Table of Contents Table of Contents
Previous Page  159 / 570 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 159 / 570 Next Page
Page Background

PASSAGE OU

NI É~IEN.

-

11.1ns

i8J2,

149

temp<, surtout

a

l'égard de l'approvisionncmcnt

de Pnl'is. Le peuplc de la capitule, plus nom–

brcux , plus redoutnblc qu'aueun nutre, pincé

plus pres de l'oreillc des souver.1ins, n le privi–

Jége de les toueher el de les oceuper davantage.

Napoléon avait employé bcaucoup d'annécs et

de millions

lt

crécr 11 Paris une réserve en grains

et farincs de

tiOO

mille quintaux, que l'adminis–

tration de l'intéricur avait laissée tomber

a

500

millc, lorsque, distrait par d'autrcssoins,

il

avait

cessé d'y regardcr. On ne pouvait done plus ra–

rnencr les prix

a

un taux modéré, enversant sur

le marché de la capitalc les quantités accumu–

lécs par l'État. Ce qui manquait plus encore que

le grain, c'était la mouturc. Au licu 1le 50 millc

sacs de fal'ine qu'on s'élait proposé d'avoir, afin

d'en préscnter tous les jours a la halle une quan–

tité suffisantc,on n'cn avnit que 15 millcau plus,

et ce n'élait pas assez pour maintcnir

a

70 ou

72 francs la valeur du sac de forine, qui tcndait

a

monter jusqu'a 120. Au laux qu'on ne voulait

pas laisser dépasscr, on était condamné 1 suffi1·c

a

toute In consommation de Paris, qui était de

1,500 sacs par jour, et afin d'y parvcnir il fallait

non-sculcment épuiscr la ré::crvc engrnins, nrnis

employer desmoyens cxtraordinai1·cspout·la fairc

moudre. Napoléon, pcu soucicux eles moycns

lorsqu'il s'agissait d'apaiscr la foim du pcuplc de

Paris et d'cmpecher qu'il n'attribuat ses souf–

frances

a

la guerrc, fil rcquérir les moulins des

environs, moudre les grainsd'autorité, et intcr–

dirc des achats dedcnrées qui se faisnicnt aulour

de la capitnlc pom· Nantes et d'nutres villes. Ne

réussissantpas, méme avcc ces procé<lés violents,

a

modérer la haussc, qui étail d'aulanL plus forlc

qu'on écartait davantagc le commcrcc, il ac–

corda une indemnité aux boulangers pour les

dédommager de Ja différencc entre leprix auquci

il les

for~ait

i1 vendrc le pain, et le prix récl <¡uc

ce pain Jcur coutait. On dislribuacncorc par ses

ordrcs, et ceci était plus Jégitime, des soupcs

gratuites, loujours pour faire tairc, oux dépcns

du reste de la Francc, ce pcuplc <le Pal'is, si

voisin du mnitrc, et si rcdouté. Toutcfois il mc–

oa~ait

de ne pns s'cn tenir

a

ses mesures, et par–

lait de tarifer les grains si Ja cherlé augmcntail.

Or

il

suffisait d'unc tcllc rnenacc pour aggravcr

le mal en éloignant définitivcmcnt l'intcrvcnlion

du commcrcc.

La formation des cohortes de la ¡;arde natio–

nnlc élaiL une autrc cause de souffrancc et de

murmures. On ne croiraiL pas, ce qui pourlanL

était vrai, que Napoléou, rcmpli de l'idéc de sa

puissancc jwsqu'o pro1•oqucr sans néccssité un

nou1•cau conílit a\'Cc l'Europc, étnit en memc

lcmps nssiégé par la pcnsée vague, confusc, mois

inccssantc, d'un grand dangcr, et, par excmplc,

queses précoutionsen faitde fortifications étaient

Loutcs fondées sur la probabilité d'une invasion

du territoirc de la Francc, prcuve de la lullc

dép!01·ablc que Ja passion et le génic se livraicnt

dans son ame. Le génic l'éclairont pa1• inter–

vnlles, mnis la pnssion l'entrainant habitucllc-·

mcnt, il n'cn allait pas moins

a

son but fatal, et

il

y

marchait agité quelqucfois, jamais rctenu.

Dans cctle clisposition d'csprit, il avait pensé que

ce n'élait pas ossez d'un cc1·tain nombre de qua–

tricmcs bataillons, rctirés vides d'Espagne, re–

crutés en F1·ance nvcc une portie de Ja conscrip–

tion de ·1812, et destinés

it

crécr entre le llhin et

l'Elbc une puissantc réscrvc; que ce n'était pas

asscz de 150 cinquicmcs bataillons f'ormant,

commc on l'a vu, les bataillons de dépót, rem–

plis de conscrits de 1811 et de 18·12, et consti–

tuont dans J'intéricu1· de l'Empire une autrc

réservc des plus imposantcs, et il nvait voulu

y

ajoulc1· 120 millc hommcs faits, lcvés sous le

titre de prcmicr ban de la gardc natiooalc, orga–

nisés ·en cohortes, eLpl'is sur les conscriptions

de 1809, 1810, 1811 , 1812,il raison de 50millc

hommcs sur cLacunc. Pour leur pcrsuadcr qu'ils

étaient puremcnt des gardcs nntionaux, on lcur

avait promis qu'ils ne sortiraient pas de lcurs

départcments, mais ils n'cn voulaient rieu croirc,

et ils se considéraicnt tout simplemcnt cornmc

des conscrits des qualre annécs précédcnlcs,

Jibresd'aprcs les lois de toutc obligation, et néan–

moins rechcrchés de nouveau po111· ct1·e

envoyés

d la boucherie,

commcondisait nlors. Aussiccttc

mesure, dont l'utilité, quoiquc non

sentic, était malhcureuscmcnt trcs-récllc, et

prouvait dans qucl péril Napoléon avaiL pincé

son cxistence et la notrc, avait-cllc causé une

irritation généralc

a

Mctz,

a

J,ilJe,

ii

llcnnes, i1

Toulousc, et dans plusicurs autrcs grandes cités

de l'Empirc. 11 y avait cu dans presque toules les

villcs de véritablcs mutincrics. A Paris mémc,

les jcuncs gens des écoles, nnimés ordinai1·cment

de scntimcnts bclliqueux, mais expriman! ccttc

fois les dispositions

pacifi~ues

de la nal.ion avcc

la vivacité de lcur agc, avaicnt poussé dans les

cours publics des cris sé<litieux contre les nou–

vcllcs levécs, et chassé avcc violcncc les agcnls

de Ja police en les qualifiant du litre cxécré de

111011chards.

Ajoutant cncorc

u

ces souJTrances de tout