PASSAGE DU
NIÉ~IEN.
-
JANVIER
t8t2.
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finitivement les dernieres espéranecs de la paix. avait résolu de se tenir aux conditions de Tilsit,
En eonséquence Alexandre reíusa les Yaisseaux c'est-11-dirc de rcslcr en guerrc avcc l'Angle-
ehargés de poudre, les
for~a
de sortir des caux terre, ele soufl'rir mcme la spoliation eles États
de Riga en
mena~ant
de tirer dessus s'ils ne s'é- d'Oldcnbourg, saur une in<lemnité que la Francc
loignaicnt, et fit cntcndre 11 M. Thol'llton qu'il fixcrait
a
son gré, et de tolérrr l'exislencc du
n'était pas lcmps encore de se présentcr
a
Saint- grand.duché de Varsovie, pourvu toutcfois qu'on
Pétersbourg. Quant
a
la Suede, comrnc il élait ne voulút pas en !'aire le commcnccmcnt d'un
moins ccrlain de l'avoir avec lui, car celle puis- royaumc de Polognc.
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dit cncore que quant au
sanee, elans sa mobililé ambilicuse, pourrait, de blocus continental, il était toujours résigné
il
y
meme qu'elle aYait quillé Napoléon pour un concourir en ícrmant ses porls au pavillon bri-
<lésappointement, quillcr la Russie pour des
lannique, el en recherchant ce pavillon sous
avances repoussées, Alexandre rcsolut d'écoulcr loules les dénominalions qu'il usurperait; mais
ses incroyables propos, de parailrc
y
p1·cter que pousscr ce soin jusqu'a exclurc enlicrcmcnt
l'orcillc avcc J'allenlion qu'ils méritaient, el d'y le commcrce américain lui élait impossible, car
rélléchir avcc la maturité qu'exigcait leur im- ce scrait rédnirc son pays
a
l'état de miscre ou
porlance. Alcxandre cnvoya des fourru1·cs ma- se lrouvait la Polognc; que les Américains qu'il
gnifiqucs au princc Bernadottc, el lui prodigun
rcccrnil avaicnl, il cst vrai, communiqué avec
les témoignagcs pcrsonncls les plus llnttcurs. les A11glais, qu'il Je savait, mais qu'il était ccr-
A l'égard de la Turquic, qui ré:sistail obsti11émcnt ta in de leur nalionalilé, qu'il ne les admcltail
aux condilions mises en avant, qui ne l'oulail i1 pas lo1·squ'cllc ofl'rail un scul doule; que s'il ne
aucun prix alm1donne1· la Mol<lal'ie jusqu'au Se- \'Oulail pus les laisser cnlrcr lorsqu'ils avaicnl
rcth, qui ne voulait pas consentir au protcctornL communiqué avcc les Anglais, il sc1·ail réduit
iJ
<les Russcs sur la Valachie et la Servic, qui ne n'cn rccevoir aucun, ce qui serail ruineux pour
YOulait pas davanlagc céder un lcrrain quelquc la Hussic, ce qui d'aillcurs ne pouvait clre dé-
pclit qu'il fut le long du Caucasc, ni paycr une ciaré obligaloirc qu'cn vcrlu des décrcts de
indcmnilé de gucrrc, dans la persuasion oú clic llerlin et ele Milan, rcndus sans sa participalion;
était qu'cn résislont quclqucs jours <le plus, la que ces cliosrs il les avait répétées cent fois,
Russic prcssée par les armes de la Franee scrait qu'il les répétait une <lcrnici·c, pour bien con-
obligéc de se <lésisler de toutcs ses prélcntions, staler ce qu'il appclail
son imwcence;
mais
Alcxan<li·c modifia encore une fois les condilions c1u'aucunc puissance au monde ne le forait sorli1·
proposécs,
rcnon~a
au protcclorat de la Scrvic des termes qu·il avait posés el <1u'il posail cn-
ct <le la Valachic, au lcrriloirc réclamé le long co1·c; <¡u'il souticnd1·ait une gucrrc de dix ans,
<lu Caucasc,11l'indcmniléde gucrrc, muis insista s'il le follait ; qu'il se rctircrait au fon<l de la
sur la llessarabic en cnlier, sur la Moldavie jus- SiLéric, plutot que de dcscendrc i1 la situalion
qu'au Sercth, el se flatta d'obtenir la paix
a
ces de l'Aulrichc et de la Prussc; que Napoléon en
nouvcllcs conditions, ce qui dcvait lui assurcr provoquant ccllc rupture appréciait bien mal
la
libre disposilion deses fo1•ccs contrclaFrance. ses vrais intéréls; que l'Anglcterrc étail déjii
Tcls étaienl les plans de
Ja
Hussic, plnns, on
presquc
n
boul de rcssourccs, qu'cn co11tin11anl
le voil, fort bien entcndus, el fort bien adaptés de lui lcnir le coutinent fermé, commc il l'élait
surtout ¡, sa situation. Au point ou en étaicnt actuellcmcnl, et en lournanl conlrc lord Wcl-
lcs choscs, on ne pouvait plus songcr i1cnvoycr lington les forces préparécs conlrc la llussic, on
M. de Ncssclrodc
a
Paris, car ce n'était pas la
aurait la paix avant unan ; qu'cn agissant dilfé-
pcine de se donncr l'apparcncc d'implorcr la
i·cmmcnt, Napoléon allait se jctcr dans des évé-
paix , pour ne la point obtenir. Aussi le projct ncmcnts inconnus, incalculables, el rcndrc
a
de ccllc dénrnrche íut-il abandonné,
á
la satis- l'Anglctcl'l'Ctoutcs les chances <le succcs qu'cllc
faction fort irréíléchic de M. de llomanzolf. :ivait pcrdues. Alcxandrc ajouta que pour lui, il
Alexandrc fit parl de celle nou1•cllc dctcrmiua- dcmcurcrait inébranlable <lans la lignc qu'il
tion ii M. de Lanriston avcc une doulcur qu'il ne s'était tracée, que ses troupes rcstcraicnt dcr-
<lissimula poinl; il lui.dit que le courrier parti riere le Niémcn, el nescraicnl pas les pycmic1·cs
le 15 janvicr de Paris ne laissail plus une sculc
it
le í1·anchi1'; qu'il voulait que sa nation et l'uni-
cspérancc de sau\'cr la ¡rnix, qu:il en nrail un
\'Cl'S
fusscnt témoins r¡u'il
n'an1it
pns été Pngrcs-
profond clrngl'in, car il n'avait pas ccssé de la
sc111·,
c¡u:il poussail mCmc
a
ccL égard le scrupulc
désirer sinccrcn\enl; que pour
la
conscrver il jusq11'i1 rcl'uscr d'entcndre une sculc des propo·