PASSAGE DU NIÉMEN. -
AYRIL
i812.
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en pcrspcctivc de la .nouvcllc gucrrc. Quoiquc
fort it·rité contrc la Sucdc, Napoléon ccpcndant,
a
l'npprocbc de la crisc, prcta l'orcillc" quclqucs
insinuationsl'cnucs probablcmcnt deStockholm,
et transmises par la fcmmc du princc Ilernadottc,
sreur de la reine d'Espagnc. Cellc princcssc était
désoléc de la rupture qui.
rncnn~ait
d'éclatcr
entre la SuCdc et la Francc, et jusqu'J\ ce mo–
ment clic n'avait point voulu quil.lcr Paris. On
semblait insinucr que M. Alquicr s'y é1ait mal
pris, qu'il n'avait pns su ménngcr la susccptibi–
lité du princc royal, que ce princc ne dcmandait
pas micux que de s'allier
a
la Francc, si on fui
en fournissait des rnisons nvnntageuscs et hono–
rables; que sa condcsccndancc pour lccommcrcc
intcrlopc avait pour cause uniquc le mnuvnis
état des finances suédoiscs; que ce commcrcc
produisait des rcvcnus de douanc dont on vivaít
:\ Stockholm, et que sí la Francc voulait que la
Sucdc put avoír des troupes sur picd, íl íallnit
qu'cllc lui accordnt un subsidc; qu'n ccltc con–
ditíon le princc fcrmcrnit ses ports nux Anglais,
et fournirait une arméc
a
In Frnncc contrc la,
Russic. - Napoléon doulait hcaucoup ele In
sincérilé decesouvcrturcs, mais il se pournít que
Bcruadottc, dont les proposítions avaicnt été ac–
cueillics avce réscrvc par laRussicctl'Angletcrrc
(ccltccírconstanccéLaitconnucaParis), fúl amcné
i\
se rctourncr vers la France, et il ne fallaít pas
rcpousscr un tcl nllié, car une nrméc suédoisc
mnrchant sur laFinlandc, pendant qu'unc arméc
fran~aise
marchcrait
Sii!'
la Lithuanic,elcvail ctrc
une bien utilc divcrsion.11 fit done proposcr par
la princcssc royalc 1 Bcrnadottc de s'unir
¡,
la
F1·ance, de dirigcr trente ou quarantc millc
hommcs contrc la Finlnndc, et lui promit en
rctour de ne point traitcr avcc l'cmpcrcur
Alcxundrc sans l'nvoir forcé 11
rcstilucr ccllc
province
11
la Suedc. A In plocc du suhsidc r¡u'il
ne pouvnit pas clonnc1', Nnpoléon conscntait
1t
lnisscr cntrcr et vcndrc par Stralsund 20 mil–
lions de dcnrécs coloninlcs, dont le prix scrait
immédintcmcnt ncquitté par le commcrce. Un
intcrmédinirr, indiqué par la princcssc roynlc,
ful autorisé 1 partir sur-lc-champ nfin de por–
lcr ces conditions1 Stockholm.
Tandis qu'il vnr¡uait 1 ces soins, Nnpoléon sui–
vait de l'reil la marche de ses troupes. Le mois
de mars 1812 vcnait de finir, et jusqu'ici tout
s'était passé commc il lesoulrnilait. La Poméranic
suédoisc nvait été cnvahic par !'une tics divisions
du maréchnlDavoust, ccllc du générnl Frianl, et
ccttc <livision, aprüs avoir mis la main sur ce
qui rcstnit de la conlrchandc organiséc par les
Suédois, s'était portéc
1t
Stcttin sur l'Odcr. (Voir
la carie n' 56.) Lo division Gudin s'était avancéc
au dela, et avnit pris position
a
Stargard, aynnt
dcl'anl cltc la cnl'nlcric du général Bruycrc sur la
routc ele Dnntzig.
J,a
dil'ision Dcsaix s'était éta–
hlica Custrin sur l'Odcr, ayant sacnvnlcric légcrc
11
Lantlsbcrg, dnns
la
dircction ele Thorn. Le
maréchal Dnrousl, a1•cc les divisions Moronel et
Compans, avcc lescuirassicrs attachés ¡,soncorps
el'nrméc, s'élait rapproché de l'Odcr, et était
prct
h
franchir ce flcuvc au prcmicr signa!. Ses
troupes nvaicnt nrnrchéavcc orrlrc, avcc lcntcur,
obscrvanl une disciplincrigourcusc, etpourvucs
de tout par le gouvcrncmcnt prussicn, c¡ui se
h:ilait,
a
In Yuc de ces formidables soldats, de
rcmplir les cngagcments qu'il avait contractés
cnvc1·s lcur rnailrc. Le maréchnl Oudinot, nprcs
s'ctrc concentré i1Munstcr, s'était échclonné sur
la routc de Ilcrlin ; le maréchal Ncy s'étaitrcndu
de Maycncc
a
Erfurt, et d'Erfurt 1 Torgnu sur
l'EllJc. Les Saxons nvaicnt dépassé l'Odcr. Le
vicc-roi d'Jtalic, ayant franchi les Alpes avcc son
nrméc, avnil trnvcrsé In Jlavicrc, rallié les Ilnva–
rois, et prcsquc allcint l'Odcr. Les officicrs de
tous les g1·n1ics, seconformant aux ordrcs impé–
rinux, avaicnt fait roulc
a
la
lclc ele Jcurs sol–
dnls, maintcnant la discipline elans lcurs troupes,
et cnchainantlcur langucnutant qu'ilspouvaicnt,
mais n·y réussissant pos toujours. Dans les corps
du maréchal Ncy et elu ¡nfocc Eugcnc il se com–
mcllniL de rcgrcllablcs cxcCs, soil qu'ayant cu
t1
pnrcourir une plus longuc distnncc, ils cusscnt
essuyé des privntions donl ilsse elédommagcaicnt
aux elépcns eles pays qu'ils travcrsnicnt, soit que
la routc qui lcur était assignée
etil
été moins
préparéc 11
les rcccvoir. Du reste, eles rcpos
étnicnt ménagés pnrtout, de maniere que chnquc
corps ci1t le tcmps de ralticr ce qui n'avnit pu
suivrc, et que In qucue
~e
scrdt toujours sur la
tete. Une immcnsc trainéc de charrois, et tcllc
qu'on n'cn avait jtmrnis vu de pnreillc lt nucune
époquc, rnarquait la trace des colonncs long–
tcmps aprcs lcur passngc.
Jusqu'ici on n'avait ricn cnlcndu dirc du Nié–
mcn, cLaucun bruit
n'annon~ait
que ce vnstc
<léploicmcnt ele forces, désormais évidcnt
1t
lous
les ycux, cút provoqué les Russcs
it
prcndrc l'ini–
tiativc. En conséqucncc Nnpoléon,conformémcnt
h
son plan, prcscriviL un nouvcau mouvcmcnt
~
ses t1·oupcs elnns les prcmicrs jours d'nvril, nfin
ele les pousscr ele l'Oelcr
il
In Vistulc, nvcc l'in–
tcnlion de leur ménngcr la un nou1·cau séjour,