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LIVRE QUARANTE-TROISIEME.
et d'y allendre les trois choses qu'il étnit résolu
d'nllcndre patiern¡{¡cnt dans cclte marche gigan–
tesque: le rallicmcnl, de ses colonnes, l'arriréc
de ses charrois, cL le progrcs de la végéta–
lion
1.
11 ordonnaau mnréclwl DnvousLde se porlcr
sur In Vistulc nvec ses cinq rlivisions et loule sn
cnvaleric;aumnréchnl Oudinot,cl'cntrcr
it
Ilcl'lin
dnns le plus grnnd appnreil miliLairc, de s'y nr–
rClcr un momcnt, et de s'achcmincr cnsuitc sur
l'Odcr; nu mnréchal Ncy, de pnsser !'!libe
it
Torgau pour se rendre
it
F1·nncfort sur l'Oder,
nuxSaxons cLaux WesLphnlieus, de prcndrc po–
sition
a
Kalisch; aux Bavarois et i1 l'arméc d'J–
talic, de gngncr Glogau;
a
la gardc cnfin, de s'é–
chelonncr sur laroulc de Posen. Les troupes,des
qu'cllcs aurnicnt marché cinq ou six jours, de·
vaient se reposer ·un nombre de jours
a
pcu pres
égnl. Le maréchnl Davoust, toujours chargé
d'orgnniscr toutcs choses, nvait ordre de faire
moudre sans reltiche les blés de Dnntzig et de
metlre en barils la farine qui en pro1·ici;draiL, de
préparer en !Hite In navigntion du Frischc-llnff
et de Ja Prégcl, de lermincr les ponls de InVis–
tule, de formcr
a
Thorn et 1 Elbing avcc les
fourniturcs de
la
Prussc des mngasins parcils
it
ccux de Danlzig, de bien occupcr Pillnu et la
poinlc de Nchrung, et surtout d'etrc sur ses
gnrdcs rclntivcrnent aux mouvemcnls des Russes,
Le plan était toujours, si ccux-ci passaient le
Niémen et prcnaicnt séricuscment l'offcnsiYc, de
marchcr droit
1t
cux avec les 150 millc hornrncs
du maréchal Davoust, nvcc les80 mi lle du roi
Jérórnc. Si nu conlrairc les Russcs ne rcmuaicnL
point, on dcvait se tcnir fort trnnquille, ne pns
montrcr les avant-postcs
frnn~ais
au dela
cl'El·
bing, cLn'cmployer au dcl11 d'Elbing que les
Prussiens, qui de Danlzig
¡,
Krenigsbcrg élnicnt
chcz cux. Nnpoléon nvait tout disposé pour
pnrlir lui·mémc au premier signol, et arrivcr
a
son :want-gardc avcc In rapidité d'un courrier.
Du reste, une fois le mnréchnl Dnvoust sur In
Vistulc, il n'nvait plus ricn
il
craindrc d'unc
marche prccipitée des Russes, et il n'al'ait plus
qu'un vreu
a
formcr, c'étaiL le relnr<lcmcnt des
host.ilités jusqu'a la poussc des herbcs.
' Des écrin1ins mal iníormés,jugeant d'aprCs la suitedes
fvCncmeuts de la r:1mpagne que les opérations ª''aienl Cté
cumnwncécs lrop lnrd, onl al11·ilwé 1t liºautres causes<1uc les
\•Cl'itaOlrs la lenicur des mouvemcnl:: ele NnpolCon. lts out
1willend11, pa1·exemple,<1ue lcsílffoirc.s tlcl"iuléricur, notam·
111c11t cellc1!c la dise1te,rm1icnt1·etenuNapoléon :) Jlaris,ct
causé :iinsi, en rclrH"1lr111t l'ou\•erturc de l:i e:impngnc, les
Je.sastres
d~
1812.C'estunecomp!Cteerreu1·. N<ipoléon,nyaut
Pour nssurcr dnvantagc cneorc l'accomplissc–
mcnL de ce 1•reu, il cxpédin un nouveau cour–
ricr
il
M. de Lauriston, afin de lui nononccr ce
sceond mouvemcnt, et de lui dictcr le lnngngc
qu'il devait tcnir a cettc occasion. M. de Lnu–
riston avait ordre de dirc que l'Empercur des
Fran~ais
ayant appris In marche des armécs
russcs Yers In Dwinn et le Dniépcr (c'était une
pure invcntion, car on
n'nvnil
rc~u
nucun
avis
i1
cct égnrd), s'élait décidé
a
se placer sur la Vis–
tulc, dnns la eraintc de l'invasion du grnnd–
duché, mais qu'il avait toujours l'intcntion de
traitcr sous les armes, de renconlrcr meme
l'cmpcreur Alcxnndrc entre In Vistulc et le
Niémcn,et, s'il le pouvnit,de tout arrnngcr avcc
lui dans une conférencc nmicale, comme cclle
de Tilsit ou d'Erfurt. Afin de donncr crédit
á
ces disposiLions, M. de Lnuristonélait nulorisé
a
déclarcr que les troupes
frnn~niscs
ne dépassc–
rnicnl pas la VisLulc, et que si on i'oyait nu dela,
pcut-ctrc jusqu'a Elbing, quclqucs uniformes
frnn~nis,
ce sernicnt des avant-postcs dccavnlerie
légcrc, chargés du scrvicc de surveill.1ncc qu'on
ne
dcvai~
jamnis négligcr nutour cl'unc grande
armée.
Pcndnnt que tout re qui vicnt d'ctrcdiL avail
licu en Frnncc, le contrc-coup en avait été for–
tcmcut rcsscnti
a
SainL:Pétcrsbourg. La pré–
scnce de M. de Czcrnichcff, nrrivé le
'10
mars,
apportnnt une lettrc amicalc ele Napoléon mnis
des imprcssions pcrsonncllcs toutcs contrairc¡,
car il
:wail
rencontré en routc des nrnsscs de
troupes cffrnynntes, n'élaiLpas faite pour ntlé–
nucr l'cffet des nouvclles 1·enucs de loutcs les
partics du contincnt. Le mouvcmcnt du mnré–
chal Davoust sur l'Oeler et nu dcl11, l'i111•asion de
la
Pomérnnicsuédoise,
In
mise en réquisition des
conLingcnLs nllelllnnds, le pnssngc eles Alpes par
l'arméc el'llnlic, l'nnnoncc posiLivc des dcux
trailés d'nllinnce nvcc la Prusse et l'AuLrichc,
al'nicnt nchcvé de dissipcr les dcrnicrcs hésitn- ,
tions d'Alcxa11d1·c, el de lui causcr 11 lui el i1 sn
cout' un chagrin profond, car on ne doutnit pns
que Inlutlc ne ft\t terrible, et, si elle n'étnit pns
hcurcuse, que la grnndcur de
In
Russie ne
rc~tit
un échcc décisif, un échcc égal a cclui <1u'avnit
Cprotn'Ccombicn les marches loinlaines épuisaienl el tléci–
maient les troupes, \'Oulait frauchir Jentcmcnt l'cspncc tlu
Rlliu ala \'istule, termincrl'org:rnisaliondescs charrois, el
s111·tout trot1\•c1·s111·Ja terrc lanourrilurc dcs l50millc che–
\'3ux1¡u'il:ime11niti1snsuitc. Sacorrcspomlanecetscs ortlrcs
ne
l:iis~enl
Uccl éga1·d aueun doulc. Qu::rnl n Jadiscilc, il
n'arni1 l'icna
y
foirc, et
elle
n'cxer~a
rincunc iníluenee sur ses
détc1·minatio11.s militnircs.