PASSAGE DU NIÉMEN. -
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le trailé d'alliance. Le roi de Prussc, que la
Russic avaiL lanl poussé it lag11cr1·c en 1805, cL
si complélcmcnt :ibandonné en 1807, ne se
croyait de dcvoirs qu'envcrs son pays et sa cou–
ronnc, et pcrsuadé du reste, cornme !out le
monde, que Napoléon scrait cncorc vainqucur,
il se déclarait son allié, dans l'impossibilité <le
derncurcr nculrc. Sn polilique en ce momcnt
élait, puisqu'il donnait un conlingcnt i1Napo–
léon, de le donncr le plus forl possiblc, afin
qu'it la paix on cút une plus grande récompcnsc
i1 lui accordcr en reslitulions de places forlcs,
en diminutions de contributions de gucrrc, en
exlcusion de lerriloirc. 11 ofTrait jusqu'il ccnL
millc hommcs, si on voulait, tous bo11s soldnts,
commandés par le respectable général de Gra–
wert, et prCt.s
il
bien servir une fois qu
1
ils vcr–
raicnt dans l'alliancc francaise la ccrtitudc de la
rcslauration de lcur patrie'. Pour prix de ce sc–
cours, le roi de Prusse dcmandait la reslilulion
de !'une des places de l'Oder dcmcurécs en gagc
dans les rnains de Napoléon, ccllc de Glogau,
par cxcmplc, qui, n'étant pas commc Cuslrin ou
Stct.tin sur In routc des armécs, importnit moins
it la France, plus l'cxcmplion des 50 ou 60 mil–
lions que le trésor prussicn clc\•ait encaro au
lrésor
fran~ais,
et cnfin
il
la paix une éicnduc de
tcrritoirc proportionnéc aux scrviccs que l'ar–
mée prussicnnc aurait rendus. Le 1·oi Frédéric–
Guillaumcaurail désiré en oulrc qu'Qn ncuLrn–
lisat pour lui cL sa cour un lcl'l'iloirc, cclui de
laSilésie nolammcnt, ou il se rctircraiL, loi11 du
tum11llc des armes, car llcrlin, situé sur le pas–
sage de toutcs les armécs de l'Europc, n'allaiL
plus ctrcqu'une ville de gucrrc.
La politiquc de Napoléon était lout aut1·c, eL
il n'cntcndait ni détruire la Prussc, ni la rclcver.
C'était asscz pour lui de Ja trouvcr soumise et
désarméc su1· son chemin, et il ne complait pas
assez sur les soldals prussicns pour lui pcrmcllrc
d'cn réarmcr un grand nombre. 11 ne se méfiaiL
pas précisémenL de leur valcur ou de lcur
loyaulé, mais il se figurait a1•cc raison que, dans
un jour de rcvers pour ses a.rmcs, ils scraicnt
lous cntrainés par le lorrcut de l'csp1·it gcrrna–
uiquc,
11
ne voulaiL done pas que la Prussc eút
plus de soldals qu'cllc n'cn dcvaiL avoi1•<l'a1ll'cs
les lrailés cxistants (1,2 mille), qu'cllc fiL des
dépcnses exeessil'cs, et y cherehat un lll'étcxto
de ne pas rcmplil' ses engagcmcnts pécuninircs
envcrs la France. Pai• ces moLifs,. il rcpoussa
11cttcmcnt ses propositions, en lui disant que
vingt millc Prussicns Iui suffiraicnL , que ce
n'élait pas de soldats •1u'il avait lJesoin pour
hailrc la Russic, mnis do vil'rcs et de chcvaux
pour lransporler cr vivrcs. E11 conséqucnco il
refusa do dimiuucr leseonlributionsdelaPrussc,
pui <1u"ello rú1urait pas
a
supportor de plus
grandes dépensc· , et eonscnlit sculemont 11
prendrc des cl1cvaux, des booufs, dcsgrains, rn
compcnsation d'unc
pn~·tic
de !'argent qu'ellc
dcvniL cucorc. 11
1·efusa' égalomont de rcndrc
Glogau, car eetlc place éiait, disail·il, sur sa
lignc d'opéralions, cLd'ailleurs l'allionee étant
adruise, !out dcvcnait commun entre la Prusse
et la Francc, et le roi n'avait plus
a
regrcttcr
aucune do ses fortercsscs. Quant
a
la demande
do neulraliscr laSilésic, il répondit avec r:•ison
qu'il était prcL
¡,
l'admellro, mais que pour ga·
ranLi1•cctle nculralilé ce u'élait pas asscz de la
Franco, et 1u'il fnllait urtouL l'obtcnir do la
Russio. Quant
il
l'intégralilédu tcrritoire aotucl
de la Prussc et
il
une amélioralion de frontii:rcs
il la paix, il no fit aucunc difficulté do les pro-
mcltre.
·
La l'russc n'avait pasde contcslations
a
élcvcr
dans l'élaL oú clic ÓlaiL lombée, et en consé–
c¡ucncc, par trailé du 2/o fúl'rier,
011
convint des
conditions suivnnlcs : la Prussc s'cngagcait
:\
fuu rnir 20 rnillc hommrs, diroctcmcnt placés
sous un général prussicn, mais tcnus d'obéir au
chef du corps cl'arméc
fran~ais
avcc lcqucl ils
scrviraicnt. .Les 22 millo hommcs rcslant
a
la
Prussc dcvaienL clrc répartis comrnc il suit:
1, millc
i1
Colbc1·g, 5 millo
a
Grauclcnlz, places
que le roi de Prussc se réscrvoit cxclnsil•emcnt,
2 millo
a
l'olsdam pour la gardc ele la résidcncc
royalc, le surplus en Silésic. Exccpté
a
Colbc1·g
et
a
G1·audcnlz, il nedcvait y avoir dans les villos
ouvcrlcs ou fcrmécs que des miliccs bour–
gcoises.Lacontribution degucrrc dont la Prusse
étaiL rcstéc rodcvablc cnvcrs la Franco élait
fixée définilivcmont
a1,s
millions, dont 26 mil–
lions acquiltablcs en cédulcs hypolhécaircs déjii
rcmiscs,
'11;.
en fourniturcs,
8
en argent, ces
dcrniers payablcs
a
la fin de la gucrrc actuelle.
Pour les H millions acquitlablcs en nalurc,
011
dovaiL fourni1· 10,000 chcvaux, 1,.1,.,000 booufs,
et une quanlité considérablc de fromcnt, avoinc
et fou1·rages. 11 étaiL convcnu que ces fourni–
lurcs scraicnt réunics sur la Vistuloet l'Odcr.
A ces conditions, Napoléon garanlit
a
la
Prussc son lerriloiro actucl, el, dans lecas d'une
gucrrc Iiourcusc conlrc la llussic, lui promit une
cxlcnsion do f1·ontiercs en dédomrnagcmont de
ses perles passécs. Malgré les gricfs des Prus-