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LIVRE QUARANTE-TROISIEME.
gcnrc, Nnpoléon nrnit rcnoul'clé dnns les dépnr–
tcmcnts l'emploi eleseolonnes mobiles, pour faire
exécuter les \ois de In conseription. La masse
des d fraetaircs, dcscenduc l'annéc précédcnte
de 60 mille 11
20 mille, était rcmontée dcpuis
a
1;0
ou 50 millc, par suite <les nombreux nppcls
fnits dans les dernicrs tcmps. 11 s'ngissait de la
climinucr encare une fois, el d'cn tirer une ving–
tainc de millc liommes qui s'cn irnicnt rcmplir
les cadres des régiments des iles. 11 devnit en
résulter ele nouvclles vcxations, de nouvcaux
cris, de nouvelles causes d'irritation. Les mili–
laircs eori1posnnt les eolonncs mobilcs s'établis–
saicnt, ainsique nous l'avons raconté précédcm–
mcnt, chcz les famillcs des réfrnctaircs, s'y
faisnicnt Ioger, nourrir, paycr au taux de plu–
sicurs frnncs par jour, et les réduisnicnt souvcnt
ii
la plus grande miscrc. 11 y nvait le\ elépnrtc–
mcnt oú l'on avnit cxtorqué de In sorlc jusqu'a
60,
so,
et mcmc 100 mille fi·anes sur les familles
les plus pnul'rcs. Quclqucs préfcts araicnt élcvé
eles réclnmations, mais le plus grand nombre
s'étnit tu, et nvait fait cxécutcr la loi
n
tout ris–
que. Si d<1ns laFrancc, que sagrandcur nu rnoins
dédornmngcait de parcillcs to1·turcs, on les res·
srntailvi\'cmcnt,dnns les paysréccmmcntréunis,
' qui n'y pouvaicnt voir qu'uu rnoycn de perpé–
tucr lcur cscfavagc, clics dcrnicnt produirc un
clTcl funcstc. Ala Hoyc,
11
Rottcr<lnm, i1 Amstcr·
dnm, il
y
nvait cu des émcutcs
a
l'occnsion de la
cousc1·iption. Dansl'Oost-Friscon al'nit assnilli et
mis en fuilc
le
préfct dirigcant en personoc le
tral'oil de
lo
lcvéc. Le princc Lcbrun, gouver-·
ncur de la llollandc, oyont intcrcédé en fnvcur
des délinqunnts, s'étaiL cxposé
a
Ctre rudcmcnt
réprimandé pour sn faiLlessc. Napoléon al'nit
voulu que quclqucs mnlhcurcux , fusillés ovec
éclat, scrvisscnt de lc9on
ii
ccux qui scraient
tcntés de les imilcr : triste lc9on, qui lcur op·
prcnoit i1 se soumcttrc dnns le moment, pour se
jctcr sur nous lorsquc nous aurions loutc l'Eu–
rope sur les bros!_
Dans lesdéparlcmcols hnnséaliqucs, la répul–
sion pour les lcvécs de soldals et de nrnrins
était cncorc plus forte; car si la Ilollan<lc pouvoit
altcndrc ccrtains avantages de sa réunion
a
l'Empirc,
il
n'y avait pour les villcs de Brcrnc,
de Hombourg, de Lubcck, qui étaicnt les porls
naturcls de l'Allcmngnc, aucunc convcnoncc
a
appnrlcnir
a
la Frunce, et lcurs inléréls éloicnt
aussi froissés que lcurs scolimcols. On les avait
c!Trayécs, mnis non pas soumiscs, en fusi\lant un
paurrc palron de barquc qui avoit con<luit des
voyagcurs i1Héligoland. Ln villc de Hnmbourg
se couvrait la nuit de plocnrds injurieux que la
policc avait lo plus grande peine i1 fuirc dispa–
roitrc. La population tout enticrc sceondnit,
comme nous l'ovons <lit, la déscrtion non-scule–
mcnt des Allcman<ls, des ILolicns, des Espognols
l1
notrc scrvicc, mais des
Fran~ais
eux-rnCmcs,
et les lraitait en amis <les qu'ils quittoicnt l'ar–
méc. Elle les abritait le jour, les transporlnit la
nuit, lcur fnisait passer les ílcuvcs enbntcau, et
les nourrissoit gratis, pour les rorncncr dans
leur patrie.
Les régimcnls hnoséatiqucs, composés' desan·
cicns solelols au scrl'ice de Hnmbourg, Bremc ,
Lubcck, parmi lcsqucls on avait inlroduit un
ccrlain nomhrc d'officicrs fran9ais, s'étaicnt par–
ticllcmcnl insurgés. Quclques compognies de ces
régimcnls, cmployécs
b
gar<ler les plagcs écnrlécs
de la mcr du Nord, ovaicnt fait violcncc aux of–
ficicrs fidelcs, et, s'emparant des barqucs des pe–
chcurs, s'étoicnl réfugiées dans l'ilc d'Héligo–
land. 11 avait fnllu rcnvoycr le plus suspcct de
ces trois régimcnls, Je 129°, dans l'intéricur, et
le placer nu milir.u de troupes sures, sous la
rnain <lu mnréchal Dnl
'oust.Onne disait ríen de
trcs-sntisfaisant ni des troupes hollandaiscs ni des
troupes wcstphalienncs, bien que ces dcroicres
fusscnt de la part du roi Jérómc l'objct de soins
cootinuels. ABrunswick, villc populcusc, rcgrct–
lanLsonancicnduc, il
y
avaiL eu une commotion
oit plusicu1·s de
IJOS
soldnls avoicnt été fort mal·
traitcís. Le roi Jérómc étail intcrvenu, afin de
punir les coupablcs avcc moins de rigucur,
á
c¡uoi Napoléon avait réponelu par un ordrc du
jour, en vcrtu duque! tout délit commis contrc
l'armée franºaisc dCl'ait clre jugé SUl'·lc-cbomp
pnr des commissions militafrcs, composécs uni–
qucrncnt d'officiers frangais '.
Si <lu nord·dc l'Eiupircon se rcportait aumi<li,
en ltalic, par cxcmplc, les elispositions n'étoicnt
pas mcilleurcs. Aucunc liberté politic¡uc, pcu
d'indépcndaocc nalionale, un joug moinsdéplai–
sant que cclui des Autrichicns, mais rigourcux
a
sa maniCre, la co11scription, les gucrrcs inccs–
santcs, laprivation de loul commcrcc, la brouillc
al'cc l'Églisc, finissaicnt pnr rcndrc cnncmis·dc
In Francc les llalicns, qui d'aborcl.s'étaicnt don–
nés
a
clic arce leplus d'cnlraincmcnt. 11 cst vrai
qu'en Lombardie, oit le gouvcrncmcnt du p1·incc
Eugenc se monlrait doux, équitablc, régulicr,
1
Toul ce qui précCde est cxtrait de lacorrcspondance du
maréclial Da.voust,cldes rapportsdepoliceduducdeRovigo.