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LIVRE QUARANTE-Tl\OISIEME.
encore 150 millc homrnes en France rlans les
dépóls, !íOmi lle en lialic, 500 mille en Espagnc,
ce qui porLaiL !'ensemble de nos forces i1plus
de onze cent mi lle soldaLs, réunis dans la main
d'un scul cheí! Mais aussi quel dangcr que ccLLe
vaslc
machinc,
si nrtificicllcmcnt conslruitc. ne
se brisflt tout il coup, si un rcvc1·s ou un acci–
dcnt physiquc venaiL lui imprimer une forte
sccoussc
!
Alors, commc ces apparcils puissanls,
mcrveillcs de la science modcrne, qui marchent
avcc un ensemble irrésislible lanl que lcurs rcs–
sorls sont en harmonic, nrnis si cettc
harrnonic,
ccssc un momcnl, LombcnL dans un désordre
qu'aucunc nrnin humníne ne saurait réparcr,
elle pouvaiL s'éerouler avce un fracas épournn–
lable, et couvrir le conLinenLde ses débris. EL
que de raisons de le craindrc, quand on consi–
dérela eomposiLion de ceLlc énorme machine de
gucrre
!
5í0 millc Franqais, 50 millc Polonais,
20 mille ILalicns, 10 mille Suisscs, ce qui foisait
1,50 millc soldals sur lcsquels on pouvait comp–
lcr, en n'cxcédant pas Loulcfois leurs forces phy–
siqucs el morales; cnfin 11í0 mille Prussicns,
Bavnrois, Saxons, Wurlembcrgcois, Wcstpha–
licns, Hollandais, Croalcs, Espagnols el Portu–
gais, nous détcslant pour In plupart, mclés, il
t!Sl
\'J'ai,
3
1105
soldats avcc une hnbiJcté infinic,
de maniere
a
les Clllraincr en qucJquc SOl'le par
Je lorrcnLde la bonne volonté généralc, le! étaiL
cct incroyahle amas de forces, qu'il fallaiLadrni-
1'cr commc prodigc d'art, mnis ndmircren lrcrn–
blant, car, indt'pcndammcnL de sa composition
si disparate, cctlc masse s·avanqait du l\hin au
Niémcn sur un sol seméde haines, mcnnit avce
clic un immcnse malériclel une mu!tiLudc dºnni–
maux, parmi lcsc¡ucls le moindrc lrouiJlc pouvait.
foirc naiLrc un a!Trcux désordrc, dont ne pnr–
''iendrail. pns
it
lriomphcr legénic Jui-mCmc qui
nvaiL formé ce prodigicux ensemble. Napoléon
était done i1 la vcille, ou du Lriomphe supremo
de son art, ou de la confusion de ccl art poussé 1
l'cxcCs,
h
la Ycillc ou de la dominaLion univcr–
sellc, ou d'unc calaslrophe épouvanlaiJlc, sans
cxcmplc dnns l'histoire
!
Et malhcurcuscmcnL
il n'avait pas pour excuse la hainc p:itriotique et
héréclitairc qui clévorait le cccur d'Annihal, car
le
scnlimcnt
qui
l'cntrainait
n'étniL nutre que
l'ambition la plus démesuréc qui jarnais ait pris
naissancc dans Je CCClll' d'un cnrant de Ja fortunc.
Son prcmicrsoin<lcvail Clrc <l'amcncr de
l'Es–
pagnc,de' Pllalic, de In Francc, de l'Allenrngnc
rnéridionale jusqu'aux fronticrcs de la Polognc,
ccttc foule d'hommes, de les mouvoir avec
ordre, avec ménagemcnt, de maniere
a
ne pas
les épuiser de fatigue,
ñ
nepascouvrir les roules
de maladcs et ele trainards, de maniere surtout
ii
ne pas causer une trop fortc émotion chcz les
Russcs, et
a
ne pas les provoquer, comme nous
l'avons dit, 1 cnvnhir la Polognc et la Vicillc–
Prusse. Napoléon )' employa lout ce qu'il avait .
d'asluce el de savoir-fairc.
Nous avons déja indiqué son projct d'opércr
Lout son rnouvemcnt sous l'é3ldc du mnréchal
DavousL, qui, prcsque rcndu sur les licux, puis–
qu'il était entre l'EllJc et l"Ocler, n'avait que huit
.a
clix marches " faire pour se lransportcr sur la
VisLulc, avcc la masse imposante de 150 mille
hommcs, et
s'y
trouvcr en mcsurcr d
1
arrCLcr
les Jlusscs en eas ele bcsoin. C'cst dcrricrc lui
que lous les corps devnicnt s'avanccrsuccessivc–
mcnt pour prcnd1·c position sur la VisLulc.(Voir
la corle n'
5G.)
Napoléon avait déja expédié,
comme on Fa
Yu
1
les ordres nécCssnircs
á
l'ar~
mée d'llalie, qui avaiL la plus grondc distancc
ñ
parcourir, pour venir joindrc les trqupes
rasscmhlécs en Allcmagne. Lorsquc le prcmicr
mouvcmcnt de cclle armée, fixé
á
la fin de
février, scrait dévoilé, NHpoléon se proposaiL de
porter dans les prcmicrs jours de mars le maré–
chal Davoust sur l"Odcr , les Saxons un pcu
au dcli1, jusqu'i1 l\alisch , afin qu'ils pusscnl
rejoindrc plus rile les Polonais, de fairc co
mCmc lcmps nvnnccr en scconde lignc Oudinot
sur Ilcrlio, Jérórnc sur Glog::iu,
Ney
sur Erfurt,
el cnsuilc d'ordonne1·unc halle jusqu'11la lln de
mni·s, afin de donncr 1 lous les corps
Je
tcmps
de rallicr lcu1· qucuc, el surtout lcurs innom–
Lrablcs charrois. Au l" avril, Napoléon voulait
rcmcttre ses masses en rnouvcmcnt
1
port.crDa–
roust sur la Vistule entre Thorn et Marien–
bourg, réunir les Saxons aux Polonnisnutour de
Var,uvic, les Wcstphaliens de Jérómc
a
Posen,
puis établir sur l"Odcr, et toujours en sccondc
lignc, Oudinot a Stcttin, Ncy
ii
Francfort, Je
prince Eugi:ne avce les llalicns et les Bavarois i1
Glogau. La garde et les pares élaienL dcstinés
;,
formcr une troisiCme lignc entre Drcsde et
Jlcrlin. Une fo is arrivé sur ces divcrs poinls, on
dcvait s'arrcter de nouvcau jusqu'au 1
~
avril,
puis s'élJranlcr le ·i5, el DnvousL, rcslanL de sa
pcrsonne
¡,
Dantzig sur la basse Vistulc pour
y
achel'cr la préparntion du maLéricl, les scconde
et troisiCmc ligncs dcvnicnt siavnnccr sur la
Vistule, et s'y établir dans l'ordrc suivant : les
Prussicns en avant-gardc entre Elbing , Pillau et
Kccnigsbcrg (ce qui ne pourait clonner licu
¡,