P.ISS.IGE OU NIÉMEN.
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1 81~.
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cerc, <JUOiquc inléressée. Le lendcmni11 "" Nn–
poléon alla couchcr
1t
llnreulh, le
rn
h
Plnuen,
lravcrsant l'Allcmagnc au milieu d'unc aíllucncc
inoulc des ·populations germaniqucs, chez lrs–
r¡ucllcs la curiosilé contrc-balangait la hainc. Ja–
mnis, en efTet, le polentat qu'elles détestaicnt ne
lcur a1·nit paru eutourí de plus de presligc. On
parlail a1•ce une sorlc de surprisc et de lerrcur
des six cent millc hommes qui de toute les por–
ties de l'Europc nccournicnt U sa voix ; on lui
prctait des projets bien autrcment extraordinai-
1·es que ceux qu'il avnit
eon~us;
on disnit qu'il
se rcndait par la llussic dnns l'Indc; on répan–
dait ninsi millc foblcs cent fois plus folles cncorc
que ses résolutions véritnblcs, et on croyait prcs1
que
U
lcur accomplisscmcnt, lant ses SUCCCS COn·
stants avaicnt
a
son égard t.ICcourngé la lrninc
d'espé1·er ce qu'elle désirait. De vasles búchcrs
étaient préparés sur les roulcs, et In nuit 1·enue
on y mettait le feu, nfin d'éelairer sa marche, de
sortc que l'émolio11 de la curiosilé produisnit
presquc les emprrssemcnls ele l'amou1· et rle la
joie. t e 16 au matin , les bons souverains de la
Snxe accoururent jusqu'a Freyberg au-devant de
leur puissant allié, et le so;r rentrerent
1t
ses eó–
tés dans la capitale de lcu1· roya11111e.
Le lcndcmain 17, Napoléon
1·c~ut
1t
on levcr
les officiers de sa couronne, ccux de la cou–
ronnc de Saxe, ¡mis les princcs allcmands qui
l'avaient précédé ou suivi
1t
Orcsdc. 11 se montra
courtois, mais lrnut , et d9t lcur porailrc cnivré
de sa puissance, bcaucoup plus qu'il ne l'était
récllcmcnt, car en approcliant du danger, ccrtai–
nes lucurs avaienl traversé les profondeurs de
son esprit, et il marchait
a
eellc nourelle lulle
moins convaincu qu'cntraiué par ce couranl
de
gucrres auqucl il s'ét"it livré. Mais srs dou–
tes étaicnt courts, et inlcrrompaienL
a
peine la
confiance irnmensc qu'il puisait dans In constance
de ses succcs, dons l"étcnduc de ses forces, et
dans In conscie11ce de son génic. Poli avcc les
princcs alleman<ls, il ne se montra toul
ii
fait
amical qu'avcc le bon
1·oi
de Saxc,
c¡u'il
aimait
et dont il était aimé, qu'il avait arruché :'1
une
vie simple et droilc pour le jclcr <lans le torrent
deses propres avcnlu1·cs, et <¡u'il avait achevé de
séduire en lui rendant, sous le litre de g1·and–
duché de Vnrsovie, la royaulé' de la Polo¡;nc,
!"une des anciennes grandcurs de sa fnmillc,
royauté qui <lcvnit s'acc1·oitrc cnco1·c si
In
gucn c
de 1812 était heurensc. Cct exccllcnt roi élait
enchanlé, gloricux de son hótc illustrc, et le
montrait avrc orgucil
a
ses sujcts, qui oubliaient
presque leu1·s sentimentsallen1ands auspeetaele
des plendeurs rcnrlues et promiscs
n
In fnmille
régnnnlc de Snxc.
Napoléon ollcndaiL
¡,
01·cs<le son hcau-pi:1·e
J"cmpercur d'Autriche et l"i111pératrice sa bcllc–
mcre, issuc par les femmcs de la 111aison de Mo–
dCnc, épouséc cu troisiCmcs noccs pnr
l'cmpc1·cur
Fran9ois
11,
mere d'adoption pour Mnric-Louisc,
princcssc douéc ele bcaucoup d'agrémcnts, mais
vnine, nliic1·c, et détcstant les g1·ondeurs qu'on
ravnit invitt:c
a
\'CllÍI'
voit'.
Elle nvnit obéi, en se
rcndont 11 Drcsdc,
a
la politi<¡uc de son époux,
et
ii
sn p1·oprc euriosité,
L'empcreur et l'impératrice d'Autriche arri–
vcrcnl
ii
Dresde un jour aprcs N;ipoléon et Ma–
ric-Louise, tout juste pour laisscr :'1 ccux-ci le
lcmps de prcmlre posscssion du pala is rlu roi de
Saxe. L'cm¡wrcur
Fran~ois,
qui aimait sa filie,
el qui , sans oublier la politique de sa maiso11,
élnit satisfoit de relrouver cclte filie heureusc,
comblée de gloire et de soins par son époux,
l'cmbrns n nvcc une vive satisfnclion. 11 ouvrit
p1·esque frnnchcmcnt les bras
ii
son gcnrlre, et
véeut 1 Drc de daos une sorte d'inconséque11ee
plus sincereet plus fréqucnle qu'on ne ri111agine,
balancé entre le plaisir de voir sa filie si grande
et le cha¡¡rin de sentir l'Autricl1c si n111oind1·ic,
flottant ainsi entre des scntiment clil crs sans
chercher
a
s'en 1·rndrc compte' promcttant
¡,
Napoléon son concours ap1·i:s avoir mandé
il
1\lexandrc que ce concours crnit nul, se
disant
qu"aprCs tout il
avail
foil pour le rnicux en se
snrantissant
¡,
la f"ois contrc les succcs de !'un el
de l'oulre adver nire, croyanL bcaucoup plus
ccpcndant 1 ccux de Napoléon, et se disposanl i1
en profiter pa1· les conclitions de so11 lrailé d'al–
liance. Les ,\mes so11L e11 génc1·al si faihlcs et les
esprils si vacillanls, <¡ue bcaucoup 11"11ommcs,
111Crnc lionnCtcs , vivcnl sans 1·cmords cluns clrs
trahisons scmblablcs,s'cxcusant
¡\
lcurs ycux pa1·
la
11éccssilé
d'unc
posiLion
fausse, souvcnl mCmc
11c cl1crcli:'111l pns
~l
s'cxcuscr , cL saclw11L t1·Cs–
bie11 éehnpper par l'irréflcxion aux rrprothes
de lcur conscicncc.
L'cmpercu1·
Frnn~ois
av11it p1·épn1·ó 1
S3
filie
un préscnt singulicr et qui peig11nit parfoitc–
ment l'es¡ll'iL de In cour d'Aulrichc. Un de ces
pauv1·es érudits donL il n"y " plus (il faut l'cspé·
rc1·) les pa1·eils en France, et donl il rcslait ;iJors
quclqucs-uns en llulic
1
snv:rnls qui l1'0U\'Cnl
des
gé11énlogics
ti
qui les
:1pp1·écic
et lespnyc, nvnit
<lécouvcrl que d;ins le
111oyc11
tigc les
Bonapa1·tc
nvnicnl régné l1Trévisc.
1.'cmpcrcu1·
F1·;.rn~ois,