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LIVílE QUAílANTE-TllOISIEME.

rait con9u; rnais Napoléon, il fallail la folie de

l'cnvie dans un pcliL cccur et un petit esprit,

pour qu'il en

ftlt

ainsi! Inresli un momcnL de la

régcncc, co111mc nous l'avons dit, pa1· suite de la

nrnuwtisc snnté du roi régnnnt , puis privé de

ce rólc pnrec que le roi ª"ait craint une trop

grande allérarion des rapports avec la France,

mais restéen scc1·et le principal moteur des af–

faircs,

il

avaiL touL

i1

coup lourné ses

rcgards

vcrs les partis qui ne l'avaicnl pas d'abord appclé

nu Lrónc, vcrs le part.i rmglais,compusé des

co111-

mcr9ants eLdes propriétaires qui vil'aicnt de la

eonLrebancle, vers le parli de l'arislocratic, qui

déteslait la France eL les révolutions, leur di–

sant tout bas ou lout haut, selon les circonslan–

ccs, el prcsquc toujours nvcc une impruclcncc

singuliCrc, qu'il n'cntcndaiL pas Ctrc l'csclave

de Napoléon, qu'il était Suédois et nonFran9ais,

que p'il conrenait 11 la Francc de ruincr laSuedc

en

1n

privant de soncommácc, il ne s'y prCtc–

rait pas, et qu'nvnnt tout

il

songcait

i1

In pros–

péi-ilé de sa nouvelle patrie. Quant 11 ccux qui

l'avaicnt élu, et qui comprcnaicnt lous les amis

de la Frnncc, passionnés pour la révolution de

178!.J,

pou1·

l'ancicnnc grandcur suécloisc, pour

la gloirc des armes, ce qui les avaiL porlés

a

choisir un

général

frangais,

il

lcur

parlait

d'hon–

ncu1•1

de

pntric,

de vaillancc militairc, et, sans

indiqucr ou ni cornrncnl, pro111cttaiL<le les con–

duirc

a

la victoire, el de refairc la grnndcur de

la SuC<le. Flaltanl ainsi lous les pal'tispnl'ie cólé

qui les touchail le plus, il avait cherché aussi

a

se rnpprochcr des légations anglaisc el russe, la

premiCrc

cxistant

el:rndestincmcnl, la sceondc

officicllemcnt

ii

Stockholm , en foisant enlendrc

ü

chacunc ce qui pouvait le mieux lui convenir.

JI avait dit 1 I'unc el l'autrc qu'il élait prct

a

sc–

eouc1· le joug de

la

Francc, que si les principales

puissanccs se décidaicnt i1donncr le signa! il le

suivrnit,qu'il savail le colé fniblc du génic ctdc Ja

puissancc de Nnpoléon, el cnscigucrnit le sceret

de le ballrc; que le général Jlernadotlc demoins

dans les armécs frangaises, c'était bcaucoup, et

que si PAnglctcnc el Ja 11ussic voulaient s'cn–

tcndrc avec la Sucde, il pouvait Icur ctrc d'un

irnmcnsc sccours; que Iorsquc Napoléon scrait

enfoncé en Polognc, oú il avait fuilli périi· en

·1807, et oú il aurait péri snns les sCrl'iccs du

génfral llrrnadoltc, il pourrait, lui, princcroyal

de Suc<lc, dcsccnclrc sur le conlincnt avcc trente

millc Suédois, el mC1nc cinqunntc, si

011

lui

clonnait des subsidcs, et qu'il soulcl'crait Loutc

l'Allcmagnc sur les dcl'l'icrcs de l'arméc 'fran-

~aisc.

Pour prix de ce concours, il demandait

non pas la Finlande, qu'il savait nécessairc

it

la

Russie, nrnis Ja Norwégc, qu'il étaitpcu raison–

nablc de laisscr au Danemark, conslanl allié rlc

Napoléon et t1·aitrc

a

la cause de I'Eul'Opc.

Ces confidcnccs, foitcs avcc une incroyable

indíscrétion

a

l'Angleterre et

a

la Russie, avaient

excité unc sorlc de défiance, tant cllessemblaient

étonnanlcs el inspiraicnt peu d'cstimc pour Jcur

autcur. A<lrcssées mCmc au roí de Prusse dans

une cnll'Cl'UC secrete dcmandéc

U

SOO arnbassa–

dcur, clics avaicnt révolté l'bonncteté ele ce

monarquc,

qui

n'avait pas osé nous dénoncer cct

infidcle cnfant ele la Francc, mais nous al'ait

asscz claircmcnt al'ertis rle le surl'eillcr. Quant

nux puissnnces, ou déjíl en gucrre avcc nous

cornmc l'Anglctcrre, ou pretes i1y cntrcr comme

In

Hussic, elles avaicnt ménagé

un

en11emi de

Napoléon, dont clics pouvaicnt

tir.cr

parti, sans

toulefois sefier

u

lui. A fin de se fairc mieux venir

de l'une et de l'aulrc, le nouvcnu princc suédois

avait propasé de se servir de l'ancicnncinOuencc

suédoise en Turquie pom· négocier Ja paix entre

les 'furcs Ct les J\USSCS, et i( Ul'ait lllClllCClltl'C–

pris des négocintions dirigées en ce sens soit

~l

Saint-Pétcrsbourg, soit 1 Constnntinople. Ainsi

ce personnnge si nouvcau sur fo scCnc du monde,

et cnnemi si peu atlendu de la France, s'o!Trait

i1 rapprocl1cr l'Anglcterrc de la Russic, la llussic

de la Porte, et voulait Clrc

a

lout prix le nccud

de tous ces licns, l'épéc de loutcs ces coalitions.

Alcxanclre, dans son systcmc de réscrve, qui

avait pour but , nous rcnons de le dirc, de met–

tre lous les torts du cólé de son adversaire, el

de se tcnir libre de tout cngagcrncnt, afin de

pouvoir jusqu'au dernicr rnorncnt optcr pour Ju

pnix, ne vou!ait se prClcr, ni aux impaticnces de

l'Anglctcrrc,

ni

aux intrigues

ele la Suede,

dont

la

conversion lui semblait lrop rapidc, pour méritcr

confiance. 11 arnit fait uneréllcxion fort naturcllc

el fort simple, c'cst que la rupturc avcc la Franec

une fois consomméc, Ja pnix avcc l'Angleterrc

scrnit l'a!Tai1·e d'unc hcurc; que les conclitions

scraicnt cclles qu'il voudrail; que ses préparalifs

ii

lui étaicnt terminésdcpuisun an, ceux de l'An–

glctcrrc dcpuis dix;qu'un relard de dcux ou trois

moisdnns le rapprochemcnt ne nuirait done pa

11

l'organisation

de

Ieurs moyens, et que quant

a

l'cmploi de ces moycns, il ne serail bien réglé

qu'nu momcnl

mCmc de

1n

gucrre;qu'il n'y nvait

done pns

i1

se pressc1·, et qu'll

vouloir

agir un

pcu plus

tót

on ne gagnernit rien

1

sinon de se

compromcttrc avec Napoléon, et de sacrificr dé-