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PASSAGE DU

NIÉ~IEN.

-

''Al

·1812.

·17tl

inoul d'alléeset de venues, de retes etdeprosler–

nalions, auxqucllcs, pour eomplétcr eettc sccne

étrangc, ne manquaicnt ni les rroux. sccrcts

eonlrc cclui qui élait l'objct de tous les em1ll'es–

semcnls, ni lcsehuehotemcnls, bienseerctsaussi,

sur les périls auxquels il allait bienlót s'exposer.

J,e mois de mai toueliait

a

sa fin, la saison

des opérations militaires allait commcnccr, et

il eonvcnail de mcttrc un lermc

a

ecllc re–

préscnlation, qui se serail inutilemcnt prolo11-

géc, tout l'c[ct polilique qu'on pouvail en espé–

rcr étant produit. D'ail/eurs

!11.

de Narbonnc

vcnait d'arrivcr rlc Wilna, :iprós

:noir

rcmpli

la mission dont

il

avait été cliargé auprcs de

l'cmpcrcur Alexandre. 11 en rapportait la eon–

viction que

fa

gucrrc était inévitablc,

it

moins

de rcnoncer aux cxigcnccs qu'on nvait aílichécs

ñ

propos de la question eommereiale, et de pro–

metlre l'évaeuation des Etats prussiens dans un

délai assez proehain.

11

amrmait qu'Alcxandre,

triste, mais résolu, soutiendrait la lulle opini:i–

trément, se relirerait s'il le fallait dans les pro–

fondeurs de son cmpirc, plutót que de eonclure

une paix d'csclavc, commc en avaient conclu

jusqu'iei tous les monarques de l'Europc; qu'il

fallait done s'atlcndre i1 une gucrre sérieuse,

probablement longue, et eertainement trcs-san–

glante. Du reste, il amrmait que l'empereur

Alexandre ne prcndrait pas l'initiativc des hosti–

lités. Ilicn que Napoléon en approchant <le la

dimeulté en sc11tit micux la grandeur, il n'y avait

daos les rapporls de M. de Narbonne ríen qui

füt de nature

a

l'ébranlcr. ll étail cncore en ce

momcnt plcin cl'espérancc

h

l'égard ele la Po1'lc

et de la Sucde; il partait satisfait de la soumis–

siondes princesgc1·maniq11cs, rt nolammcnt des

dcux principaux d'cntrc enx, l'cmpcrcur d'Au–

triehc et. le roí de Prussc. Trompé, rnalgré sa

profondc sagaeité, par la défércnec npparcnlc

de tousces souverains, g,.andsct pctits, par lcurs

protestations de dél'oucmcnt, par l'affiuencc des

pcuplcs eux-mcmes, qu'une ardcnte cul'iosité

avait attirés sur ses pas, il eroyait que tout luí

rcstcrait sournis sur le continc11t, et que les

forces réunies de l'Europc concourraicnt 1 ses

dcsscins.Une seuleehose l'élonnait,saosl'embar–

rasser néanmoins, c'était Jarésolution

d'Alcxan·~

drc, qu'il ne s'attcndail

pasa

trouvcr aussicon–

stante et aussi fcrmc qu'on la luí dépeignail;

mais il se flallail de la fairc bicutót évanouir par

quelque grand coup frappé sur l'arméc russc.

Au surplus, de tout ce que lui arait appris Al. de

Narlionne, la sculc ehosc qui l'intércssat vérita-

lilement, e'était ladéclaralion réiléréc d'Alcxan–

dre qu'il ne scrait pns l'agrcsscur, el lnisscrait

violcr sa fronticrc al'ant d'agir. Cene déelara–

tion donnait

a

Napoléon une cnticrc séeurité

quanl

h

l'aehcvcmcnt paisiblcdeses moul'cments

préparaloircs.

et

il se regardait commc désor–

maisassuré d'al'oir tout le ternps néeessairc pour

se mouvoir de InVistulc auNiémcn.Mnis iljugea

que le moment élait venu de partir, car il lui

fallait du 1" juin au

-15

pour portcr son arméc

de la Vistule au Niémen, surtout en voulant

marchcr sans préeipitation. ll se déeida done

a

quitter Drcsdc le 29 mai, pour se rcndrc par

Po5cn, 'I110rn, Dnntzig, Krenigsbcrg, sur le

Niémen. Aprcs avoir comblé son bcau-pcre de

p1·é1•cnanees toutes filiales, sa hcllc-mcrc d'alten–

lions rcel1erchécs, de préscnts magnifü1u·cs, et

souvcnl réduit la malvcillanee eon11ue de celte

princcssc

a

une inconséqucncc risible; nprCs

al'oir témoigné lc3 plus parfails égards au roí de

Prusse, la pluscordiale amitié1son hóte, le roí

de Saxc, et une polilcsse altiCrc

nuus

graciense

a

ses royaux l'isitcurs, il cmbrassa l'lmpératriec

avec érnotion,

cLla laissa plus

aflligéc

qu'on

ne

l'aurait s11pposé d'une épousc que la politiquc

al'aitchoisie, mai quis'étail promptemcnt éprisc

de

la

pérsonnc, de la puissancc el de la honté

extreme pour elle de son glorieux époux. 11 fut

convcnu qu'ellc irniL

il

Prngue, au sei11 de sa

famillc, oublicr au milicu des retes, des hom–

magcs,

c..lcs souvcnirs d'cnínnce,

ccttc

séparntion,

qui était la prcmicrc, et qu'cllc semblait alors

ineapablc de supporler longtcmps.

N:1poléon aprcs ces adicux, abandonnant 11

l'Jmpérntriec les pompes de la eour, prcnant pour

luí un co1·tége tout militaire, se faisanl suivrc

de MM. de Caulaincourt, Ilertl1icr, Duroe, lais–

s:iol

a

Drcsdc, po11r y 1erminc1·quclques alTaircs,

MM. de Bassano et Daru, pa1·tit pour Posen

le 29 mai, en propagcanl le bruit qu'il irait i1

Varsovic, c1uoiquc résolu

a

n'cn ríen fairc. 11 ne

voulait pas en cffet conlraetcr avac les Polonais

des cngngemcnts personncls, avanl de savoir ce

qu'il pouvail obtenir d'eux; mais il voulait lcur

laisscr des cspóranccs indéfinics, el pcrsuader en

mcme lcmps

a

l'cnnemi que ses prcmicrs c[orts

se porlcraicnt sur la Voll1ynic, tandis qu'il son–

geaiLau eontrairc Ules <lirigcr dans un sens cn–

tiercment opposé.

Arrivé

a

Glogau, puis

a

Posen,

il

trouva par–

tont

la

trace réecnte des soulTrances que ses

troupes avaienl causces aux populations. Se rési–

gnanl

11

ccllcs qu'avaient cssuyées les Prussicns,