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LIVílE QUAllANTE-TílOISIEME.
fait fút bicnlót divulgué. 11 avait écrit en chif–
frcs aux rnaréchaux Suchct et Soull de lui cn–
voyer sur-lc-champ les régimcnLs dils de la Vis–
Lulc, rt'gimcnts cxccllcnl.s. dont il rnulait se
scr\'ir en Polognc. ll av<1itdonné des ordres pour
le rctour immédiat de In jeunc
gnnlc,
cnnlonnéc
enCastillr, et pour cclui des dl'agons, drstinés
á
rcntrcr en Frnncc un cscnclron :1prCs !'nutre.
C'cstce qui explique commcnt en Es¡rngnc, aprcs
avoir tout
fnit
converger sur Valcncc, nvcc la
pcnséc de tout íaire rcfluer ensuitc sur le Por–
tugal, il nvait concentré
so1H.bincmcnt
les forces
disponibles du cóté <le la Castillc, au lieu de les
conccntrcr du cóté du Portugal, de maniCl'c
l¡uc
les Anglais, ayant profiLé du mouvcmcnt vcrs
Valcncc pour prendre Ciudad-Hodrigo, avaicnt
profiLé bientuL apres dn mouvemcnL vers la Cas–
Lillc pour prcndrc Badajoz.
lndépcndammcnt de ces ordres , Napoléon
achcmina vcrs le Rhin, non les détachemcnls de
la gardc qui éLaicnt
il
París mCmc, ce qui ctit
produiL trop de sensation, mais ceux qui station–
naicnt d:ms les environs, tcls, ¡rnr cxcmplc, que
les régimcnts <le la gardc hollandaisc. JI prcssa
de nouveau les achats de chcvaux en Allcmagnc,
lesqucls,
a
son gré, ne s'cxécutaicnl. pns nsscz
vilc, el mit en marche les balaillons d'équipnges
dont l'orgnnisation était achevéc, en lcur don–
mmt
a
portcrdes soulicrs, descaux-de-vic, et en
général des objets d'équipcment. Enfin il cxpé–
dia un prcmicr ordrc de mouvcmcnt
a
l':u·rnéc
d'lialic. Cctlc armée ayanL1 lravcrscr la Lom–
bardie, Je Tyrol, la Bavicrc, la Saxc, pour se
trouvcr en lignc sur la Vistulc avcc Pnrméc tlu
maréchalDavoust, dcvaiL Ctrc en mouvcmcntnu
moins un mois avant les autres, si on voulait
qu'elle ne füt pns en relnrd. Ccpcndant, commc
de loulcs les mesures qu'il avaiL
a
prcndre cellc–
ci étniLla plus frappantc, car on ne pouvail dé–
placcr l'armée d'lialic, l'arracher ¡, ses cnnlon–
ncmcnts pour lui faire parcourir une moilié de
l'Europc, sans un parti bien arrcLé
a
l'égard de
la gucrrc, il s'attacha
it
bien gardcr son sccrct ,
et écriviL dircclcmcnt au princc EugCnccn aynnt
soin d'évilcr l'intcrmédiairc des burcnux. 11 en–
joignit
a
ce prince de disposcr ses divisions :.
Jlrescin, Véronc et Trieslc pour le milieu dcjan–
vicr, nfin qu'ellcs fusscnL prclcs
ti
marchcr vers
la fin du mCmc rnois avcc tout lcur matéricl.
Quoiqu'il les dcmanrl:it en jandcr, il n'y comp–
tait qu'en íévricr, snchant
1
avcc sa grande cxpé–
riencc, que ce n'csLpos lrop que de concédcr un
mois aux rclnrds inévilablrs. 11 avait le projct
de faire partir les troupes d'ltalic vers In fin de ·
févricr, et de n'ébranlcr ccllcs du nrnréch:il Da–
voust que dans le courant de mars, snuf
h
porlcr
rnpiclcmcnt ccllcs-ci sur la Vistulc, si la nouvellc
du mouvcmcnl de l'arméc
d
~lt.alic
nmcnail les
Rnsscs sur
le
Niémcn. Sinon il se proposaiL de
pousscr lcnlemcnt ses colonncs sur la Vistule, 0[1
il ne désirnil pos les avoir avant la mi-avril, ele
les porLer cnsuile 11 la mi-mai sur la Prégcl, et
a
la mi-ju in sur le Niémcn. En mcll.nnt ainsi lrois
mois i1les rnouvoir de l'Elbc au Niérnen, les
hommcs: les chcvilux dcvnicnt nrrivcr sans s'CLrc
foligués, et parvcnir sur le
lhé~\Lrc
de la gucrrc
au complcl de Jcur eíl'cctif et de Jcur éqnipc-
mcnt.
De toulcs ces mesures. la légation russc n'i–
gnora que Je dé¡iart de l'arméc d'ltalic dont le
princc Eugcnc avnit scul la confidcnce, et le
rnppcl des Polonais d'Espagnc
dc~rnndé
par dé–
pcchcs chiíl'récs aux maréch:1ux Soult et Suchet.
Mais ellc connuL loulcs les aulrcs, et c'élait asscz
pour clissiper les dcrnicrs doulcs,s'il avaiL pu en
rcstcr cncorc sur la résolut.ion rlc commcnccr In
gucrrc d:ins la p1-éscnlc annéc '18·12. Le prince
Kournkin en cífet n'cn conserva plus nucun dCs
les prcmicrsjours ele janvicr. Le silcncc évidem–
mcnt volonlairc gardénvcc !ni sur la mission de
M. de Ncssclrodc, In froirleur louL
ii
faiL iausitée
qu'on lui
ª''nit
montréc, et qui contrastnit avcc
les prévcnanccs donL il étaiL ordinaircment l'ob–
jct, enfin toulcs les dispositions dont les bruils
publics suffisaicnt pour ncquérir la connaissancc,
équivalaicnti1la démonstration la plus complete.
Aussi Je prince Kourakin expédia-l-il Je 15 jan–
vicr un courricr cxtraordinairc, pour fairc part
i1sa cour rle !out ce qu'il avaiLappris el observé
lui-mcmc, et lui dédnrcr qu'i1son avis la gucrre
éiaiL résolue, et qu'il fallaiLse préparer sur-lc–
champ
it
la· soulcnir. 11 dcmandait rncmc des
ordrcs pour les cas extremes, pom· cclui par
cxcmplc oii il se vcrraiL obligé de quitter Paris.
PcuL-ctrc sa grande sensibililé aux froidcurs de,
la cour avail-cllc donné plus de vivnciLé
a
ses
convictions ; mnis si son déplnisir pcrsonnel 1.'n–
l'ait porté 11 dirc que la gucrrc élait résoluc, ce
déplaisir n'avait scrvi qu':l
réclaircr, car
il
cst
bien Vl'ai qu'en ce momcnt clic l'élait irrévocn–
blcmcnL.
Quand les dépcchcs du prince Kourakin par–
vinrcnt
i1
Snint-Pétcrsbourg, on élnit cncorc lout
disposé :\ envoycr M, de Nessclrodc
it
Pnris, et
on n'atlcndait que la circonslance déicrminanlc
d'un courricr de Conslnnlinoplc pour ordonncr