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PASSAGE DU

Nll~MEN.

-

.JANV"R

1812

133

son déparl. Mnlhcurcusemcnt ce COUl'l'iCI' n'arl'i·

vait pas, et M. de HomanzofT abusait elece rclard

par jnlousic <lu jcunc négociatcur. Le courricrdu

prince Kourakin parli le 15 janvier arriva le

27

a

Saint-Pétersbourg, el

y

causa la plus vive

sensalion. A la leclure des dépcehcs qu'il appor–

tait, on pnrtngca le scntimcnt de l'ambassadcur,

el, commc

lui,

on ne

doutn plus de In

gucrrc.

Déja on était.fort enclin

a

eroircque la erisc ae–

luelle aurail ectlc issuc, et plulot que de se sou–

rnellre commc la Prusse ou l'Autl'ichc

¡,

toutes

les volonlés de Napoléon, plulót que de saerifier

les restes du commércc russc, on étaiL résolu

h

b1·avcr les clernii:rcs cxt.rémités. l'ourtanl, de la

prévoyancc du

íait

au

foit

lui-111Cmc,

it

y

n

Lou–

jours une diITércncc que les hornmcs

scnlcnt

lrCs-vivcrncnt, et on en ful profondémc11l affccté

il

Saint-Pélersbourg, i1tel point que M. de Lnu–

riston pul dirc sans cxagéralion qu'on

y

élait

consterné.

C'était <ilors <lnns l'opinion de l'Europc une

si grande chance ;\ courir que de brnvcr Na–

poléon,son génie, ses vaillantcs armCcs; c'Ctaicn.t

de si rcdoulahlcs souvcnirs

que ccux

d

1

Auslcr–

lilz, d'Jéna, <l'Eylau, de Fricdland, que rncmc

avcc le plus noble scnli111cnl de patriolisme, ou

arce les haincs ardcntcs de l'aristocl'alie cu1·0-

pécnnc

contrc nous,

on

étciit saisi d'unc

sorlcde

tcrrcur

i1

la pensée de recommcnccr une lulle

qui avait toujourssi mal réussi. Ccllc fois, d'ail–

lcurs, si In forlune étnil cncorc conlrnire, il se

pourrait. Licn que l'on cut consolidé pour tOU·

jours

In

domination c¡u

1

on voulail

rcnvcrscr,

et

qu'on cut exposé la nussic ¡, tombcr

u

ce second

rang

nuqucl

Ja

Pn1ssc el l'Autriche élnicnl

au–

jourrl'hui dcsccnducs, el donl

011

avail ho1Tcu1-.

La Pl'ovidcncc, qui gardc si bicu ses sccrcls,

n'nvnil pas cncore

dit

le sien, et° les Husscs ne

sarnicnt pas qu'ils élaicut 1 la Ycillc ele lcur

grandcur,

et

Napoléon savail cncorc

moins

1¡u'il

était.

¡,la

''cillc de sa chute! l'ourlant de ces sc–

crcts providcnlicls il en transpire loujou1·s qucl–

quc chosc pour legénie, quclquefois mcme pour

la passion.

La passion, qui le plus souvenl avcuglc, el si

rarcment écluirc, avail cette fois découvcrt une

parlie de la vérilé aux,Husscs. lis se disaient que

Napoléon était venu ¡, houl en

•1807

de lcurs ar–

mécs, rnnis qu

1

il avait

~ailli

s'enfonccr

1.lflns

lcurs

boues, mourir de faim ou de froid au milicu de

leurs frimas. La cataslrophc de Charles XII lcur

rcvcnail en mémoi1·c. La réccnlc détrcsse de Mas–

séna en Portugal, qu'on avail crééc

a

force de

dévnstalions, et publiée dans loulc l'Europc avcc

une cspccc dejactancc hnl'irnrc, les occupait éga,

lcmcnl, et prcsquc partout ils répétaienl que

sans brúler les clJOrnps d'aulrui eommc les An–

glais, en iuccndirmt leurs p1·oprcs campngncs ,

ils placeraicnl Napoléon dans une posilion plus

afTl'cusc encere que cclle de Masséna. Aussi dans

tous les rangs de l'a1·méc russc enlcndnit•ondire

qu'il foudraiL toul bnilcr, tout détruirc, se rc–

tircr cnsuitc dans le fond de la Hussie sans livrcr

de bataillc, qu'on rcn nil alors ce que pourrait

lelcrriblccmpereu1·des

Fran~ais

dansdes plaincs

rnvagéos, dépourvucs de grnins pour ses soldats,

d'hcrbcs pour ses chevaux, etque, nouvcau Pha–

rnon, il périraildans l'immensité

clu

vide,eommc

l'autre dans l'immcnsité des ílots. Ce plan d'é·

vilcr les grnndcs

rencontrcs~

et de

se retircr en

ravugc:rnt,

naissait dans lous les esprils, el

clans

ccttccirconstanec solcnnelle louLle monde, pour

ainsi

dirc,

avnil été général.

11

y

avail mc111c ¡rnrmi les ofliciers de l'cmpc–

rcur Alexandrc eles ca1·actrrcs plus arclcnls que

les nutres, qui tui conseillaicnl <le portcr le clé–

scrt

en avant,

el pour cela de

ne pas

nttc11dre

Napoléon sur le Niémcn. de ne pns tui laisscr

ainsi les richcs grcnicrs de la Pologne et de In

Vicillc-Prussc, mais d'cnvnhir sur-lc-champ ces

eontrécs, les unes apparlcnanl

i1

l'odieuse Po–

lognc pour lnquellc on avait la gucrre

1

les aulrcs

1 la Prussc que sa fai blessc allait foirc l'alliée de

Napuléon, de les occupcr pour quelqucs jours

seulcmcnt, de lout

y

détruirc, el de les éraeucr

i111médiat.cmcnl nprCs.

Alexandrc, pcnsant

a

cct égard commc tousles

soldats et oflieicrs de son arméc, était. bien d'n–

vis el'opposer

a

Napoléon les distances rl In dcs–

lruction, de refusc1· les batailles, el de s'cnfoncer

dans J'intfrieur de la llussic, sauf 1 s'arrctcr et

lt combaUl'e quand on ll'OU\'Crnil les

Fran~ais

épuisés

de

fotiguc et de

faim;

mais

il

n'étnit pns

ele J'a,·is de ceux qui prélcmlaicnt envahi1· sur..

le-cl1amp pour les J'avagcr la Vicillc-Prussc et la

Polognc. Prcndre l'offensivc, se porler en avanl,

c'étnit donncr des chances au grand gagncur de

lJalail!es de \'OUS vaincre dans le pa)'S lllCfllC OU

on irnit le pré\'cnir, e'étniLaussi pai·tagcr avcc

lui

les t.orls de l'ngrcssion, du

moin~

nux ycux

des pcuples, el Alexandrr, nvant de demandcr a

sa nalion les dcrnicrs sncrificcs

1

désirait quc l'u–

nivcrs cnticr

fút

convnincn qu'il n'avait

poinl

été l'agrcsscu1·. Enfin il

y

nvait une raison qu'A–

lcxandre disaiL moins, mais

qui

ngissait forte–

mcnt sur !ui, c'esl que tant que

Ja

paix était ho-