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LIVHE QUARANTE-THOISIEME.
liairc. On rlonna un grade de plus i1M. de Ncs–
sclrodc dans la diplomalic russc, afin qu'il se
présent<H rcvclu de lous les signes de la confinncc
impérialc.Onatlcndail impnliemmenl un dcrnicr
eourricr des hords du Danube, pour foirc partir
M. de Ncsselroclc juste au momcnt oú la fin de
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t~;,•~i~ J~c~~~~ 1~~:1~
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plusde force.
On informa de ces clispositions les diverses
coursdu conlincol, el notarnment cellesdcPrusse
et d'Aulrichc.
~l.
de Lauriston en écrivit
i;
Paris
avec la satisfoction visible d'un bon citoycn,
plus charmé d'avoir bien fnit que ecrlain d'étrc
npprouvé, car
il
étnit évidcnt
il
son Jangngc
qu~it
<loulail forl de plairc
h
sa eour en lravaillanl
avec lant de zcle au mainticn de la paix.
La nouvellc du départ de M. de Nessclrodc,
mandée plusicurs fois, n'arrivn ccpendant
b
Parisavec tous les caracteres de la ecrlitudc que
vers Je milieu de rléeembrc. Elledéeonccrta forl
Napoléon, et Je conlrnria pnr plus d'un moti
f.
Il
avait déja cu connaissancc des échecs des Turcs,
qui, disait-il ,
s'etaie11t co1Hl11üs coinme
des
úrntes,
el il rcgardail la fin de la gucrrc de
Turquie eommc le eornmcnccmcnt de la guen c
avec Ja France. JI avail toujours supposé en
eITct que les Husses n'allcu<laicnl que ccllc occa–
sion pour se rctourner contrc lui, el le placer
entre des conditions inacccptablcs ou lagucrre,
altcrnalivc i1l'égard de lar¡ucllc son choix étail
fait d'avancc. La nouvcllc du voyagc de 11. de
Nesselrodc ne lui Jaissa plus de doulc. JI en con–
cluL r¡ue la Russic lc1rnit la guerrc de Turquic
pour
a
pcu pres tcrminée, el qu'cllc se hotait
d'cn profilcr pour Jui diclcr des conditions. JI
y
avait lh de quoi l'irritcr profoudément. el le
pousser rnernc
a
un éclat, conunc il n'y était que
tropcnclin, s
1
il n'arait
con~u
un vastc p!nn, qui
cxigcidt de sa part Ja plus profondc dissimula–
tion.
11
voulail, en protcstant toujours de son
désir <le la paix, en répétanL
q11
1
il n'armait que
par purc µrécaution, nrriver succcssivcmcnt
i1
l'Odcr, puis 1 la Vistulc, avanl que les Husscs
cusscnt franchi Je Niémcn, afin de souver les
imrncnses rcssourccs en grains cL fourragcs qui
se trouvaicnt dans laPolognc ctla Vicillc-P1·ussc,
rcssourccs que les llusscs ne mnnqucraicnLpas
de <létruirc si on lcur en laissait Je lcmps, cnr
ils se vantaicnl lout haut d'clrc prcts
a
foirc de
lcurs provinccs un déscrt, commc Jrs Anglaís en
avaienl foit un du Po1·tugal. Or plus Join com–
menccrail ce déserl, moins grande scrail
Ja
masse de ce qu'on aurait ;\ portcr ayee soi. C'cst
pourquoi Napoléon , apres s'élrc assuré de
Dantzig, songeait en ce momcnt
il
s'assurcr de
In navigntion du Frischc-HaIT par ses négocia–
tionsavcc Ja Prussc, afin de passcr par cau de
Dantzig
h
Kccnigsbcrg, pu is de Krenigsbcrg
;.
Tilsit. Ce n'cst qu':\ partir du Niémen qu'il cn–
lendnil se servir de trnnsports par lcrre, et, se
flnttant de portcr a1'CC Jui des vivrcs jusqu'it une
dislance de dcux ccnts licues, il croynil pouvoir
s'nvanccr asscz pour enfonccr le fer au creur
mcmc de la Hussie. Toul ce plan a!lait étrc dé–
joué si les Husscs le prévcnaicnt, et si, fondant
a
l'improvistcsur la Vicille-Prussc et la Pologne,
ils en foisnicnt un déscrt, en brulaicnt lesgrc–
niers, en prcnnienl le bétail pour l'emmcncr
avec cux. JI fallait done pctit
a
pelil, saos éclat,
snnsrupture, arriver
a
la VislulQ, pu is
h
la Prégel
.avnnt l'cnncmi;
il
fallait aussi, et cela n'impor–
tait pas moins, rctardcr les hosÜJités jusqu'il
l'été ·de 1812, car
Ja
condition des illlmcnscs
transports que Napoléon avait préparés, c'élail
la réunion et J'cnt.rct.icn d'une grande qunnlité
de chcvaux. Or si on employail lcurs forces
a
porlcr de quoi les noul'l'ir cux-mcmes, aulanl
valait ne pas s'cn cmbnrrasscr, car
il
ne rcstcrait
ricn pour les homrncs. Si en cITct les six millc
roiturcs allelées dc1'aicnt charricr de l'avoinc el
non du blé, ce n'était pas Ja peine de trainer
avcc soi un si vaste attirail. Pour en elrc dis–
pensé, il fallail ne commcnccr la gucrrc qu'cn
juin.
La
tcrrc se courrail :dors dans le Nord de
fourragcs et de moissons, et en donnant aux
chcvauxdeJa cavalcrie, ele l'arlillcric el du ti-.1in,
don! Je nombre passail déjh cent millo, el dcvail
s'élcvcr bientót
a
cent cinqunnte millc, les mois–
sons des Russcs
a
nrnngcr en hcrbc, on étnit
assuré ele fairc vivrc sur le sol ele l'cnncmi les
nombrcux aninrnux qu'on nrnCncrait ;, sa suite.
11 fallail done ces animaux pour nourrir les
hommcs, et Inbcllc saison pour
nounir
ces ani-
·
maux. Les Husscs nuraicnt bcnu mct.trc le feu :'1
lcurs champs, ils ne urulcraienl pas les hcrbes.
Ajoutcz qn'a"cc les irnrncnscs p1·éparntifs qu'il
nvait
n
tcrmincr, bien qu'il s'r f1'it pris dcux an•
:\
)'avance, Nnpoléon savait par cxpéricncc que
<lcux mois de plus n'étaicnt pas ;\ dédaigncr;
que Jrs Husses ayant pour arme Ja destruclion,
et lui la création des moycns, le lcmps n'étail
pas un élémcnt néccssaire pour cux, tandisqu'il
était i11elispensablc pour lui.
Par ces motifs profonds, il fallait se glisscr en
quclquc sortc jusqu'ú la Vistule, et gagncr non-