"56
LIVílE QUAílANTE-TllOISIEME.
rait con9u; rnais Napoléon, il fallail la folie de
l'cnvie dans un pcliL cccur et un petit esprit,
pour qu'il en
ftlt
ainsi! Inresli un momcnL de la
régcncc, co111mc nous l'avons dit, pa1· suite de la
nrnuwtisc snnté du roi régnnnt , puis privé de
ce rólc pnrec que le roi ª"ait craint une trop
grande allérarion des rapports avec la France,
mais restéen scc1·et le principal moteur des af–
faircs,
il
avaiL touL
i1
coup lourné ses
rcgards
vcrs les partis qui ne l'avaicnl pas d'abord appclé
nu Lrónc, vcrs le part.i rmglais,compusé des
co111-
mcr9ants eLdes propriétaires qui vil'aicnt de la
eonLrebancle, vers le parli de l'arislocratic, qui
déteslait la France eL les révolutions, leur di–
sant tout bas ou lout haut, selon les circonslan–
ccs, el prcsquc toujours nvcc une impruclcncc
singuliCrc, qu'il n'cntcndaiL pas Ctrc l'csclave
de Napoléon, qu'il était Suédois et nonFran9ais,
que p'il conrenait 11 la Francc de ruincr laSuedc
en
1n
privant de soncommácc, il ne s'y prCtc–
rait pas, et qu'nvnnt tout
il
songcait
i1
In pros–
péi-ilé de sa nouvelle patrie. Quant 11 ccux qui
l'avaicnt élu, et qui comprcnaicnt lous les amis
de la Frnncc, passionnés pour la révolution de
178!.J,
pou1·
l'ancicnnc grandcur suécloisc, pour
la gloirc des armes, ce qui les avaiL porlés
a
choisir un
général
frangais,
il
lcur
parlait
d'hon–
ncu1•1
de
pntric,
de vaillancc militairc, et, sans
indiqucr ou ni cornrncnl, pro111cttaiL<le les con–
duirc
a
la victoire, el de refairc la grnndcur de
la SuC<le. Flaltanl ainsi lous les pal'tispnl'ie cólé
qui les touchail le plus, il avait cherché aussi
a
se rnpprochcr des légations anglaisc el russe, la
premiCrc
cxistant
el:rndestincmcnl, la sceondc
officicllemcnt
ii
Stockholm , en foisant enlendrc
ü
chacunc ce qui pouvait le mieux lui convenir.
JI avait dit 1 I'unc el l'autrc qu'il élait prct
a
sc–
eouc1· le joug de
la
Francc, que si les principales
puissanccs se décidaicnt i1donncr le signa! il le
suivrnit,qu'il savail le colé fniblc du génic ctdc Ja
puissancc de Nnpoléon, el cnscigucrnit le sceret
de le ballrc; que le général Jlernadotlc demoins
dans les armécs frangaises, c'était bcaucoup, et
que si PAnglctcnc el Ja 11ussic voulaient s'cn–
tcndrc avec la Sucde, il pouvait Icur ctrc d'un
irnmcnsc sccours; que Iorsquc Napoléon scrait
enfoncé en Polognc, oú il avait fuilli périi· en
·1807, et oú il aurait péri snns les sCrl'iccs du
génfral llrrnadoltc, il pourrait, lui, princcroyal
de Suc<lc, dcsccnclrc sur le conlincnt avcc trente
millc Suédois, el mC1nc cinqunntc, si
011
lui
clonnait des subsidcs, et qu'il soulcl'crait Loutc
l'Allcmagnc sur les dcl'l'icrcs de l'arméc 'fran-
~aisc.
Pour prix de ce concours, il demandait
non pas la Finlande, qu'il savait nécessairc
it
la
Russie, nrnis Ja Norwégc, qu'il étaitpcu raison–
nablc de laisscr au Danemark, conslanl allié rlc
Napoléon et t1·aitrc
a
la cause de I'Eul'Opc.
Ces confidcnccs, foitcs avcc une incroyable
indíscrétion
a
l'Angleterre et
a
la Russie, avaient
•
excité unc sorlc de défiance, tant cllessemblaient
étonnanlcs el inspiraicnt peu d'cstimc pour Jcur
autcur. A<lrcssées mCmc au roí de Prusse dans
une cnll'Cl'UC secrete dcmandéc
U
SOO arnbassa–
dcur, clics avaicnt révolté l'bonncteté ele ce
monarquc,
qui
n'avait pas osé nous dénoncer cct
infidcle cnfant ele la Francc, mais nous al'ait
asscz claircmcnt al'ertis rle le surl'eillcr. Quant
nux puissnnces, ou déjíl en gucrre avcc nous
cornmc l'Anglctcrre, ou pretes i1y cntrcr comme
In
Hussic, elles avaicnt ménagé
un
en11emi de
Napoléon, dont clics pouvaicnt
tir.crparti, sans
toulefois sefier
u
lui. A fin de se fairc mieux venir
de l'une et de l'aulrc, le nouvcnu princc suédois
avait propasé de se servir de l'ancicnncinOuencc
suédoise en Turquie pom· négocier Ja paix entre
les 'furcs Ct les J\USSCS, et i( Ul'ait lllClllCClltl'C–
pris des négocintions dirigées en ce sens soit
~l
Saint-Pétcrsbourg, soit 1 Constnntinople. Ainsi
ce personnnge si nouvcau sur fo scCnc du monde,
et cnnemi si peu atlendu de la France, s'o!Trait
i1 rapprocl1cr l'Anglcterrc de la Russic, la llussic
de la Porte, et voulait Clrc
a
lout prix le nccud
de tous ces licns, l'épéc de loutcs ces coalitions.
Alcxanclre, dans son systcmc de réscrve, qui
avait pour but , nous rcnons de le dirc, de met–
tre lous les torts du cólé de son adversaire, el
de se tcnir libre de tout cngagcrncnt, afin de
pouvoir jusqu'au dernicr rnorncnt optcr pour Ju
pnix, ne vou!ait se prClcr, ni aux impaticnces de
l'Anglctcrrc,
ni
aux intrigues
ele la Suede,
dont
la
conversion lui semblait lrop rapidc, pour méritcr
confiance. 11 arnit fait uneréllcxion fort naturcllc
el fort simple, c'cst que la rupturc avcc la Franec
une fois consomméc, Ja pnix avcc l'Angleterrc
scrnit l'a!Tai1·e d'unc hcurc; que les conclitions
scraicnt cclles qu'il voudrail; que ses préparalifs
ii
lui étaicnt terminésdcpuisun an, ceux de l'An–
glctcrrc dcpuis dix;qu'un relard de dcux ou trois
moisdnns le rapprochemcnt ne nuirait done pa
11
l'organisation
de
Ieurs moyens, et que quant
a
l'cmploi de ces moycns, il ne serail bien réglé
qu'nu momcnl
mCmc de
1n
gucrre;qu'il n'y nvait
done pns
i1
se pressc1·, et qu'll
vouloir
agir un
pcu plus
tót
on ne gagnernit rien
1
sinon de se
compromcttrc avec Napoléon, et de sacrificr dé-