircct, s'arnoeer par Pullusk, Ostro–
lenka, Goniondz, sur Grodno. fleynier seul,
s'éloignantun peu decclledirection par un mou–
vement
a
droite, éLait chargé de rcmonlcr le
Bug, pour donner In rnain aux Autrichicns. Le
rice-roi Eugenc, formant Je centre nYcc les Ba–
varois sous Saint-Cyr, avee l'armée d'llalie sous
ses ordres immédiats, devait partir Je 6 de
Soldau, oú il s'était rendu en quillanl Plock,
pour passcr ' pour Ortclsbourg, flastcnbourg,
Olezkow, et aboutir au l'iiémeo dans les enYirous
de Prcnn, lravcrsanl ainsi les plus tristes pro–
vinccs de la Polognc. Les maréchaux Oudinol,
Ney, Davousl, Ingarde, cornposant la gaucbe de
l'armée et sa masse la plus importante, devaicnt
remontcr les routcsde Ja Vieille-Prusse, s'arnnccr
parallelement, mais par des ehemins dilfércnls,
de maniere
a
ne pas se faire obstaclc les uns aux
nutres, et venir border le Niémen de Tilsil
il
Kowno : Ncy, en passanl par Osterode, Schip–
penbcil. Gerdaun; Oudinot par Marienwerdcr,
Liebstaclt. Eylau, \"ehlau ; Davoust par Elbing,
llraunsbcrg, Tapiau. Lagardeet les pares avaient
ordrc de se tcnir en arriCrc, et
Z1
une ccrtainc
distance, afin de prévenir l'cncombrement. l'ia–
poléon, avce sa profondeur habituellede combi–
naison, avait calculé que le maréchal Davoust,
étanl de lous les corps le plus
a
gauchc, scrait,
grace au coudc que la \"istule forme vers Je nord
a
parlir de llromberg, le plus pres pincé de
Ko:migsbcrg
1
et en mesure de lcnir lCtc
~.
rcn·
nemi avee90 miliehornmes, siconlre loule
nat–
semblance les flusses prenaicnt J'initiative.
11
comptait que du
15
au lGjuin tous ses corps se–
raienl en ligne le long du Niémcn, et qu'aprcs
trois ou qualre jours de repos ils pourraieol,
i1
dater du 20, ent1·er en opération. Aprcs avoir
donné ses dcrnicrs ordres el vu partir les bclles
troupes du maréchal Ney, aprcs avoir inspcclé
a
Marienwcrder cclles d'Oudinot qui n'étaient pas
moins belles, il se rendit par Marienbourg
i1
Dantzig, ou il avait, outre bcaucoup d·objels
i1
examincr, ses lieutcnants Darnust et Mural
a
en–
trctcnir, car il n'arnitrcncontré ni l'un ni raulrc
dcpuis deux ou lrois anoées.
C'esl
i1
Marienbourg, sur la Vistule, que i'ia–
poléon 1·it le maréchal Daroust, au rnoment oú
ce rna1·échal partail pour Krenigsberg, afin de
prendre la tete du rnouvcmcnt. L'nccueil ne fut
pas conforme
a
la vieille
confi~ncc
que Napoléon
12